Affaire Michaëlle Jean

Un député libéral veut restreindre la liberté d'expression

L'affaire de la "reine-nègre" - VLB


Chouinard, Tommy - Québec - Victor-Lévy Beaulieu a lancé "un appel à la haine et à la violence" en traitant la gouverneure générale Michaëlle Jean de "reine-nègre" dans les pages de L'Aut'journal, accuse le député libéral Emmanuel Dubourg.
Cet élu d'origine haïtienne croit que la liberté d'expression devrait être restreinte pour éviter que toute personne ne fasse l'objet de propos "aussi blessants".
Il compare le geste de Victor-Lévy Beaulieu à celui d'une personne qui rentre dans une école armée d'un fusil. "On est tous d'accord pour dire que si quelqu'un dit: "Je prends une arme, je m'en vais à telle école et je vais faire quelque chose", c'est plate. Il y a des mesures pour ça. Mais écrire des propos comme ça, c'est aussi une arme", a-t-il expliqué à la sortie d'une réunion du caucus libéral, hier.
Emmanuel Dubourg croit que VLB a utilisé le terme "reine-nègre" uniquement pour "salir" Michaëlle Jean. Selon lui, les propos de l'auteur ont blessé la communauté haïtienne, le Québec et tout le Canada. Pour les Haïtiens, Michaëlle Jean est "plus qu'une reine, c'est un modèle d'excellence", a-t-il dit.
Des excuses de la part de l'auteur ne seraient pas suffisantes. "Ça doit être quelque chose de plus sévère. Il faut qu'il y ait une action par rapport à ça. Je crois qu'on ne peut pas laisser passer ça sous silence", a-t-il affirmé.
"Je vais voir s'il y a un vide juridique, a-t-il ajouté. On va essayer de trouver une solution pour que quiconque ne soit pas blessé aussi personnellement."
Le Centre de recherche-action sur les relations raciales déplore qu'une poursuite pour discrimination raciale ne puisse être intentée contre Victor-Lévy Beaulieu. S'appuyant sur des décisions de la Commission des droits de la personne, son président, Fo Niemi, estime que les propos ont été tenus dans un "contexte de débat politique", ce qui protège l'auteur.
Des organismes de la communauté noire, dont la Ligue des Noirs du Québec, ont eux aussi condamné la sortie de Victor-Lévy Beaulieu contre Michaëlle Jean. Ses propos "sont non seulement xénophobes, mais aussi empreints de racisme et de sexisme", écrivent-ils dans un communiqué de presse. Ils exigent des excuses de M. Beaulieu et demandent à "l'ensemble de la société civile" de "condamner de tels propos".
Dans le dernier numéro du journal indépendantiste Le Québécois, le cinéaste Pierre Falardeau en remet au sujet de Michaëlle Jean. Il l'accuse de "jouer les rois-nègres au féminin". "Qu'on ne vienne pas nous les gonfler avec les accusations de racisme: le problème n'est pas la couleur de la peau de la presque souveraine, mais ses prises de position politiques tordues et réactionnaires", écrit-il.


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