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Le fonctionnaire d'Investissement Québec qui accompagnait depuis deux ans le groupe FerroAtlantica dans le dossier controversé d'une deuxième usine de silicium au Québec, a quitté la société d'État à la mi-décembre et vient d'être embauché comme directeur des finances et lobbyiste par la filiale du groupe espagnol.
Depuis deux ans, il occupait le poste directeur de projet - Europe et Moyen-Orient pour Investissement Québec. Dès le 11 décembre, dans les jours qui ont suivi son embauche, il est devenu lobbyiste pour FerroQuébec qui cherche à obtenir des aides financières de dizaines de millions de dollars, du gouvernement du Québec, d'Investissement Québec et d'Hydro-Québec pour mener à terme son projet de construire à Port-Cartier la plus grosse usine de silicium métallurgique en Amérique du Nord.
Questionné sur le caractère éthique de ce changement de carrière, le porte-parole de l'entreprise Yves Doucet a déclaré à notre Bureau d'enquête que tout a été fait «selon les règles de l'éthique» et que René Sylvestre «n'a jamais participé aux négociations». La porte-parole d'Investissement Québec, Chantal Corbeil, abonde dans le même sens: «Pour nous, il n'y a aucun conflit d'intérêts. Il ne s'agissait pas d'un vice-président, mais d'un "professionnel" accompagnateur de projet. Il n'avait pas de lien avec le ministre», a-t-elle précisé.
Pour l'éthicien René Villemure, la question éthique est clairement posée. Dans un courriel, il écrit au Bureau d'enquête: «l'absence de lien avec le ministre n'est pas suffisante pour conclure à l'absence automatique d'un conflit d'intérêts». Il n'y a pas de doute à ses yeux que René Sylvestre était «plus attrayant» comme lobbyiste pour FerroQuébec «à cause de sa connaissance de l'appareil gouvernemental».
René Sylvestre a refusé toute entrevue tout comme le ministre Jacques Daoust responsable d'Investissement Québec.
Dans la demande qui lui était adressée, nous précisions qu'il était maintenant à l'emploi d'une entreprise dont le dossier «n'est pas complètement ficelé» pour l'obtention de prêts à un taux d'intérêt réduit, de crédits d'impôt et de rabais pour les tarifs d'électricité.
Si le projet est mené à terme, l'usine de FerroQuébec investira 382$ millions à Port-Cartier. Selon certaines informations l'entreprise jongle avec «plusieurs options» que nous n'avons pu confirmer, et dont le montant pourrait atteindre 100$ millions sous forme de crédits d'impôts, de prêts à taux réduit, ou de rabais sur les tarifs d'électricité.
Usine de silicium
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