IDÉES

Trump n’est pas le fou qu’on pense

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La vieille recette des égoïsmes nationaux






Derrière les propos excessifs et parfois incendiaires du président Donald Trump se dessine, en filigrane, une politique cohérente, pragmatique mais hégémonique, axée sur une stratégie d’éclatement des grands ensembles économiques (libre-échange nord-américain et transpacifique, Union européenne) et de réaménagement des alliances sécuritaires (OTAN, possiblement NORAD). Le président veut avoir les coudées franches et monnayer la protection que les États-Unis octroient à leurs alliés non seulement en termes financiers, mais aussi sous forme de conditions économiques et politiques favorables aux intérêts américains. C’est le retour au rapport de force classique des grandes puissances du XIXe siècle, quand les puissances européennes se partageaient des zones d’influence en Europe et dans le monde. Sauf qu’aujourd’hui, et à la différence du XIXe siècle, où les puissances s’équilibraient plus ou moins, les États-Unis sont la superpuissance inégalée en forces militaires, économiques et technologiques.


 

Quand il parle du Brexit, M. Trump semble exulter. La divine surprise ! Et il en rajoute en prédisant que d’autres pays européens suivront. Pourquoi ? Parce que l’Union européenne est le seul ensemble économique capable de rivaliser avec les États-Unis. À cet égard, le Canada et le Mexique sont des États dont on peut exiger beaucoup et à moindre coût. Toute autre est la configuration européenne, forte d’un marché de près d’un demi-milliard d’habitants et d’une économie grosso modo performante. Négocier bilatéralement avec un pays de la zone euro est, pour les États-Unis, infiniment plus avantageux que de négocier avec le bloc euro : c’est un rapport de fort à faible, et les États-Unis sont les plus forts. Idem avec le Mexique ou le Canada ou la Chine, etc. Dans tout état de figure, le bilatéralisme est la voie choisie par Trump pour réaffirmer la suprématie américaine.


 

Le cas russe est intéressant : Poutine peut élargir sa sphère d’influence au Levant et en Europe de l’Est, il ne saurait en aucun cas rivaliser avec les États-Unis sur les plans économique et technologique. Pour Trump, et à terme, la Russie ne peut être une menace. Mieux : la Russie a besoin des États-Unis pour améliorer son économie et se mettre au diapason des puissances scientifiques (États-Unis, Japon, Europe, Corée du Sud). Nous avons dit que Trump est un pragmatique, il raisonne en termes de gains et de pertes : il était contre l’invasion de l’Irak en 2003 non pour des raisons géopolitiques ou idéologiques ou par amour des Arabes, mais parce que cette guerre n’apporterait aucun gain et infligerait beaucoup de pertes financières, militaires et politiques. Il n’avait pas tort, son sens des affaires ayant coïncidé avec sa vision pragmatique des choses. Donc Poutine est fréquentable, puisqu’il est faible par rapport aux États-Unis et que sa coopération pourrait être bénéfique en Europe et en Asie (face à la Chine notamment).


 
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