Une déclaration de Blanchet perçue comme raciste fait débat au Canada anglais

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Le Canada anglais se ridiculise en comparant le Bloc aux jeunesses hitlériennes

 Une déclaration que le chef bloquiste Yves-François Blanchet a faite lors du débat en français de TVA, mercredi soir, a été perçue dans certains cercles du Canada anglais comme un appel au racisme.


Le parti, qui a ensuite partagé l'essentiel de son message sur Twitter, a eu droit à des commentaires qui remettaient en question le choix des mots utilisés. Au Bloc québécois, on dit que M. Blanchet faisait référence aux valeurs québécoises et non pas à l'identité ethnique.


À la fin du débat de TVA, en guise de conclusion, M. Blanchet a mis en opposition ses trois autres adversaires fédéralistes et le Bloc québécois, qui est le seul qui peut «porter la volonté et les demandes du Québec», à son avis.


S'adressant à la caméra, il a dit la chose suivante: «Le 21 octobre, la décision va vous appartenir. Vous pouvez opter pour des femmes et des hommes qui vous ressemblent, qui portent vos valeurs, qui partagent vos préoccupations et qui travaillent et qui travailleront pour vos intérêts. Et seulement pour les intérêts des Québécoises et des Québécois.»


Il a terminé sa déclaration en disant: «Demain vous appartient», qui a aussi fait débat sur les réseaux sociaux. La phrase, traduite en anglais, rappelle la chanson «Tomorrow Belongs to Me» chantée par la jeunesse hitlérienne dans la comédie musicale «Cabaret».


Dans les faits, le Bloc fait référence à la chanson de campagne «Demain nous appartient» du Parti québécois de René Lévesque lorsqu'il a pris le pouvoir en 1976.


Sur les réseaux sociaux, des journalistes et commentateurs anglophones ont débattu de la traduction exacte de «qui vous ressemblent». Certains ont cru comprendre qu'il parlait de l'apparence physique des Québécois, en majorité blancs. D'autres y ont vu un appel à la similarité des idées entre Québécois.


M. Blanchet, qui faisait campagne dans la circonscription de Beloeil-Chambly jeudi, s'est défendu par le biais d'une déclaration écrite.


«Des hommes et des femmes qui se reconnaissent dans le programme et les valeurs du Bloc Québécois, ce sont les gens à qui on ressemble. Ils veulent un Québec prospère, avec une économie verte, laïque, français, accueillant et redevable envers ses aînés», a-t-il affirmé.


Questionné à ce sujet jeudi matin, le chef conservateur Andrew Scheer n'a pas voulu s'avancer sur la déclaration de M. Blanchet, mais a dit que le Bloc a joué sur la «division» par le passé. M. Scheer dit qu'il compte pour sa part continuer de trouver un «terrain d'entente» entre tous les Canadiens.


M. Blanchet, dont le parti monte dans les sondages au Québec, a été la cible de ses adversaires, mercredi soir, qui tentent de freiner sa montée.


Le chef libéral Justin Trudeau a accusé M. Blanchet de vouloir alimenter les dissensions entre Ottawa et Québec parce que, ultimement, le Bloc souhaite réaliser l'indépendance du Québec.


Un argument repris par M. Scheer, qui a dit que le Bloc «est concentré sur les vieilles chicanes et sur le débat sur la souveraineté».


Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a pour sa part dit que c'était «dégueulasse» que le Bloc tente de «créer des chicanes». Il a cité, entre autres, le débat sur le port du niqab lors des cérémonies de citoyenneté en 2015 qui avait plombé la campagne de son prédécesseur Thomas Mulcair. Le Bloc avait exploité cet enjeu pendant la dernière campagne électorale.


«Vous m'accusez tous de faire de la chicane, alors que moi, ce que je propose, c'est que le Québec et le Canada soient de bons amis, égal à égal, selon la grande intuition de René Lévesque, plutôt que des mauvais colocs ou de mauvais coucheurs qui se chicanent», a répliqué M. Blanchet au débat de TVA.