Les autorités ecclésiastiques québécoises et la pédophilie

Une « amende honorable » déshonorante

L’Église doit assumer et reconnaître sa faute dans la plus grande solennité

Chronique de Richard Le Hir

Ces histoires de pédophilie à répétition que l’Église catholique traîne comme autant de casseroles depuis une vingtaine d’années sont en train de miner de façon irrémédiable ce qui demeure malgré tout une grande institution. Certains seront tentés de se réjouir de la voir crouler sous le poids de son hypocrisie et de ses contradictions. Ce n’est pas mon cas.
L’histoire nous enseigne qu’à travers quelques errances graves qu’il ne s’agit ni d’occulter ni de minimiser, l’Église a aussi eu une influence civilisatrice indéniable. Je ne suis donc pas de ceux qui seraient prêts à jeter le bébé avec l’eau du bain, car j’ai de sérieuses craintes que la disparition de cette présence risquerait d’ouvrir la porte à des forces infiniment plus rétrogrades et maléfiques. À cet égard, les États-Unis constituent un laboratoire très instructif, et il ne faudrait surtout pas avoir la naïveté que les choses évolueraient différemment chez nous.
Cela dit, je suis consterné par la réaction de nos autorités ecclésiastiques qui n’ont pas l’air du tout de saisir la gravité de la situation.
Le pire scandale, ce n’est même pas la pédophilie de certains prêtres. Ce genre de situation se rencontre hélas dans tous les milieux. On prend connaissance tous les jours de cas où des personnes en autorité, que ce soient des « coachs » de hockey, des enseignants, des médecins, ont commis des gestes inacceptables envers des enfants.
Le cas des prêtres se situe cependant parmi les plus graves car, ayant « charge d’âmes », la trahison de leur vocation n’en est que plus impardonnable. Mais lorsque l’Église se fait leur complice en les ménageant pour soi-disant « éviter le scandale », ou par « charité chrétienne envers de pauvres pécheurs qui ont aussi droit à la miséricorde », elle trahit sa mission envers ses fidèles. Ça, c’est un autre scandale, infiniment plus grave qu’un cas individuel, car il met en cause toute l’institution
Et plus encore, lorsque l’Église, prise dans le tourbillon des médias, prend enfin conscience de ce qui se passe, on se retrouve en face d’un troisième scandale. En effet, l’Église ne se prétend-elle pas la référence ultime en matière de morale ? Comment se fait-il qu’il soit nécessaire de lui « frotter le nez dedans » pour qu’elle découvre enfin la lumière ?
Dans les circonstances, l’entrevue donnée ces jours-ci par le Cardinal Marc Ouellet, primat de l’Église canadienne, est absolument pitoyable. À l’entendre, l’Église doit faire « amende honorable », le tout dit sur un ton presque badin, comme pour banaliser les faits, et surtout passer vite à autre chose.
D’abord le mot « amende » n’a aucune commune mesure avec la gravité de la faute commise par les prêtres déviants et les dommages subis par les enfants et leurs familles. Ensuite, cette « amende » n’a absolument rien « d’honorable ». On ne peut pas mettre sur le même pied la faute commise de bonne foi pour laquelle une « amende honorable » est parfaitement de circonstance, et l’infamie des prêtres et de l’Église qui trahissent pour les uns leur vocation et pour l’autre sa mission.
Le Cardinal Turcotte, sur un ton beaucoup plus approprié, a parlé du besoin pour l’Église de « demander pardon ». Il faut croire qu’il est beaucoup plus proche de son monde et saisit mieux et l’humeur du moment et la gravité des circonstances.
En fait, au point où les choses en sont rendues, le Pape devrait ordonner rapidement la réunion d’un consistoire extraordinaire de tous les évêques à Rome, au cours duquel il prendrait la tête d’une procession où, tous revêtus de la bure et de la cagoule des pénitents, ils marcheraient en prière en implorant le pardon, depuis la basilique Saint-Pierre au Vatican, jusqu’à celle de Saint-Jean-du-Latran, dans Rome, qui relève du Pape lui-même.
En effet, l’Église doit assumer pleinement et publiquement sa faute dans un contexte empreint de la plus grande solennité. Dans la hiérarchie des rituels de l’Église, ce que je propose serait sérieux et correspondrait à la gravité de l’offense.
Et Benoît XVI, pour ne pas avoir pris suffisamment rapidement la juste mesure de la situation et les mesures correctives nécessaires, devrait comprendre qu’il a, ce faisant, achevé de réduire en miettes ce qu’il restait du dogme de l’infaillibilité pontificale, et démissionner.
Mais n’y comptez pas trop.


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6 commentaires

  • @ Richard Le Hir Répondre

    8 avril 2010

    @ GéBé Tremblay,
    Monsieur Tremblay,
    Je suis le premier à convenir que tous les cas que vous évoquez sont épouvantables et qu'ils doivent être dénoncés avec la dernière énergie.
    Mais il existe tout de même une différence de taille avec le cas du clergé catholique. Aucune des personnes que vous mentionnez n'avait charge d'âme ni ne revendiquait la moindre autorité morale ou religieuse. C'est là qu'il est, le problème !
    Richard Le Hir

  • Archives de Vigile Répondre

    8 avril 2010

    Le Devoir, La Presse, attention... shut ! Pas un mot !
    Pédophilie : un élu UMP des Yvelines, M. Maurice Gutman, piégé par l'émission «Les Inflitrés»
    Piégé par les journalistes de l'émission «Les infiltrés» sur les pédophiles, Maurice Gutman, conseiller municipal UMP du Mesnil-Saint-Denis, chargé d'Internet, comparaîtra vendredi 9 avril devant le tribunal correctionnel de Versailles pour corruption de mineur de 15 ans. Il a été piégé courant février par un journaliste des Infiltrés.
    Cet homme de 64 ans s’est connecté sur un site Internet de chat où il a conversé avec un journaliste se faisant passer pour Jessica, une fillette de 12 ans.[...]
    Maurice Gutman, qui est aussi président du comité local de la Croix Rouge, ...
    http://sarkozyisraeletlesjuifs.blogspot.com/2010/04/mais-non-la-pedophilie-ne-touche-pas.html

    Un amende honnorable de la part de la Croix Rouge et de l'UMP pour ne pas s'être occupé de leur 5% de pédophiles ?
    Et Frédérique Mittérand qui n'est même pas inquieté ! Et toute la gente politique française qui défend Polansky !
    Surtout, ne rien dire.
    Là je parle de NOS journeaux.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2010

    "Une poutre est une poutre, qui que soit la personne dans l’oeil de laquelle elle est plantée."(Richard Le Hir)
    Il me semble que je n'ai pas dit autre chose.
    Je me permet parcontre de souligner le fait que bien que les pédophiles partout en occident représentent 5% de la population, les cas de pédophilie dans l'Église catholique depuis 1950 à 2000 représentent 4% de leur population.
    Considérant que 95% des pédophiles, dans la population, sont des hommes, le 4% dans l'environnement catholique qui est presqu'à 100% des hommes, mérite considération.
    Moi aussi je suis intéressé à nos curés. Mais je suis aussi intéressé à ceux qui s'intéressent aussi à NOS curés. Ceux qui les pointent tout le temps.

  • @ Richard Le Hir Répondre

    7 avril 2010

    Réponse @ Gébé Tremblay
    M. Tremblay,
    Je laisse aux juifs le soin de s'occuper de leurs rabbins.
    Le catholique que je suis de naissance s'intéresse à ses curés.
    Une poutre est une poutre, qui que soit la personne dans l'oeil de laquelle elle est plantée.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2010

    2000 ans, et puis … mourir ?
    C'est la question-débat vue sur Pnyx.com, accompagnée d'une video originale.
    L'Eglise de Rome est-elle mourante ? Vit-elle une très grave crise, mais elle va se rétablir ! N'est-ce qu'une crise de plus ? Ou, non tout va bien, si ce n'est qu'elle est calomniée ?

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2010

    Une attaque en règle contre l'Église catholique qui coincide "mystérieusement" dans la semaine de Pâques !
    Et pourquoi pas une dénonciation de la pédophilie rabinnique pendant la Pessa’h ?
    Non ! Non! Ça serait pas bien, là ! C'est pas pareil, là ! Shut !
    Cessez de lire les journeaux "mainstream".