Un mystérieux financier lié à la firme de pot que préside Martin Cauchon

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La famille Desmarais proche de la mafia de la marijuana

Un richissime et énigmatique financier installé dans des paradis fiscaux détient pour au moins 8 M$ dans une firme de cannabis administrée par le propriétaire de journaux et ex-ministre libéral Martin Cauchon et par le chroniqueur à La Presse Alain Dubuc.


Des investissements du Français Pierre Caland dans 48North Cannabis Corp – le producteur ontarien de cannabis –, via une compagnie suisse, ont été confirmés au début du mois de juin par voie de communiqué.


Notre Bureau d’enquête a découvert que ce même Pierre Caland est aussi l’investisseur secret qui a misé 3 M$ en provenance des Îles Vierges britanniques dans une compagnie parente de 48North en 2016, Delshen Therapeutics.


En janvier dernier, lorsque nous avions révélé l’existence de cet investissement extraterritorial, les documents publics ne permettaient pas de connaître l’identité de M. Caland, et l’entreprise n’avait pas voulu révéler son nom.


Pierre Caland, à droite, lors d’un événement à Beverly Hills en 2013. Il est en compagnie de sa conjointe Veronica Toub et de Maximilien Desmarais, fils d’André Desmarais et petit-fils de l’ex-premier ministre Jean Chrétien, qui ne sont pas impliqués dans les investissements dans 48North.


Le conseil d’administration de 48North est présidé par Martin Cauchon, l’ex-ministre libéral devenu propriétaire du Groupe Capitales Médias, qui publie notamment les quotidiens Le Soleil, La Tribune, Le Nouvelliste, Le Droit et La Voix de l’Est.


Le chroniqueur à La Presse Alain Dubuc, qui a déjà critiqué le recours aux paradis fiscaux, siège aussi à ce conseil.


En janvier, M. Dubuc avait refusé de nommer M. Caland et affirmait qu’il ne connaissait pas alors le « mécanisme financier » par lequel ce dernier avait investi dans la compagnie.


Nous avons toutefois réussi à obtenir des réponses auprès de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO), puisque l’Autorité des marchés financiers (AMF) nous a refusé en totalité l’accès aux documents.


Investisseur coloré


« L’argent est une source de malheur. » « Je suis pleinement marxiste. » « J’ai fait 100 fois ma mise avec mon premier investissement. » Ce sont quelques-unes des surprenantes déclarations faites par Pierre Caland dans une rare entrevue accordée à la télé libanaise en 2004.



CAPTURE D'ÉCRAN


On voit Pierre Caland en 2004 dans une entrevue à la télévision libanaise.


M. Caland est un homme bien entouré qui dit avoir fait sa fortune en Bourse dans la vingtaine. Ancien employé de la banque d’affaires JP Morgan, Pierre Caland est le petit-fils du premier président du Liban indépendant, Bechara el-Khoury. Il est le fils de l’artiste Huguette Caland, installée en Californie. En 1972, il a fait partie, à l’âge de 15 ans, de l’équipe française de natation du 200 mètres style libre aux Jeux olympiques de Munich.


Caland réside dans un village suisse, Gstaad, décrit comme le « Beverly Hills des Alpes » par la presse suisse (feu Johnny Halliday s’y est installé en 2006).


Paradis fiscaux


Il a été marié au moins deux fois, dont une fois dans les années 1990 avec la top-modèle allemande Nicole Nagel, avec qui il a vécu à Bel-Air, une banlieue cossue de Los Angeles.


Selon nos recherches, quatre entreprises contrôlées par lui sont établies dans des paradis fiscaux (Îles Vierges britanniques, Panama, Suisse et Luxembourg).


Caland a fondé Arabella SA, firme établie au Luxembourg, dans les années 1990 selon Bloomberg. Arabella a été un actionnaire important dans deux entreprises qui ont été reliées par la presse américaine au fraudeur montréalais Irving Kott.


Un document confidentiel cité par le USA Today en 2003 indiquait même que Kott et Arabella étaient liés. Irving Kott, qui est mort en 2009, est décrit comme un maître de la manipulation frauduleuse des penny stocks. Il a eu des liens avec le Loup de Wall Street, Jordan Belfort (incarné par Leonardo Di Caprio dans le film du même nom), et a survécu durant sa carrière à deux tentatives d’assassinat, dont une aurait même été commanditée par la mafia, selon Bloomberg.


Comment M. Caland en est-il venu à investir dans 48North ? Difficile à dire, puisque le principal intéressé n’a pas répondu à nos questions. Joint au téléphone, il nous a demandé qu’on lui envoie une demande formelle par courriel, mais il n’y a pas donné suite.


Plusieurs des plus récents investissements connus de Caland ont été faits dans des petites compagnies aurifères et de gaz de schiste au Canada et aux États-Unis, des penny stocks (actions valant moins de 5 $ US, selon la Securities and Exchange Commission) à la Bourse.


– Avec la collaboration d’Andrea Valeria




► Notre Bureau d’enquête a rapporté la semaine dernière que le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, avait également investi des millions dans 48North via sa société Lune Rouge.