Le témoignage de Gérard Bouchard était attendu avec intérêt à la Commission parlementaire sur le projet de loi sur la laïcité. Sans grande surprise, M. Bouchard s’est prononcé d’entrée de jeu contre le projet de loi 21, notamment sur l’interdiction du port des signes religieux chez les enseignants et les directeurs d’écoles.
À titre d’argumentaire, Gérard Bouchard a demandé au ministre responsable du projet de loi, Simon Jolin-Barrette, de prouver que le port du hidjab par des professeurs, par exemple, entraîne l’endoctrinement des élèves.
Or, à ma connaissance, au même titre que les policiers, les gardiens de prison et les juges, les enseignants sont en ligne d’autorité vis-à-vis une classe de la société et, à ce titre, le port d’un signe religieux ostentatoire vient court-circuiter l’autorité laïque qu’ils incarnent par leur profession qui, de facto, les place en ligne d’autorité devant leurs élèves.
Autrement dit, la question de l’endoctrinement des élèves ne fait pas office d’argument prioritaire mais ne fait que signaler une hypothèse possible dans l’exercice de la profession de l’enseignant qui porte un signe religieux… En conséquence, la demande de Gérard Bouchard au ministre de prouver avant d’interdire ne tient tout simplement pas la route face au principe qui soutient que le port de signes religieux est inconciliable avec des postes en ligne d’autorité dans une société laïque.
Les principes d’abord, la mécanique ensuite
Lors de son témoignage à la commission parlementaire sur la laïcité de l’État, le président de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Alain Fortier, a tenu à expliquer les difficultés liées à la mise en application du projet de loi 21. Conséquemment, il a recommandé au ministre de l'Immigration, Simon Jolin-Barrette, de ne pas assujettir les enseignants et les directions d'établissement à son projet de loi.
Autrement dit, M. Fortier, nonobstant ce qu’il qualifie d’un « texte législatif qui ne serait pas applicable dans leurs établissements », ne s’est jamais prononcé sur le fait qu’il était pour on contre les principes du projet de loi tels qu’énoncés dans la proposition du gouvernement.
Toutefois, le président de la FCSQ se permet "bien respectueusement"un conseil au ministre: « Ce qu’on vous dit ici, c’est que la difficulté d’application à ce niveau est que la définition du signe religieux et de ses différentes déclinaisons devient assez subjective. C'est dans ce sens-là qu’on vous invite, bien respectueusement, à bien définir ce que vous entendez par signe religieux [...] pour aider les gestionnaires à encadrer cette loi. »
À mes yeux, il eût été pertinent que M. Fortier se prononce sur les principes qui sous-tendent le projet de loi quitte à déterminer en addenda la mécanique appropriée pour les encadrer, en donnant notamment des précisions sur les signes religieux.
Henri Marineau, Québec
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