Un gouvernement Harper «sous caution» plutôt que des élections (Ignatieff)

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Ignatieff - le PLC et le Québec



«Je ne veux pas renégocier l'accord conclu par mon prédécesseur, mais je ne vais pas voter contre un budget que je n'ai pas lu, répète Michael Ignatieff. La balle est dans la cour de M. Harper.» Photothèque Le Soleil

Simon Boivin - (Québec) À tout prendre, le nouveau chef libéral Michael Ignatieff préfère encore un gouvernement Harper «sous caution» à un déclenchement de nouvelles élections dès cet hiver.
De passage à Québec mercredi, où il s'est entretenu pendant une heure avec le premier ministre Jean Charest, le chef du PLC s'est montré défavorable à la tenue d'un nouveau scrutin à brève échéance.
«Ce n'est pas ma décision, je ne suis que le chef de l'opposition», a-t-il dit en entrevue au Soleil. «Je suis prêt à faire mon devoir, mais je crois qu'il y a deux alternatives préférées. Ou c'est la survivance sous caution du gouvernement Harper, ou c'est un gouvernement de coalition mené par le chef du PLC. Ce sont les deux meilleurs choix à mon avis.»
Le successeur désigné de Stéphane Dion ne s'avance pas sur les mesures qui, par leur présence ou leur absence du prochain budget Flaherty, mériteraient que le gouvernement conservateur soit renversé. Il refuse de s'avancer sur des hypothèses avant d'avoir vu le budget.
Mais il réitère qu'il est prêt à renverser le gouvernement Harper et qu'il n'est pas question pour lui de renier la coalition avec le NPD et le soutien du Bloc. «Je ne veux pas renégocier l'accord conclu par mon prédécesseur, mais je ne vais pas voter contre un budget que je n'ai pas lu, répète-t-il. La balle est dans la cour de M. Harper.»
Même s'il considère que M. Harper a un problème de crédibilité et de confiance, le chef de l'opposition se dit prêt à discuter avec lui, notamment pour connaître la situation économique «réelle» du gouvernement fédéral. Il tient à calmer le jeu, à «baisser le volume» des échanges, parce que la situation l'exige, affirme-t-il.
La nation... dans le coeur
L'universitaire reconnu n'est pas très chaud à l'idée d'offrir à la nation québécoise une reconnaissance constitutionnelle. Il s'engage plutôt à prêcher partout au Canada que l'identité nationale québécoise n'est pas une menace au pays. «Je crois que les Québécois n'ont pas un grand intérêt à ouvrir la boîte de Pandore de la Constitution, dit-il. C'était angoissant et difficile et ça ne s'est pas terminé d'une bonne façon la dernière fois. (...) Il y aurait certainement des Québécois qui pensent qu'il faut mettre ça dans un document constitutionnel. Pour moi, c'est plus important que l'idée d'une identité nationale québécoise soit inscrite dans le coeur des Canadiens.»
S'il n'a «aucune sympathie» pour le projet d'indépendance des souverainistes, il respecte néanmoins le «nationalisme démocratique» du Québec. Bien qu'il doute de l'efficacité du Bloc québécois.
«Il y a des gens qui cherchent l'indépendance du Québec, mais qui le font de façon démocratique, note M. Ignatieff. Des gens qui sont dans la Chambre des communes, qui participent pleinement dans nos débats, qui font une contribution à mon avis pas très utile pour le Québec, mais ils ont le droit d'être là et d'être la voix des Québécois.»
De la sympathie, mais...
Au cours de son déjeuner avec M. Charest, trois thèmes ont plus particulièrement été abordés : la péréquation, des programmes de formation de la main-d'oeuvre à travers l'assurance-emploi et une accélération des investissements dans les infrastructures.
Le Québec craint que le budget fédéral réduise l'argent qu'il reçoit en péréquation. M. Ignatieff dit avoir de la «sympathie» pour la position de M. Charest, qui plaide que le moment est mal choisi pour couper les vivres aux provinces.
«Mais il faut être prudent. Je suis conscient des préoccupations des provinces, mais je ne dois pas penser seulement au Québec, affirme-t-il. Je vais rencontrer d'autres premiers ministres d'autres provinces. Je veux aborder le sujet de façon globale, à l'échelle nationale.»


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