Un bâillon hué à Montréal

Écoles passerelles - Loi 115





Anabelle Nicoud - Le premier ministre a été copieusement hué lundi soir lors d'une manifestation organisée devant son bureau montréalais, avenue McGill College. Plus de 1500 personnes ont répondu à l'appel de la Coalition contre la loi 103 (maintenant loi 115), opposée à l'adoption grâce au bâillon de cette loi qui légalise les écoles passerelles.
«En ce moment à Québec, M. Charest, Mme Saint-Pierre et M. Fournier ne sont pas seulement en train de bâillonner l'opposition, ils veulent mettre un bâillon sur l'avenir du français au Québec», a lancé Mario Beaulieu, président de la Société Saint-Jean-Baptiste, sur la scène installée sur l'avenue partiellement fermée à la circulation.
La loi 115 porte un nouveau coup à la loi 101, estiment les 35 membres de la Coalition - parmi lesquels figurent les centrales syndicales et les partis souverainistes. En effet, la loi 115 permet aux enfants de parents francophones, anglophones ou allophones d'accéder à l'enseignement en anglais après un passage de trois ans dans des écoles privées anglaises non subventionnées (dites «écoles passerelles»).
«Il y a des mesures d'exception de la loi 101 qui ne doivent pas être étendues. On va permettre à des citoyens d'acheter le droit de la contourner, estime M. Beaulieu. Il faut renforcer la loi 101 plutôt que l'affaiblir, surtout dans un contexte de déclin du français à Montréal et au Québec.»
La loi 115 est le «cheval de Troie» de la langue anglaise, craint la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau. «C'est la pire réponse qu'on pouvait fournir au jugement de la Cour suprême (qui a invalidé l'an dernier les dispositions de la loi 104 sur les écoles passerelles)», a-t-elle déploré.
Au cours de la manifestation, les performances musicales ont succédé aux discours. Des slogans tels que «Montréal en français» ou «Les écoles en français» ont été repris en choeur par des manifestants, tout comme des «tabarnak» et «ostie» bien sentis, en écho à certaines affirmations des membres de la Coalition.
Le souvenir du cinéaste et polémiste Pierre Falardeau a aussi été évoqué par le comédien Denis Trudel, porte-parole du Mouvement Montréal français.
Julien Poulin, comédien fétiche de Pierre Falardeau, n'a pas mâché ses mots. «On est un pays français, tabarnak, on a une loi et on l'applique», a-t-il dit aux journalistes, avant de qualifier Jean Charest de «petit être sans envergure».
Pas la dernière manifestation
Parmi les manifestants, qui n'ont pas hésité à sortir leur bâillon pour une minute de silence, flottaient des drapeaux du Québec, mais aussi des affiches personnalisées. «Je me bats pour un pays qui va intégrer ses immigrants plutôt que leur permettre de se canadianiser. Je dénonce le fait qu'on doive écouter des juges qui viennent d'une autre nation», a expliqué Daniel Roy, comptable agréé, un drapeau dans une main, une affiche «Cour suprême de mon cul» dans l'autre.
Cette manifestation publique ne sera pas la dernière de la coalition opposée à la loi, a prévenu Mario Beaulieu. «On veut continuer à se battre contre la loi 103 tant qu'elle ne sera pas abolie. Il y a toute une série d'enjeux sur le français actuellement et il faut se remobiliser pour renforcer la loi 101 et assurer la survie du français», croit-il.


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