Syrie: sous les bombardements, les jihadistes courent puis disparaissent

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Les djihadistes pris en étau entre les milices soutenues par les Américains et l'armée syrienne

BAGHOUZ, Syrie — «On les voit courir dès qu’ils sont pris pour cible puis, tout d’un coup, ils s’évaporent, comme s’ils disparaissaient sous terre» : dans leur ultime réduit en Syrie, les jihadistes assiégés se cachent comme ils peuvent, raconte un combattant des Forces démocratiques syriennes (FDS).


Cela fait plusieurs semaines que les combattants antijihadistes des FDS essaient, avec le soutien aérien d’une coalition internationale dirigée par les États-Unis, de conquérir le dernier bout de terre encore aux mains du groupe État islamique (EI), dans le village de Baghouz aux confins orientaux de la Syrie.


Mais la présence encore de nombreux civils, surtout des familles de jihadistes étrangers, dont des dizaines de milliers ont déjà quitté le réduit et ont été évacués vers des camps de déplacés, a ralenti les opérations.


Tunnels


La progression des combattants kurdes et arabes des FDS a aussi été freinée par la résistance des jihadistes qui se terrent dans des tunnels souterrains.


Après le bombardement aérien d’un pont détruit sur la rive orientale du fleuve Euphrate, des hommes, probablement des jihadistes, se déplacent rapidement à l’intérieur du réduit.


Ils courent se réfugier entre les voitures abandonnées et les tentes de leur campement de fortune, avant de disparaître.


Combats intenses et violents


L’eau du fleuve est calme, sauf quand un obus y tombe par erreur. Les combats sont intenses et violents depuis dimanche soir.


Sur une colline surplombant le secteur jihadiste, des combattants FDS sont en état d’alerte, prêts à tirer.


D’autres surveillent de près, à l’œil nu ou avec des jumelles, les mouvements dans la petite poche jihadiste.


«Là, là, près de l’arbre, près du pont», crie un combattant. Un autre, Chorfane, ouvre alors le feu, tire une rafale.


Quelques minutes plus tard : «regarde regarde, ils se cachent entre les roseaux près du fleuve», crie un troisième.


À quelques mètres de là, assis sur un véhicule surmonté d’une mitrailleuse, un combattant souffle sur sa cigarette et tire en direction du campement jihadiste.


À quelques pas, deux combattants portent des obus qu’ils ont sortis de caisses en bois. L’un d’eux tire, l’autre va voir, sur le bord de colline, s'il a atteint son objectif.


«On les a assiégés, ils ont attaqué nos forces. On utilise désormais tout type d’armes contre eux», explique à l’AFP un commandant se présentant sous le nom de Hiwa, coiffé d’un keffieh vert. «Ils se dirigent vers la fin, beaucoup d’entre eux ont été tués et d’autres blessés».


«Se faire tuer ou se rendre» 


Depuis la colline, on entend les combats sans arrêt. Les FDS se sont emparés de plusieurs bâtiments et tentent de faire reculer les jihadistes, resserrant encore davantage l’étau sur eux.


Depuis leur position, les FDS aperçoivent des femmes en noir fuyant les points bombardés.


Selon de nombreux combattants des forces antijihadistes, des femmes participent aux combats aux côtés de l’EI et certaines se sont même fait exploser.


«Halte au feu, halte au feu, il y a des enfants, laissez-les passer», crie sur le front un combattant pour faire cesser les tirs à l’arme automatique de ses camarades en direction du camp.


«On peut voir des civils, des femmes et des enfants des familles de jihadistes, sortant du campement et se dirigeant vers nous les mains levées», explique Hiwa.


Depuis le sommet de la colline rocheuse surplombant le réduit jihadiste, les flammes sont visibles et des colonnes de fumée s’élèvent de plusieurs endroits du campement.


Sur la rive gauche, les forces du régime occupent des bâtiments à moitié ou complètement détruits, au milieu d’étendues verdoyantes.


«Dans tous les cas, les jihadistes sont tous assiégés, ils ne peuvent pas traverser le fleuve, car le régime est là-bas et ils ne peuvent pas non plus s’approcher de nous», explique Hiwa.


«Ils sont désormais au milieu, ils ne peuvent plus fuir. Soit ils se font tuer soit ils se rendent».




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