Un goût amer

Tribune libre

J’ai beau réfléchir d’aussi loin que je peux
_ Je n’arrive toujours pas à comprendre
_ Ce qui s’est passé à notre fête nationale
_ Cafouillis que cette fête
_ Je ne parle pas du spectacle ni des artistes, tous très bons
_ Et là n’est pas mon propos.
_ Non je veux parler de la pensée qui s’en dégageait
_ Qui allait dans tous les sens : la fête des québécois d’ici, la célébration d’une nation via
_ La fête de tous les québécois, toutes origines confondues, la fête de l’ouverture à l’autre.
_ Au nom de cette dernière
_ Au nom de l’inclusion
_ On a perdu le fil de notre histoire, le sens de notre combat.
_ Car pour moi cette ouverture sans limites à l’autre
_ C’était, ce soir du 24 juin, notre peur viscérale qui refaisait surface
_ Notre crainte de nous affirmer tel que nous sommes à la face du monde
_ À la face de tous ces immigrants qui habitent chez nous.
_ C’était notre culpabilité qui refaisait surface, celle d’un petit peuple gêné d’être ce qu’il est : un peuple inquiet, en perte de vitesse, à la langue fragilisée, désireux de se faire valoir, d’être aimé de tous. Conciliant encore et encore.
_ Oui, nous sommes ouverts et accueillants, c’est bien et c’est nécessaire mais il y un revers à cette médaille.
_ Cette ouverture à l’autre, c’était du camouflage, du repli dissimulé
_ Du retrait malhabile, c’étai trop de candeur, trop de louvoiement
_ La prestation de Guy A. Lepage n’aidait en rien
_ Il pavoisait en déclarant :
_ « ON AURA LE PAYS QU’ON MÉRITE! »
_ Phrase scandée, répétée à qui mieux- mieux,
_ Archivée dans le grand livre de l’histoire.
_ Le pays qu’on mérite? Mais on le mérite depuis longtemps ce pays! On nous le vole à chaque jour à coups d’argent, de lois, de médias, on nous le casse devant nos yeux. Pourquoi nous culpabiliser de la sorte? Nous rapetisser ainsi, nous faire la leçon du jour.
_ De quoi je me mêle? avais- je envie de répliquer.
_ Oui, de quoi se mêlait-il? Qui lui a attribué ce rôle?
_ Oh peut-être cela en fera-t-il réfléchir plus d’uns! Les forcera-t-il à réagir, à prendre partie pour le pays. Donnons le bénéfice du doute à Guy A, Lepage. Moi je n’ai pas aimé ce style d’animation, ces farces de mauvais goût. La St-Jean est un moment trop sérieux et important pour la confier à un animateur de grande écoute tel que lui.
_ Pourquoi de plus, nous présenter un rappel de Leclerc, Vigneault et Charlebois, si tout s’embrouille par la suite?
_ Chantons en espagnol puisqu’ils sont si nombreux à s’installer ici, puisque Florence K. est une artiste de renommée internationale! Cela je veux bien et je n’ai rien contre cette excellente artiste mais permettez-moi de dire que j’aurais apprécié qu’elle chante en français, par respect et solidarité pour le peuple que nous formons.
_ Certes, notre société a bien changé, personne ne peut le nier. Tant de cultures partagent notre espace commun. Saluons donc tout le monde dans leur langue d’origine, montrons leur notre amour, notre grande ouverture, oui encore une fois, je veux bien… j’en suis… et n’étais pas contre le soir de la fête, c’était plutôt touchant à entendre mais …attention à ce que nous provoquons. Attention à cet accueil sans limites. C’est le piège dans lequel nous sommes tombés à la St- Jean, cuvée 2009.
_ N’est-ce pas de nous qu’il s’agit avant tout? De notre nation. De notre langue. De nos origines. Ce sont nos ancêtres qu’il fallait d’abord saluer. Ce sont nos enfants qu’il fallait interpeller.
_ Quand nous aurons la certitude de notre libération, quand notre présent, notre futur seront assurés, on pourra se permettre toutes les fantaisies du monde mais pas avant.
_ Le 24 juin, n’est-il pas le moment privilégié de faire connaître et re-connaître notre histoire, de célébrer notre langue commune, notre langue publique, officielle. Alors ne mêlons pas les cartes! Pas le soir de la St-Jean en tout cas.
_ Nous n’avions pas non plus, surtout pas, à inviter des groupes anglophones au parc Le Pélican, le 23 juin.
_ Voilà ce que je crois, à tout le moins, telles sont les questions que je me pose.
_ Le discours de Mario Beaulieu, président du Mouvement Montréal Français était sans équivoque. Cela faisait du bien à entendre. Enfin, un qui se lève, qui connait le dossier de la langue, qui ne craint pas de dire le danger qui nous guette : la minorisation de notre langue à Montréal même.
_ Le texte de Suzanne Clément, une belle envolée, sentie et forte( chapeau!) mais bien naïve au fond.
_ Bref un cafouillis d’idées, une mésentente visible sur le fond des choses.
_ Sujet délicat que de parler de cette fête nationale. On nous traite si facilement de xénophobes, de racistes alors que c’est sans rapport avec le cœur qui nous anime.
_ Toutefois, je le dis, tout cela m’a laissé un goût amer.
_ Et vous?
_

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France Bonneau39 articles

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France Bonneau est professeure de français auprès des adultes-immigrant-e-s . (MICC)





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5 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    1 juillet 2009

    C'est qu'en fin de compte, avec le temps, les Québécois sont en train de devenir ouverts à TOUS, et à leurs cultures respectives...
    Sauf ouverts à EUX-MÊMES; À LEUR CULTURE; À LEUR HISTOIRE; À LEUR LANGUE!
    Et carrément, à la défense de leurs propres intérêts!
    Quelle vile, et stupide, soumission que celle-là!

  • Archives de Vigile Répondre

    1 juillet 2009

    M. Gervais:
    Pour répondre à votre appel à l'aide...voici le lien pour voir le discours de Mme Clément:
    http://www.youtube.com/watch?v=fX5yfvuzY9w&hl=fr

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    1 juillet 2009

    Merci madame, j’espérais qu’on dissèque nombreux le slogan : « Le Québec qu’on mérite ». Sous l’article de B. Desgagné, je commentais :
    "Autrement dit, Guy-A, englué dans l’ambiance radiocanadienne, serait-il sincère quand il souhaite à ses congénères comme à tous les nouveaux arrivants « le Québec qu’ils méritent »? (le mérite des désinformés). Suzanne Clément réalise-t-elle ce qu’elle dit, dans son effort de déclamation dramatique, quand elle appelle aux réjouissances puisque « nous ne sommes plus un peuple en devenir, mais un peuple devenu »? (Cirque du Soleil)".
    Que Suzanne ne soit pas politisée, on pourrait le comprendre. Et Guy A., qui s’affiche souverainiste, je me faisais beau joueur ici en proposant que le ton équivoque de son slogan parte d’une sincérité circonstancielle : la bulle radiocanadienne l’empêcherait de côtoyer des Québécois nationalement alertes.
    Cependant, si Guy A est indépendantiste, son slogan est purement vicieux : « Le Québec qu’on mérite », pour plusieurs, ça n’éveille pas la méfiance… Pourtant : évaluer le mérite! Certains ont relevé que le texte de Suzanne était écrit par le PLQ… Le slogan de Guy A. pourrait avoir été pondu par Harper : « Vous avez la Nation que vous méritez »; ou par Ignatieff : « Vous avez le Québec que vous méritez et n’avez besoin d’aucun pouvoir additionnel pour vivre dans le Canada ». Et le mérite des nouveaux arrivants : Vous avez souffert avant d’arriver ici, vous méritez bien ce Québec multiculturel…choisissez votre langue. Welcome, Bienvenus, Bienvenidos qué desean para tomar?

  • Archives de Vigile Répondre

    1 juillet 2009

    La stigmatisations envers les Québécois pour leur donner une image de xénophobes, de racistes, est bien calculée.
    Elle sert avant-tout à créer une barrière entre nous et les communautés immigrantes. C'est à eux que le message est destiné. C'est dans leur psyché que le dogme est implanté.
    Ce que craint et combat le plus l'anglais c'est notre propention au métissage. Nous sommes 40% irlandais et autant écossais et amérindiens et italiens et etc...
    Car le métissage tend à faire adopter la langue de la majorité.
    Si le PQ est réellement de "notre bord", alors il est totalement manipulé et aussi incompétent, car il collabore malgré lui à cette tactique de nos ennemis.
    Comment se fait-il que nous voyons des groupes ethniques "exotiques" bien identifiés dans la parade de la Sat-Jean, mais ne voyons jamais de chars identifiant nos héritages irlandais, écossais, anglais, juifs, etc.. ? Tous ces héritages nous les avons intégrés et francisés.
    Même chose pour la St-Patrick. Notre État devrait financer une parade francophone (Sainte-Patrique) pour les 40% d'entre nous qui partagent cet héritage, afin d'envoyer paître c'elle des orangistes.
    Moi-même, personellement, je suis marié depuis 20 ans à une Polonaise, comme Parizeau l'était (ou l'est encore juridiquement?).
    Lorsque j'ai "souffert" ce spectacle misérable de la Fête Nationale du Québec à Montréal à la télé, je me demandait pourquoi diable ils revenaient encore avec ces mêmes vieilles chansons nationalistes de 60 ans ! Comme si aucun Québécois ne pouvait en faire d'autres ! Comme si elles étaient si sacrées qu'elles ne pouvaient êtres comparées ou mesurées ni même accompagnées.
    Une seule nouvelle création nationaliste en 30 ans ; Dégénération de Mes Aïlleux ! Un chef d'oeuvre qui exprime tellement bien notre situation actuelle. Mais où sont les chansons d'espoir ? Où sont les chansons pour célébrer ce que nous étions et que nous devons revivre ? Comme de nouvelles naissances !
    Alors ne pouvant plus supporter d'entendre cette cacophonie plus indigeste à la minute, je décida de fermer le son de la télé et de me mettre un bon CD de musique polonaise que ma femme m'a fait connaître depuis motre mariage.

    Cette musique polonaise est la musique que je préfère entre toutes.
    C'est la musique que les Polonais ont créé sous l'occupation et la domination soviétique dans les années 50, 60, et 70.
    Vous me suivez ?
    Ils l'ont remanié et actualisé dans les années 80 après la libération du joug soviétique. C'est cette musique que ma femme m'a présenté.
    Je n'avais pas besoin de comprendre les paroles. Je sentais très intensément ce qu'elle transmetait et les battements de mon coeur aussitôt suivaient le rythme. La musique est vraiment universelle.
    Ce sont des paroles en français qui s'imposaient alors dans mon esprit et des images québécoises qui en remplisaient les tableaux. Le message musicale, lui, s'imposait de lui-même. C'était la musique d'un peuple qui voulait respirer et vivre.
    C'est ce spectacle, dans ma tête et mon coeur, que j'ai superposé sur cette catastrophe devant moi sur l'écran.
    Pourquoi ce n'est pas ce spectacle que je voyais devant moi ?
    Pourquoi je ne voyais pas des Polonais chanter ces chansons en français avec des Québécois pour fêter la libération du joug fédéraliste soviétique et anglais ?
    Où étaient les Polonais à cette fête ? Ni la femme de Parizeau, ni la mienne, pourtant indépendantistes.
    La musique polonaise se marie tellement bien avec la québécoise... avec le français, vous serez emportés comme moi.
    Ce ne sont pas les seules. La musique du maghreb est aussi compatible.
    Pourquoi ce métissage est-il évité ?
    C'est pourtant la base de la créativité.
    Les peuples qui se marient par comptabilité et raisonnance.
    Pourquoi le PQ insiste-t'il à nous faire multiculturalistes ?

  • Archives de Vigile Répondre

    1 juillet 2009


    J’ai bien aimé le spectacle de Québec à la Télévision. Guillaume Lemay-Thivierge, le monsieur Emile du Matou d’Yves Beauchemin, a été un animateur sans anicroche, enjoué, festif et amical. Il a été brillant sans se forcer. Les gens de Québec peuvent se compter chanceux.
    Au parc Maisonneuve, les propos de Guy A. Lepage m’ont déplu à un point tel que, comme je ne suis pas masochiste, j’ai assez vite fermé la télévision. J’ai pensé au fabuliste Lafontaine qui a écrit : "Ne forcez pas votre talent, vous ne feriez rien avec grâce." J’ai ainsi manqué le discours de Suzanne Clément que j’aimerais bien lire dans le texte (comment le retrouver : appel à l’aide) parce que la critique de Bernard Desgagné (ici même) est corrosive et je voudrais m’en faire une idée par moi-même.
    Ayant fait lire votre texte à ma conjointe Marcelle Viger, elle me dit de vous féliciter et de vous remercier. En lisant votre texte par-dessus mon épaule devant mon ordinateur, elle a dit plusieurs fois : "C’est exactement ça". Quant à moi, je ne vous connaissais pas mais maintenant vous faites partie de la liste des intervenants sur vigile que je lirai en priorité. Ce qui veut dire que j’espère vous lire de nouveau. J’aime bien Guy A. Lepage. Il est sorti de RBO mais RBO n’est pas sorti de lui. A Tout le monde en parle, ça met du piquant. Mais comme animateur au parc Maisonneuve, votre réaction devant ses propos souligne leur ambiguïté et leur maladresse.
    Comme dirait Réjean Ducharme, le Ier juillet, Canada Day, c’est le temps de le citer quand il écrit : "Parlons du Canada déployons de mornes efforts".
    Michaëlle Jean a fait un éloge aérien de la jeunesse qui est la base d’un "Canada dont nous rêvons encore". Ne voyez-vous pas la menace séparatiste dans le "encore". De Vancouver à Trois-Rivières, non loin d’Hérouxville. En déplorant "l’inaction et l’indifférence". Cette jeunesse qui pourrrait être dérangée par des conflits triviaux et des crises potentielles qui proviendront des nationalistes québécois qui, au nom même des valeurs dont se réclame la gouverneure générale exigent légitimement "justice, equality and freedom" mais de cela elle est volontairement inconsciente.
    Lecture facultative : si vous voulez pratiquer votre anglais
    Message From Her Excellency the Right Honourable Michaelle Jean, Governor General of Canada, on the Occasion of Canada Day
    OTTAWA, ONTARIO
    This year, we are celebrating Canada’s 142nd birthday. I would like to take this festive opportunity to highlight the extraordinary contribution that young Canadians are making to the vitality of our country.
    In every city and every community, from Moncton to Fort Simpson, Rankin Inlet to Montreal, Vancouver to Trois-Rivieres, young people are redefining our world in a spirit of greater solidarity. Here at home and abroad, they are demonstrating compassion, protecting the common good, and working together. Their actions are rooted in a place, a community, but reach much farther in the hope of creating a greater global awareness. They are easing tensions in some of our urban neighbourhoods. They are inventing new languages to express who we are. They are defending our ideal of justice, equality and freedom, at times risking their lives to do so. They are encouraging others to excel, as the world’s youth will demonstrate at the Vancouver 2010 Olympic and Paralympic Winter Games, which will be held in February and March of next year.
    These youth, whom we relegate far too often to the future, as though they have nothing to offer the present, are in fact, day after day, our most powerful antidote against inaction and indifference. So let us salute our youth and stand not behind them, nor in front of them, but with them in our shared desire to explore every possibility between us and in each of our lives. Through them, we will come to embody, within our borders and beyond, the Canada we still dream about, whose full potential we hope one day to realize.