Différence de revenus entre anglophones et francophones

Une étude âprement contestée

Charles Castonguay s’est défendu de n’avoir pas voulu dialoguer avec Jedwab, affirmant qu’il a tenté de communiquer avec l’auteur de l’étude, mais que celui-ci a refusé de lui transmettre le document.

Langue et rémunération

Jean-François Villeneuve - Le Mouvement Montréal français (MMF) et le mathématicien Charles Castonguay tirent à boulets rouges sur une étude publiée en mai par le directeur de l’association des études canadiennes (AEC), Jack Jedwab, qui démontrait que les francophones du Québec avaient un revenu plus élevé que les anglophones.
Alors que l’étude dévoilée en début mai mentionnait que le revenu annuel des Québécois francophones s’élevait à 26 400 $ comparativement aux 24 600 $ chez les anglophones, M. Castonguay et MMF, Denis Trudel s’expliquent mal la méthodologie employée, et surtout les données fournies.
« On a utilisé le revenu médian, plutôt que le revenu moyen. Ça fait toute une différence dans les résultats et surtout, ça fausse la réalité », a martelé M. Castonguay, lors d’une conférence de presse tenue mardi matin à Montréal pour dénoncer ce que les organisateurs ont décrit être une tentative de déstabilisation pour affaiblir le Français au Québec. « Jack Jedwab est un menteur et il sait que les chiffres avancés ne sont pas bons ».
Méthodologie différente
Une médiane est un nombre qui sépare également un ensemble de données selon la quantité de ceux-ci, peu importe la valeur de chacun. Ainsi, pour une médiane de 24 600 $, un revenu annuel de 30 000 $ se retrouve dans la même catégorie qu’un revenu de 100 000 $.
Dans le cadre d’une moyenne, on comptabilise l’ensemble des revenus gagnés, pour ensuite diviser la somme par le nombre de travailleurs. Une formule qui donne un résultat très différent de ce que l’étude de M. Jedwab. Ainsi, la moyenne indique un revenu de 32 824 $ pour les francophones et de 36 857 $ pour les anglophones, un écart de 4 000 $ en faveur des anglophones.
Si M. Castonguay affirme qu’utiliser la médiane relève de la fausse représentation, M. Jedwab déclare pour sa part que d’utiliser ce procédé permet d’évacuer des résultats extrêmes, à la fois dans les revenus très bas et très hauts. « Ce qu’on remarque en comparant les deux méthodologies, c’est qu’une minorité anglophone a un revenu disproportionné qui fausse les données et qu’en ce sens, le profil économique des francophones est plus stable ».
Jack Jedwab admet que les deux façons de calculer le revenu ont des avantages et des inconvénients, mais il demeure néanmoins fidèle à l’utilisation de la médiane. Il déplore toutefois la violente réappropriation de son étude par le MMF pour en créer de toutes pièces un débat linguistique, ce qui n’était aucunement son but. « Je trouve ça indigne de leur part de qualifier cette étude de tendancieuse et de faire des attaques personnelles à mon endroit. Je suis prêt à débattre de mes points de vue, mais pas de cette façon ».
Charles Castonguay s’est défendu de n’avoir pas voulu dialoguer avec Jedwab, affirmant qu’il a tenté de communiquer avec l’auteur de l’étude, mais que celui-ci a refusé de lui transmettre le document.
jeanfrancois.villeneuve@24-heures.ca


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé