OLÉODUC

TransCanada Pipeline: une pluie de chèques sur le Québec

Denise Proulx - agence QMI

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Des pinottes et du mépris

TransCanada Pipeline verse de 500 à 1000 $ aux propriétaires terriens qui sont dans la mire du tracé de son projet d’oléoduc, qui doit traverser une dizaine de régions du Québec.
Loin de se satisfaire de ce chèque, le milieu agricole veut obtenir des compensations plus généreuses et éventuellement des redevances annuelles de la part de la compagnie albertaine.
Commencé en avril 2013, des visites quotidiennes chez les propriétaires terriens du Québec et des rencontres avec les municipalités sont tenues dans un esprit d’engager un dialogue transparent avec les communautés, a soutenu Philippe Cannon, le porte-parole du projet Énergie Est de TransCanada Pipeline.
«On donne de l’argent aux agriculteurs pour compenser les désagréments causés par les équipes qui font des relevés topographiques sur leur terrain. C’est la même somme de 1000 $ pour tous. Mais si nous ne pouvons pas y déplacer de la machinerie, c’est 500 $», a-t-il confirmé. L’entreprise refuse de dévoiler le nombre de chèques émis et le montant versé à ce jour.
Mécontentement agricole
Dans des régions, comme les Laurentides, Lanaudière et en Mauricie, les agriculteurs pensent déjà plus loin que le tracé et se regroupent pour mieux revendiquer leurs droits.
Producteur de grandes cultures céréalières biologiques de Sainte-Anne-des-Plaines, Michel Gauthier n’a pas encore dit oui au chèque de TransCanada Pipeline. Il veut faire modifier le tracé suggéré pour éviter que celui-ci ne coupe 14 de ses 23 terres en deux. Et il juge légitime d’être rémunéré adéquatement pour ses pertes et inconvénients.
«J’aurai plein d’embûches qui me seront imposées sur mes terres. Il faudra les aviser pour tous les travaux que l’on exécutera alors qu’eux, ils pourront faire ce qu’ils veulent», a dénoncé le producteur qui travaille avec huit autres membres de sa famille.
Des producteurs agricoles et forestiers de la Mauricie n’apprécient pas non plus les contraintes que ce pipeline ajoutera à leur entreprise. «On vient nous enlever des droits de production et on ne nous compense pas pour les pertes de rendement découlant des travaux», a renchéri Martin Caron, producteur laitier et président de l’UPA Mauricie.
Il rappelle que des producteurs qui ont accepté l’installation du gazéoduc de TransCanada Pipeline sur leurs terres ont connu plusieurs années de rendement médiocre, avec le compactage et la destruction de la structure organique des sols qui ont été grugés pour l’enfouissement du pipeline.
De leur côté, des propriétaires forestiers ont eu le sentiment d’avoir perdu leur droit sur des lots à bois. Les espaces déboisés ont été notamment envahis par les motoneiges et les tout-terrains. «On passe sur nos terres comme si c’était à tout le monde. Il y a beaucoup de frustration chez nos gens», a souligné Martin Caron.
«Il y a plusieurs questionnements et inquiétudes environnementales. Les producteurs poussent très fort pour que la compagnie demeure responsable de ses infrastructures à la fin de vie de son pipeline», de poursuive Charles Bergeron, chargé du dossier à l’UPA de Lanaudière.
Des redevances annuelles
En plus de compensations plus généreuses, les producteurs agricoles entendent réclamer des redevances annuelles. Dans la région des Laurentides, ils ont le soutien de certains maires, dont celui de Sainte-Anne-des-Plaines.
« Le risque zéro n’existe pas. Nous voulons une hausse des normes de sécurité. On en est aux premiers pas et rien n’est encore attaché. C’est le temps de réfléchir à ce qu’on veut», de dire le maire Guy Charbonneau. Son conseil municipal adoptera cette semaine une résolution de soutien aux producteurs agricoles de sa localité de 14 000 résidents, qui accueille aussi un pénitencier fédéral à sécurité minimale.
L’UPA Mauricie prépare une journée thématique sur la question. La cinquantaine de producteurs des Laurentides et de Lanaudière ont aussi chacun formé un comité de travail pour solidifier leurs demandes.
«Dans 50 ans, on ne veut pas que nos enfants nous disent que nous avons laissé partir de bonnes parcelles de terres pour des peanuts», a souligné Michel Gauthier.


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