La guerre

Un nouveau fléau dont nos pays sont responsables

En notre nom

Tribune libre

En effet, la décision d’aller en guerre avec des armes modernes, sophistiquées et meurtrières comme jamais dans l’histoire humaine, se prend dans nos pays, en notre nom, et sont relayées à l’ONU par des dirigeants qui n’ont de légitimité que celle du suffrage universel. En effet beaucoup de monde conviennent qu’il y a, y compris dans les démocraties matures comme les nôtres, des manques ou déficits qui nient l’expression démocratique d’une large portion de l’opinion. Ainsi, ce qu’on vente propager par la guerre comme démocratie, est déjà atrophiée en partant !
L’OTAN demeure donc un vecteur de guerre dominant. Est-ce que cette organisation espère encore longtemps expliquer ses guerres par une publicité ou un discours politique qui ne semblent avoir de portée que dans les cercles militaristes et leurs diffuseurs ? La population ne semble en effet pas dupe. Une bonne partie de l’opinion publique se méfie des plaideurs en faveur de la guerre.
Les baby-boomers ont commencé leur vie d’adultes alors qu’une bonne partie d’entre eux s’opposaient à la guerre au Vietnam. Les générations subséquentes n’ont connu que celle de l’ex-Yougoslavie. Et celles qui lui ont succédé ont voulu s’expliquer ou se justifier comme contribution à la paix dans le monde : paradoxe que l’on a utilisé abondamment pour la guerre contre un ennemi vague et éternel, le terrorisme.
Mais l’appétit des militaristes, après celle des politiques, ne fait que croître pour de nouvelles conquêtes. Le monde ne connaît presque plus de problèmes pour lequel on n’invoque la nécessité d’une intervention armée : l’émancipation de femmes, la protection des civils, l’extension de la démocratie, la fin d’une famine, … En viendra-t-on à prendre pour prétexte les changements climatiques ? Il faudra que les Conservateurs changent leur vue sur le climat. Ils en sont bien capables.
S’est donc ajouté aux problèmes de l’humanité celui du danger constant d’une attaque de l’OTAN où que ce soit dans le monde. Quand on voit les théoriciens de la « paix robuste », comme Jocelyn Coulon, publier pour grand public des études sur le sujet, on est bien obligé de réfléchir aux instruments idéologiques dont dispose l’Occident au nom desquelles partir en guerre.
Est-ce que cela ne pose pas en même temps un devoir moral aux pacifistes, ou tout au moins aux partisans de la solidarité internationale, de développer des argumentaires qui, répandus dans le public, consolideraient cette mouvante opinion que les complexes militaro-industriels, par la voix politique, tente de biaiser à chaque conflit en faveur du camp de l’agression ?
Il nous faut plus de poids. Du côté des pays indépendants, là aussi on tente, parmi les milieux bellicistes, de faire prendre la tangente de la voie militaires à ces nouvelles forces. Le Tiers-monde, même s’il en va de son développement, n’est pas encore gagné complètement au chemin de la paix. Il y a là aussi des enjeux géopolitiques.
C’est donc un appel aux fortes interpellations en faveur de la paix que je conclue cette réflexion. L’échec de l’Irak à empêcher la guerre ne signifie pas que des ripostes à l’impérialisme du type de celle du Vietnam ne soient impossibles. Les craintes que le mouvement pour la paix ne serve à consolider des dictatures ne doivent pas nous faire oublier la nature des agresseurs et leurs penchants à une domination souvent sans appel. Ne pas accepter que les peuples ne décident par eux-mêmes de leur régime politique conduit souvent à la guerre. Et à un grand crime contre la liberté elle-même. C’est le doit à l’autodétermination des peuples qui est en jeu. Ce que 40 % des Québécois revendiquent pour eux-mêmes. Ne pas tolérer le pluralisme des régimes politiques tient de la prétention de vouloir en imposer d’autres par la force. Ce qui constitue déjà un atteinte à la paix.
Si l’Occident n’est pas ralenti, de nouvelles forces des ténèbres se pointent à l’horizon. Ce sont dans les démocraties comme les nôtres, après la remilitarisation de l’Allemagne, qu’est né le fascisme, pas dans les colonies ou dans d’autres pays qui en ont été victimes.
Comme Québécois, une grande partie de notre peuple, excédé par Charest, méfiant des Conservateurs et appellé au scepticisme envers le NPD, devrait bien se ranger du côté de la paix. Son histoire en est garant. À nous de déployer nos capacités de riposter au discours militariste sur ce terrain politique où il voudrait bien triompher pour le plus grand malheur des peuples de notre petite planète.
Guy Roy


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