Une affaire de trop : Serge Dassault rendra-t-il son tablier ?

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À lire absolument, autant pour en savoir plus sur un allié de l'Empire Desmarais, que pour le plaisir de la langue

Sondages après sondages, il semblerait que les Français aient de moins en moins confiance en leurs élus – et ne parlons même pas de la cote de confiance des journalistes… Il est vrai que certains élus ont tout de même de drôles de manières de se faire élire. Tenez, au hasard, Serge Dassault.
Évidemment, le lecteur de droite trouvera que les journalistes ne pointent pas assez leur plume sur les errements des politiciens de gauche ; et inversement. Certes. Mais Serge Dassault est un cas d’école à lui tout seul, n’étant pas exactement le premier venu. Ce n’est pas le pignolo, député du Rouergue, en proie à on ne sait quelle « phobie administrative » et encore moins le branlotin, représentant les Français de l’étranger en Mongolie septentrionale : juste le descendant d’une illustre fratrie ayant beaucoup donné à la France, mais ayant également beaucoup reçu des contribuables de ce pays.
Ainsi, Serge Dassault ne cesse de ronchonner à longueur de colonnes du Figaro – journal dont il est propriétaire –, contre les interférences de l’État dans la libre entreprise, lui qui vit pourtant grassement, pour ses avions, des commandes de l’État, et pour son folliculaire, des subsides gouvernementaux. Bref, libéral quand ça l’arrange et colbertiste quand il le faut bien.
Là, plus prosaïquement, et ce, après ses multiples épisodes judiciaires régulièrement relatés en ces colonnes, le voilà qui s’enferre un peu plus dans les sables mouvants. Logique, 53 millions d’euros en liquide, ça pèse et on s’enfoncerait à moins. Et il n’est pas sûr que la main invisible du marché vienne lui lancer une bouée… Le petit pactole en question, distribué de 1995 à 2002, par son comptable suisse Gérard Limat, l’aurait de plus été par des moyens dignes d’amateurs aussi goitreux qu’unijambistes : « COFINOR me donne un rendez-vous pas trop loin de l’Arc de Triomphe, le livreur me remet un sachet en plastique passe-partout, lequel contient l’argent en numéraire entouré de papier journal. Ce n’étaient que des liasses de billets de cent euros. […] Je ne voyais jamais l’argent puisque j’allais directement au rond-point des Champs-Élysées, siège du groupe. Je montais dans le bureau de Serge Dassault, je posais le sac dans un coin de son bureau et, immédiatement, on parlait d’autre chose. »
Raahhh, les cons ! Pas forcément doué pour vendre ses Rafale, le fils du grand Marcel Dassault l’est encore moins dans les arnaques à la Mimile. Et tout ça pourquoi ? Pour se faire élire à Corbeil. En distribuant des biftons à tout va aux caïds des cités locales, juste histoire qu’ils jouent les rabatteurs de voix. Avant de se faire racketter à son tour, d’où quelques morts dans la ville dont il est l’édile. Dans ce registre et dans les grandes années les plus sombres de Marseille, Carbone et Spirito faisaient figure de lames plus affûtées. La preuve en est que Jacques Deray en a fait un film, « Borsalino »», avec Jean-Paul Belmondo et Alain Delon. Le jour où un ahuri osera un « biopic » sur le vieux Serge, ça risquerait bien de ressembler à « Sim, le roi des bricoleurs »…
Pour l’instant, notre Arsène Lupin en charentaises est protégé par une triple immunité. Son siège au Sénat, son grand âge et le nombre de ses employés ; le chantage au chômage, ça existe aussi. Tant qu’à compter large – d’ailleurs, l’objet de cet article ne barguigne pas sur les biftons –, rappelons cet entretien accordé par Manuel Valls, en 2009, au mensuel Technikart : « Vous êtes élu dans l’Essonne, un département réputé pour être tenu par les “frères” – Serge Dassault, Jean-Luc Mélenchon – et vous avez succédé à un franc-maçon à la mairie d’Évry… » Réponse de Manuel Valls : « Il paraît, j’ai lu ça quelque part. » Sandec ?


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