Un Lavallois sur la liste américaine des «terroristes internationaux»

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Les tentacules de l'extrémisme dans nos banlieues

La procédure est exceptionnelle. Deux Canadiens, dont un Lavallois de 30 ans qui serait devenu tireur d'élite en Syrie, viennent d'être ajoutés à la liste américaine des « terroristes internationaux ». Une procédure rarement appliquée par Washington à ses voisins du Nord.
Alors qu'Ottawa estime que 180 Canadiens sont partis grossir les rangs de groupes terroristes à l'étranger, la liste des terroristes internationaux du département d'État américain frappés de sanctions ne comptait jusqu'à récemment que trois ressortissants du Canada. Tarek Sakr, de Laval, et Farah Shirdon, anciennement de Calgary, sont les quatrième et cinquième à s'y greffer.
Le Lavallois de 30 ans passerait son temps en Syrie et en Turquie et serait toujours « activement engagé dans le terrorisme », selon le communiqué du département d'État.
« Tarek Sakr est un Canadien d'origine syrienne qui a suivi un entraînement de tireur d'élite en Syrie et voyage périodiquement en Turquie. Sakr a été lié [...] au Front al-Nosra, la branche d'Al-Qaïda en Syrie », y lit-on.
Prise d'otage
Tarek Sakr fait partie d'une petite cellule de Québécois qui a quitté le Québec vers la Syrie en 2011-2012, avant la proclamation d'un califat par le groupe État islamique, alors que plusieurs groupes aux orientations variées se côtoyaient sur le terrain dans la lutte contre le régime de Bachar al-Assad.
La police canadienne soupçonne aussi Sakr d'être mêlé à la prise en otages de deux journalistes américains en Syrie en 2013 par le Front al-Nosra, qui était alors une branche officielle d'Al-Qaïda, révèlent des documents judiciaires de la GRC obtenus par La Presse l'an dernier.
Les journalistes Matthew Schrier et Theo Padnos ont été détenus et torturés en Syrie à partir de décembre 2012, l'un durant sept mois, l'autre deux ans. Après sa libération, Padnos, originaire du Vermont, a affirmé à des médias américains qu'il avait reconnu l'accent québécois en écoutant parler les preneurs d'otages.
Durant la longue incarcération des Américains, les geôliers ont forcé Matt Schrier à fournir tous ses numéros de comptes bancaires. Après avoir réussi à s'enfuir, en juillet 2013, il a constaté que des dizaines d'appareils électroniques avaient été achetés en ligne avec ses cartes. L'adresse de livraison de l'une des commandes correspondait à la maison des parents de Tarek Sakr, à Laval, selon un document de facturation obtenu par La Presse. Elle était adressée au jeune frère de ce dernier. La commande aurait toutefois été annulée avant la livraison du colis.
Jointe par La Presse hier, la famille Sakr n'a pas voulu commenter l'affaire.
Un Albertain aussi ajouté
Un autre Canadien, l'ancien résidant de Calgary Farah Mohamed Shirdon, a été ajouté à la liste en même temps que le Lavallois. Washington le définit comme un « important combattant et recruteur » du groupe État islamique qui aurait aussi été impliqué dans le financement de l'organisation.
Shirdon s'était notamment fait connaître dans une vidéo de propagande djihadiste dans lequel il déchirait et brûlait son passeport canadien, en plus de menacer le Canada.
L'ajout des deux Canadiens à la liste américaine fait l'objet de discussions entre les autorités canadiennes et américaines depuis l'été dernier.
Des documents secrets largement caviardés obtenus par La Presse grâce à la Loi sur l'accès à l'information révèlent que le ministère de la Sécurité publique a été informé au mois d'août de l'intention des Américains à cet égard. Les États-Unis demandaient alors au Canada s'il avait des «objections majeures». Selon les documents, le gouvernement canadien a soulevé certaines questions, dont le contenu est gardé secret.
« Les États-Unis ont informé le gouvernement du Canada qu'ils avaient l'intention d'inscrire Tarek Sakr et Farah Shirdon. Plusieurs accusations de terrorisme ont été déposées par la GRC contre M. Shirdon en son absence en septembre 2015. À l'heure actuelle, Tarek Sakr ne fait l'objet d'aucune accusation criminelle. Le gouvernement ne peut pas faire de commentaires sur qui ferait ou ne ferait pas l'objet d'une enquête criminelle », a expliqué hier Scott Bardsley, attaché de presse du ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale.
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