Un afro pour Michelle Obama

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On nous impose la question raciale américaine

Je ne suis pas allée voir et entendre Michelle Obama lors de son récent passage à Montréal. Elle semble être une bonne personne, une femme instruite, charismatique, qui s’est bien acquittée de son rôle de première dame des États-Unis, un rôle ingrat pour une femme qui était une avocate réputée avant de devenir la femme de...


De plus, Michelle et Barack Obama forment un couple uni et leurs deux filles témoignent des bienfaits de grandir dans une famille stable et aimante.


Pas Marie Curie


Mais elle n’a pas trouvé le remède contre le cancer, fondé une entreprise qui lance des fusées recyclables, aboli les inégalités sociales, ni même apaisé les tensions raciales dans son pays. Elle inspire, dit-on. Elle inspire les gens qui ont les moyens d’assister à ses conférences, alors que ses propos sur l’éducation seraient plus utiles à des familles de la Petite-Bourgogne ou de Montréal-Nord accablées par la vie.


Pourquoi paierais-je des centaines de dollars pour entendre une grande bourgeoise répéter les mêmes évidences qu’elle régurgite à chacune de ses conférences ? Des propos taillés sur mesure pour son public essentiellement américain, comme en témoigne cette phrase étonnante rapportée par Le Devoir : « Regardez autour de votre table. Si tout le monde est du même genre et de la même race, posez-vous des questions. »


Je n’y manquerai pas, car justement, mon sujet aujourd’hui, c’est le racisme.


Pas des Américains


Je ne peux pas imaginer une seconde qu’un conférencier canadien évoque la « race » des gens devant lui, comme l’a fait madame Obama. La plupart d’entre nous avons été programmés pour être des « daltoniens » de la « race », pour ne pas voir la couleur de la peau de l’Autre.


La question raciale trône au cœur de l’identité américaine. On ne nettoie pas la tache laissée par l’esclavage sur la psyché américaine en 153 ans depuis l’abolition. Même si le Canada a connu l’esclavage, on ne peut comparer les deux expériences nationales. Pas plus qu’on ne peut comparer le racisme systémique américain, englué dans la violence, au racisme canadien, peut-être plus hypocrite, mais moins mortel.


Mais voilà, l’antiracisme à l’américaine monte vers le nord tel une colonne d’insectes agressifs, pour imposer partout la confrontation comme solution au racisme. Sous la peau, nous ne serions pas tous pareils, finalement.


Il vaudrait mieux combattre le racisme par le racisme ? Privilégier la vengeance, et non pas la justice ?


Cet antiracisme repose sur la reconnaissance et le respect de la « race » de l’Autre en fonction des discriminations subies pour mesurer et comparer les degrés des victimisations. Comment un calcul des torts peut-il mener à l’harmonie raciale ?


Mais que sais-je ? Je ne suis qu’une privilégiée – la couleur de ma peau le confirme – qui ne peut comprendre le racisme. Peut-être, mais je sais que c’est mal.


Retour à Michele


Vous savez ce qui m’énerve chez Michelle Obama ? Ses coiffures toujours lisses et structurées comme celles des blanches. L’auteure Chimamanda Ngozi Adichie a écrit que si Michelle Obama portait ses cheveux au naturel, afrostyle, son mari n’aurait jamais été élu.


Je pense que c’est ça du racisme.