Il y a deux peurs, la réelle et l'imaginaire

Un chèque en blanc

Tribune libre

La réelle apparaît quand notre vie est en danger. Un tigre nous attaque! Le corps se prépare au combat ou à la fuite. Puis il y a la peur imaginaire, celle que nous côtoyons au gré de nos pensées. Tu as peur en avion? Alors tu imagines l’avion tombant, revoyant les nombreux accidents télédiffusés partout dans le monde. Tu as peur de monter sur une scène? Tu te visualises bafouillant ou amnésique, ridiculisé par la foule. Tu as peur d’échouer à un examen? Tu présumes que le résultat sera catastrophique et que les conséquences seront l’échec.
La pensée est reine. Le corps ne fait pas la différence entre la peur réelle ou l’imaginaire. Le corps se prépare au désastre, d’un côté comme de l’autre.

Adolescent nous quittons tous, un jour ou l’autre, le foyer familial. Mais nous avons peur. Au début surtout, quand on y pense. Allons-nous pouvoir naviguer seuls, trouver un logement décent, un travail payant, subvenir à nos besoins élémentaires, faire nos repas, payer nos impôts et ainsi de suite?
Que fait-on alors?
On en parle. Nos meilleurs amis sont nos confidents et nous rassurent, nous font miroiter le bonheur d’être autonome, de voguer de nos propres ailes. Ils nous expliquent comment trouver un logement, un travail, faire nos impôts et tout ça. On se sent rassuré et on se lance.
« Papa, maman, j’ai trouvé un travail, et je me cherche un logement près du CÉGEP… », ont été mes premières paroles à 17 ans devant des parents interloqués, puis résignés. Quelques mois plus tard, je quittais le nid familial et vivais heureux dans mon nouveau logement.
Voilà! C’est comme ça qu’on devient indépendant!

Cette séparation s’est faite harmonieusement, dans le calme et la compréhension mutuelle et nous nous sommes toujours retrouvés chaleureusement par la suite.

Je comprends les Québécois d’avoir peur de l’indépendance. C’est légitime, car personne ne parle des vraies affaires. On nous offre l’indépendance du Québec comme un chèque en blanc.
Non. Je ne veux pas signer un chèque en blanc, un contrat que je n’ai pas lu!
Qui seront ceux qui nous expliqueront les tenants et les aboutissants de l’indépendance pour que nous n’ayons plus peur?
Qui parviendra à présenter l’indépendance comme une suite logique des choses, dans le respect mutuel avec le reste du Canada et de manière à créer un effet gagnant des deux côtés.
Qui fera en sorte de nous enthousiasmer à l’idée d’être autonomes, d’être maîtres et en contrôle de nos affaires?
Qui nous ramènera le goût et l’importance de notre culture et de notre belle langue française.
Qui arrivera à nous prouver noir sur blanc que notre économie sera prospère.
Qui fera en sorte que nous redevenions fiers d’être qui nous sommes.
Qui?

Les Québécois n’adhèreront jamais à un projet nébuleux!
C’est l’inconnu, et l’inconnu fait peur!

Les Québécois ont besoin d’être informés, rassurés. Nous sommes tous des adolescents par rapport à l’indépendance.
Qui nous rassurera? Qui nous informera?

Il est grand temps!


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