Un vent d’extrême droite souffle sur l’Occident

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Analyse fondée sur un clivage dépassé





 









Les partis qui flirtent avec l’autoritaris­me et le rejet des étrangers connaissent une popularité inégalée en Occident depuis la Seconde Guerre mondiale, observent des experts en politique. Après le Brexit et l’élection de Donald Trump, voilà que les Français auront probablement à choisir entre un président de droite ou d’extrême droite au printemps prochain.


«Il y a une tendance lourde vers la droite. Et c’est la première fois que la droite extrême est forte comme ça depuis des décennies. C’est ça qui fait peur», avoue George Ross, professeur de sciences politiques à l’Université de Montréal.


Dernier épisode en date: le grand favori de la droite française François Fillon, un ultraconservateur catholique, risque fort d’affronter Marine Le Pen de l’extrême droite lors de l’élection présidentielle de mai 2017. Les sondeurs considèrent que la gauche française a peu de chance de se tailler une place jusqu’à l’Élysée.


Des États-Unis aux Philippines


«La droite libérale et économique a toujours été forte dans le paysage politique occidental. Mais ce qu’on voit monter, c’est une droite différente, basée sur l’identitaire et un discours selon lequel il faut se protéger des autres», explique M. Ross.


Les partis de l’extrême droite européens existent depuis les années 1980, bien qu’ils changent de noms ou de chefs, rappelle Jean-Guy Prévost, de l’UQAM. «Depuis 35 ans, c’est comme si tout le monde se tassait vers la droite, ce qui crée un espace pour l’extrême droite».


«Ce qui m’inquiète, c’est la montée de populistes autoritaires qui sont extérieurs au système politique normal et qui ne sont pas aussi engagés à respecter les règles démocratiques [que les politiciens auxquels on est habitués]», indique Jacob T. Levy de l’Université McGill. C’est le cas en Turquie, en Pologne et même aux Philippines. C’est à eux que Trump ressemble», ajoute-t-il.


«Est-ce que ça va être comme dans les années 1930, avec des dégâts démocratiques? On ne le sait pas», s’interroge M. Ross. La crise économique de 1929 avait en effet nourri la montée du nazisme en Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale.


Contagion


Les experts suggèrent plusieurs hypothèses expliquant la conjoncture favorable aux partis d’extrême droite ces dernières années: le sentiment d’invasion dû à la crise des migrants, la menace terroriste, l’incertitude économique. Bref, des facteurs qui sont liés à la mondialisation.


M. Ross craint d’ailleurs que l’élection de Trump ne vienne leur donner encore plus d’élan. «Si quelque chose marche quelque part, on va l’essayer.»


«Trump a clairement envoyé le signal aux partis d’extrême droite du monde qu’ils ont maintenant un ami à la Maison-Blanche», abonde M. Levy.


Avec ce vent de droite souffle aussi un vent d’incertitude, s’entendent-ils pour dire. «Qu’est-ce que [ces élus] vont faire quand ils vont gouverner? Par exemple, au Royaume-Uni, on n’a encore aucune idée claire de comment ils vont [concrétiser le Brexit]. Ce n’est pas évident de savoir comment ces politiciens vont procéder sans mettre le feu à la maison, souligne M. Ross.


Au Canada et au Québec


Si le Canada de Justin Trudeau semble pour l’instant épargné par la montée des partis d’extrême droite, c’est notamment que notre système électoral ne comprend qu’un seul tour, ce qui laisse moins de chance aux partis marginaux d’émerger.


«Même pour un tiers parti comme le Nouveau parti démocratique (NPD), il est difficile de se tailler une place», illus­tre Jean-Guy Prévost.


Notons aussi que le Canada sort de 10 ans de règne conservateur, contrairement à la France et aux États-Unis.


Reste que certains observateurs remarquent une plus grande aisance à aborder des sujets autrefois tabous, notamment en lien avec l’immigration. Le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ) François Legault s’est d’ailleurs dit à l’aise d’être comparé à Trump.


En dehors du politique, plusieurs signes indiquent que l’idéologie d’extrême droite est en croissance au Québec, révélait Le Journal mercredi. En effet, le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence note une hausse de ces appels liés à des incidents haineux et à l’extrême droite dans les derniers mois. 


COMMENT DISTINGUER LES DIFFÉRENTS MOUVEMENTS ?


Droite libérale



  • Prône le libre marché et la mondialisation.


Droite conservatrice



  • Prône le maintien des valeurs traditionnelles ou catholiques.

  • Prône l’ordre et la sécurité.


Extrême droite



  • Hostilité à l’immigration.

  • Division raciale ou ethnique

  • Attaque des groupes d’individus précis

  • Hostilité à l’Union européenne

  • Hostilité au système politique actuel et à l’ordre dominant

  • Vision autoritariste: un homme fort qui défie les tribunaux et le reste du Parlement.


Néonazis, skinhead et suprématistes blancs



  • Prônent la violence

  • Ne forment pas nécessairement un parti politique, mais vont généralement appuyer les partis d’extrême droite.




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