À leur corps défendant, nos ancêtres ont souvent dû accepter les bassesses de cette confédération canadienne qui leur fut imposée. Mais toujours, malgré les doutes, hardiment, ils ont défriché et semé sur ce sol. Malgré la misère, dignement, ils ont pêché et vécu en ces terres. Malgré le désespoir, fièrement, ils ont labouré et instauré une démocratie parlementaire en ce territoire. De ces aïeux combatifs, nous avons hérité d’une nation prospère, unique fait francophone en Amérique du Nord.
Des siècles plus tard, nous vivons ici, en ces lieux que ces hommes et ces femmes ont défendus à coup d’orgueil et d’attachement à ce territoire traversé par un fleuve majestueux. Nous avons hérité d’une nation à mener à terme. À la merci du vent, cette nation est devenue un peuple qui s’enorgueillie de ses bons coups en même temps de subir son lot d’épreuves. À un peuple qui grandit de par ses revers encaissés et par ses fiertés clamées haut, on reconnait sa grandeur.
À nous de reconnaitre la force acquise face à la morsure de l’hiver puis de surmonter, solidairement, l’embâcle du printemps. Parce que nous vivons depuis toujours au rythme des saisons, nous connaissons la nature à la fois imprévisible mais combien régulée de nos terres. De la Baie d’Hudson au Labrador, notre héritage français s’est enrichi de celui des Premières nations. De la Baie d’Ungava à la frontière américaine, vit ce peuple québécois, dont le cœur bat à la cadence de notre culture, colorée de l’apport de ces gens venus d’ailleurs, qui l’intègrent profondément.
Parce qu’un peuple vit de sa culture, à cœur de journée, le Québec, aujourd’hui encore, s’y abandonne aussi bien qu’autrefois. Nos rêves sont dansés et nos sentiments nationaux sont chantés. Nos travers sont joués sur les planches et nos illusions sont portées à l’écran. Cette soif de partager notre imaginaire collectif illustre diantrement bien la confiance infuse que nous avons du bien-fondé d’avoir, sur la scène mondiale, plus qu’une ombre de nous derrière un autre peuple, mais d’avoir simplement nous, en entier, en vérité.
Face aux multiples illusions déchues de réforme du fédéralisme canadien, la nation québécoise se voit butée à l’impossibilité de gagner, à travers quelques batailles constitutionnelles qui soit, la reconnaissance suffisante pour sortir d’un cadre canadien qui ne nous suffit pas pour atteindre les aspirations collectives que nous entretenons. Guidés par le regard que nous portons sur notre histoire et déterminés par les objectifs auxquelles nous voulons arrimer pour pouvoir vivre au sein d’une société qui se définit par les actions qu’elle pose aujourd’hui, en ayant l’entière liberté de choisir ce qui nous convient véritablement, un choix s’avère inévitable, un jour ou l’autre, que nous devrons alors assumer.
Le rendez-vous a déjà été lancé, la réponse fut manquée. Mais aujourd’hui, comme hier et comme demain, le peuple québécois se retrouve confronté à un gouvernement fédéral qui nous confère le statut de minorité. Mais encore, ce même peuple peut décider de voir plus grand, de voir ce qui lui sied le mieux pour répondre à ses orientations : Le pays québécois.
Alors que le Québec est depuis des décennies dirigé par l’uniformité politique qu’impose le Canada, le pays du Québec, quant à lui, ne pourra que prétendre être l’incarnation de l’exercice pleinement souverain de notre politique, de laquelle découlera des choix qui seront définis en fonction de qui nous sommes, comme citoyens du Québec. Dès lors, nous pourrons nous rassembler autour de la langue française et en faire l’instrument principal de l’intégration à notre nation pour les nouveaux venus que nous accueillerons.
L’ambiguïté de leur adaptation à notre société étant grandement facilitée par le fait d’avoir au sein de notre pays une seule langue officielle nous permettra de concentrer nos efforts à la valorisation de celle-ci, en nos frontières même ainsi qu’à travers la francophonie, par le rayonnement dont nous lui ferons profiter ou encore par un apport financier lorsque nécessaire.
Parallèlement à ces idées qui se situeront au cœur de la société québécoise, il y a ce peuple canadien avec qui, géographiquement et historiquement, nous avons des liens particuliers. Il va de soi que nous croyons au raffermissement de liens privilégiés avec celui-ci suite à notre nouveau statut, celui de voisins. Ce lien ne reposant plus sur la confrontation de deux peuples au sein d’un même pays, nous pourrons nous concentrer sur un objectif commun : Tirer le meilleur de soi-même, chacun dans sa propre perspective, historiquement divergentes, en s’assurant une collaboration basée sur l’entente et qui rapportera à chacun de nous.
Si ce lien sera mis en valeur, il en va de même pour toutes les autres nations de la planète. Notre interaction sera basée sur des fondements, d’abord et avant tout, de respect mutuel et d’entraide, mais pour nous Québécois, ce sera l’acquisition nouvelle de cette opportunité d’afficher, intégralement, nos propres valeurs d’équité, de justice, d’écologie et de pluralisme à travers le concert des voix qui résonne déjà, sans nous pour l’instant.
Il y a une source quasi infinie de raisons pour nous laisser aller à l’optimisme lorsqu’on envisage le pays Québécois. Il faudrait, dès aujourd’hui, utiliser cet optimisme à bon escient. C’est beau rêver à la liberté, encore faut-il être prêt à sacrifier un peu, à risquer un peu plus, à accepter beaucoup. Ce pays, il ne sera pas uniforme, et ce sera en grande partie ce en quoi consistera l’amour que nous lui porterons. Sa diversité assurera des débats continus au cœur de notre nation, qui fera en sorte que jamais l’engourdissement social ne s’abattra sur le Québec.
Si l’on accepte cette vérité, pourquoi ne pas la mettre en pratique dès maintenant? Pourquoi ne pas être prêts, sans repos ni trêve, à se relever les manches et à faire des compromis aujourd’hui? C’est dur, certes, de parler de compromis face à une cause que nous avons si profondément ancrée en nous. Or, peut-être bien que ça en vaut le coup. À telle fin que de raison, l’unité ne peut jamais nuire, nul ne pourrait prétendre le contraire.
Avec les élections à venir je rêve, qu’à front renversé de toute façon, tous ceux qui se veulent artisans de notre pays bien à nous se questionnent longuement : Est-ce que pour travailler à l’indépendance du Québec on peut accepter les différentes visions du projet et garder en tête qu'au final, ce qu’on veut, c’est tous la même chose, c’est ce Québec libre de défendre les véritables valeurs des Québécois?
À l’œuvre on connait l’artisan. C’est à croire que c’est dans un mouvement plus large, plus varié oui, que nous rencontrerons ceux qui place leur espérance par-dessus leur seule conception du voyage à faire. Ceux qui préfèrent une route qui sera inévitablement plus mouvementée, de par les multiples idéaux qui s’y rencontreront, mais qui pourront dire qu’ils l’ont empruntée, cette route, car elle se fonde sur une croyance : Celle qu’à plusieurs, on va plus loin.
Un pays d'abord
À l'oeuvre on connait l'artisan
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1 commentaire
François Ricard Répondre
28 juin 2012Vous rêvez bien, Pénélope...
Vous rêvez de compromis et d'unité. Des milliers de membres de QS, du PQ, de l'ON souhaitent cette unité et sont prêts à faire bien des compromis.
Mais pour ceux qui dirigent ces mouvements, surtout pour ceux qui nous représentent à l'Assemblée nationale, les compromis sont beaucoup plus difficiles à accepter car ils grugent, en quelque sorte, un peu de leur pouvoir et les forcent à accepter de nouveaux paradigmes. Et le changement demeure un exercice toujours accablant et rébarbatif. De plus, nos représentants, beaucoup trop carriéristes, attachent plus d'importance à la satisfaction de leur ambition personnelle qu'au projet de société que l'électorat désire.