Un 1er mai sous tension

Le Pen et Macron jettent leurs dernières forces dans la bataille

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54 % des Français estiment que MLP fait une meilleure campagne que Macron






« Ni Macron ni Le Pen ! », le mot d’ordre a résonné de République à Nation. À Paris, à six jours d’une élection présidentielle historique qui oppose Emmanuel Macron à Marine Le Pen, c’est en ordre dispersé et dans une cacophonie certaine que les syndicats ont défilé dans la capitale. Si, pour certains, il fallait faire « barrage » à la candidate du Front national, pour d’autres, il n’était pas question de choisir entre elle et l’ancien ministre socialiste, qui n’entend pas reculer sur l’assouplissement des lois du travail.


 

« Ni peste ni choléra », pouvait-on entendre dans un cortège, où le nom de Marine Le Pen était plus souvent conspué que celui d’Emmanuel Macron.


 

Avec seulement quelques dizaines de milliers de manifestants, ce 1er mai 2017 n’aura donc rien eu à voir avec le 1er mai 2002, alors que des centaines de milliers de personnes avaient foulé le pavé en soutien à Jacques Chirac contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle. Dans le monde ouvrier, qui a massivement voté pour les candidats protestataires Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, il n’y a pas de mot d’ordre unitaire à l’occasion de cet entre-deux tours.


 

Entre les places de la Bastille et de la Nation, des militants d’extrême gauche s’en sont pris aux policiers à coups de cocktails Molotov, blessant six d’entre eux dont un qui a été gravement brûlé au visage. Des incidents aussitôt dénoncés par Marine Le Pen sur Twitter : « C’est cette chienlit et ce laxisme que je ne veux plus voir dans nos rues. »


 

Sortie de l’euro reportée


 

À Villepinte, au nord de Paris, devant une salle à moitié pleine, celle qui a donné le ton de cette première semaine de campagne d’entre-deux-tours s’est présentée en candidate de la nouvelle coalition qu’elle a formée vendredi avec le gaulliste Nicolas Dupont-Aignan, dont elle veut faire son premier ministre. Une coalition qui l’amène à infléchir son discours pour en exclure toute sortie rapide de l’euro avant une période de négociation. Marine Le Pen parle maintenant d’un passage de la monnaie unique à une monnaie commune, comme l’écu qui avait servi, avant l’euro, à contenir dans certaines limites les fluctuations des taux de change entre les pays européens. Marine Le Pen a peint Emmanuel Macron en candidat de la finance partisan d’une mondialisation sauvage. Elle s’est présentée comme la candidate « de la France qui se lève tôt » et une présidente qui traitera « avec respect les étrangers qui s’installent dans notre pays en respectant ses lois » [l’AFP a révélé en soirée que Marine Le Pen a « plagié le 1er mai au moins quatre passages d’un discours prononcé mi-avril par François Fillon »].


 

Très critiqué par son ancienne famille politique de droite avec laquelle il avait rompu en 2008, Nicolas Dupont-Aignan a célébré « la réconciliation à Villepinte de tous ceux qui croient en la France ». On estime que ce ralliement, contesté dans son propre parti, pourrait convaincre d’anciens électeurs déçus de François Fillon de voter pour Marine Le Pen.


 

Macron rassembleur


 

Quatre heures plus tard, dans une salle où il y avait autant de drapeaux européens que de drapeaux français, Emmanuel Macron a lui aussi tenu sa dernière grande assemblée de campagne. Au premier rang, on notait la présence de deux ministres socialistes, Jean-Yves Le Drian (Défense) et l’ancienne candidate socialiste à la présidence Ségolène Royal (Environnement), ainsi que de l’ancien maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë. Malgré les nombreux ralliements survenus cette semaine, aucune personnalité de droite n’était au rendez-vous.


 

Emmanuel Macron a prononcé un discours rassembleur. « Depuis une semaine, notre pays est engagé dans une mutation profonde, a-t-il déclaré. Le paysage politique que nous connaissons depuis tant et tant d’années s’est évanoui sous nos yeux en quelques heures. » Évoquant la colère qui s’est exprimée dans cette élection, il dit vouloir gouverner « pour les gagnants comme pour les perdants » et être le président des « sans-droits », des « sans-grade » et des « oubliés ».


 

Celui qui définit la France comme « un projet » a opposé « une France forte dans une Europe qui protège » à une « France recuite de haine ». Toute la semaine, le favori de cette élection a multiplié les commémorations évoquant l’extrême droite, visitant tour à tour le mémorial de la Shoah, à Paris, et Oradour-sur-Glane, lieu d’un carnage effroyable commis par les Waffen-SS.


 

Emmanuel Macron s’en est aussi pris à ceux qui stigmatisent les musulmans : « Jamais je n’accepterai la division du pays. Jamais je n’accepterai que les Français qui croient en l’islam soient insultés parce qu’ils croient en l’islam. »


 

AECG réexaminé


 

Fait nouveau, le favori de cette présidentielle dit « entendre les doutes » de ceux qui s’opposent à l’accord de libre-échange signé par le Canada et l’Union européenne (AECG) et qui devra être ratifié par la France. Pour cela, il nommera une commission d’experts et de scientifiques qui en examinera les conséquences environnementales et lui fera rapport.


 
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