Pour autant que nous nous soucions de lier les divers éléments ayant pris part à cette formidable trame ayant propulsé la désormais célèbre affaire Michaud, nous devons toujours déplorer un certain statut quo. Toutes choses étant égales par ailleurs, cette affaire nous permet de ressourcer plusieurs élans et de réfléchir à la pérennité d’un modèle national. Qu’il s’agisse de liberté d’opinion, de presse, parlementaire, juridique et dans l’exercice de certaines prérogatives dévolues, le souci de réhabiliter Yves Michaud à l’honneur de l’Assemblée Nationale s’est toujours révélé avec acuité.
Aujourd’hui, il y aura dix ans jour pour jour que la motion fatidique aura jeté l’opprobre sur la liberté de parole, l’exercice d’un droit citoyen et le devoir de révéler aux consciences certaines vérités parfois désagréables. Quelques jours avant cette même motion dont nous connaissons aujourd’hui les conséquences dévastatrices sur l’état des libertés démocratiques québécoises, le citoyen Michaud s’exprimait avec le souci d’expliquer en ses propres termes ce qui pouvait engendrer des mécanismes de minorité de blocage. Peu importe la situation en cours, l’Assemblée Nationale a irrémédiablement erré ce jour-là. Il nous faut œuvrer, chacun à notre manière, au processus de réhabilitation des libertés citoyennes.
En relisant La part de l’autre, livre rédigé par Eric-Emmanuel Schmitt, nous pouvons voir un père dire à son enfant : « Un homme est fait de choix et de circonstances. Personne n’a de pouvoir sur les circonstances, mais chacun en a sur les choix. » Plus que jamais, cette éventualité est déterminante sur une certaine ligne de conduite à suivre. Il y a quelques jours, j’ai signé un texte au ton revendicateur que l’on me prête souvent, portant sur le sujet et dénonçant l’attitude de tout ce qui grouille, grenouille et scribouille. Pour leur part, Amir Khadir et Jean-François Lisée se sont positionnés de façon stratégique sur certains enjeux de l’heure, l’un sur l’opportunité d’afficher l’effigie d’un patriote et l’autre de donner une tribune inédite entre deux parties récalcitrantes. Chacun, à leur manière, affirme par la teneur de leurs choix une posture que dictent des circonstances.
Le journal Le Devoir de la dernière fin de semaine nous a permis de nous livrer à un petit cours d’autodéfense intellectuelle. Quels que soient les faits rapportés, traités et reprochés de part et d’autre, nous ne pouvons conclure de façon probante sans que les diverses parties se commettent davantage. Si la lecture de la Chronique d’une exécution parlementaire nous permet de relancer la nécessité de réhabiliter Yves Michaud, l’Assemblée Nationale ne semble pas prompte à se saisir pleinement de l’onde de choc réalisée au sein de l’opinion publique. L’on prétextera quelque propension au psychodrame ou encore la justesse d’une certaine ligne de conduite actuelle, L’obsession ethnique donne à lire les extraits suivants :
« on tendra l’oreille aux mots qui règnent sur ces choses et qui sont plus aptes à opposer qu’à unir. […] Mais en faisant apparaître l’épaisseur de ce système, ce livre contribuera peut-être à décrisper l’atmosphère en déculpabilisant les uns de n’avoir su trouver les mots pour convaincre, les autres de n’avoir pas même été tentés de tendre l’oreille. »
Chose certaine, Yves Michaud, par la liberté de son discours et la force de ses propos, aura contribué à la libération effective d’une certaine citoyenneté. Nous pourrions avoir le heurt de prétexter que cette liberté ne se soit point répercutée à la nécessaire reconnaissance politique, il n’en reste pas moins qu’elle est une œuvre pionnière dans notre émancipation collective. C’est pourquoi nous devons apporter notre soutien, de toutes nos forces, pour rétablir l’état de cette injustice politique et exiger réparation. Profitons de la présente occasion pour nous recueillir en toute solidarité de cause.
Objet : stade de l’affaire Michaud en phase terminale
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