Syrie : le «massacre» de Hama dévoilé

Double distorsion des faits à des fins de propagande

Depuis le début des printemps arabes, les médias évoquent régulièrement le « massacre » commis par l’Armée arabe syrienne dans la ville de Hama en 1982. Ils présentent cet évènement comme une première tentative avortée de soulèvement populaire contre le « régime des Assad ». A l’occasion de la date anniversaire de ce tragique épisode, il convient de mettre en lumière quelques faits.


Un soulèvement antérieur à 1982


Dans les années 70, une organisation connue sous le nom d’ « Avant-garde Combattante des Frères Musulmans » voit le jour. Son fondateur Marwan Hadid, avait pour objectif de renverser le gouvernement syrien par la « voix du jihad ».


Rifaat al-Assad (frère d’Hafez Al-Assad) est accusé d’avoir organisé le « massacre » de Hama. Il donne dans la vidéo qui suit sa version des faits concernant la fondation de ce mouvement « jihadique ». De nombreux noms et détails y sont mentionnés quant aux appuis et agissements de l’Avant-garde Combattante des Frères Musulmans depuis sa fondation par Marwah Hadid jusqu’au tragique événement de Hama en 1982. On y apprend comment cette organisation excommuniait et avait recours au meurtre bien avant la révolte de Hama en 1982.



Attentats et assassinats « islamistes » antérieurs au « massacre » de Hama


Avant même février 1982 (date du « massacre » de Hama que certains médias imputent l’armée syrienne), de nombreux assassinats et attentats ont été revendiqués par l’Avant-garde Combattante des Frères Musulmans. En voici quelques-uns :


– 16 février 1976 : Assassinat du commandant Muhammad Ghorra.


– 16 juin 1979 : Massacre de l’Ecole d’artillerie d’Alep (entre 50 et 83 morts).


– 26 juin 1980 : Tentative d’assassinat du Président de la République Arabe Syrienne Hafez al-Assad alors qu’il recevait officiellement le Président du Mali.


– 5 octobre 1981 : Exécution de deux experts soviétiques.


– 29 novembres 1981 : Attentat à Damas faisant 175 morts.


La révolte de Hama : une bataille militaire étrangement pacifique


Le premier élément à mettre en lumière est que la révolte de Hama n’était pas un soulèvement pacifique mais une attaque militaire. Ce point, généralement occulté aujourd’hui était pourtant revendiqué par les membres de l’Avant-garde Combattante des Frères Musulmans et confirmé par les médias de l’époque comme en témoigne cet extrait vidéo (de 6:55 à 8:46) :


 


Une révolte démocratique ?


On peut également noter qu’après leur défaite à Hama en 1982 face à l’armée syrienne, certains membres de l’Avant-garde Combattante des Frères Musulmans ont rejoint les rangs d’Al-qaïda. Selon Haytham Manaa, actuel opposant syrien et donc au-dessus de tout soupçon de complaisance à l’égard du clan Assad, certains des « révolutionnaires » de Hama ont quitté la Syrie après leur défaite en 1982 pour plus tard devenir des proches d’Oussama Ben Laden. C’est notamment le cas d’Abdallah Azzam, Abou Mouss’ab As Soury ou Abou Khaled Al Soury (voire : http://www.elcorreo.eu.org/L-avant-garde-combattante-des-Freres-Musulmans).


En 2011, un des anciens membres de la confrérie se permettra par ailleurs d’appeler Israël à l’aide dans le conflit opposant les Frères musulmans au pouvoir syrien. Il demandera également une intervention militaire étrangère comme en témoigne cette vidéo (de 06:42 à 8 :47) :


 


Deux versions médiatiques d’un même soulèvement


Il est donc intéressant de noter que concernant les soulèvements de 1982 comme ceux de 2011, les médias dominants vendent deux versions des faits selon le public visé. La première consiste à faire passer au public européen un soulèvement armé et islamiste pour une contestation pacifique et démocratique. C’est par exemple ce qu’a tenté de faire la réalisatrice du documentaire « Syrie, dans l’enfer de la répression ».


Une contre-enquête diffusée sur le site d’Egalité et réconciliation avait alors dénoncé cette supercherie en 2011. Cette contre-enquête et ce site montraient (bien avant que les médias dominants ne le fassent) la présence de groupes armés takfiris au sein de l’opposition syrienne (voire cette vidéo de 12 :36 à 24 :26).


 


La deuxième version des faits consiste, via les chaînes satellitaires du Golfe, à présenter à un public arabe et musulman les événements comme une répression organisée contre tout musulman de confession sunnite. Une version encore une fois facilement démontable comme le montre ce rassemblement pro-Assad à Alep (plus grosse ville syrienne majoritairement sunnite) dans la vidéo qui suit (à partir de 10 :10).


 


Cette double distorsion des faits permet d’une part de justifier auprès des citoyens européens ou américains l’ingérence des Etats occidentaux dans ces conflits que ce soit sur le plan du financement, de l’approvisionnement en armes, de l’entrainement ou de l’acheminement de combattants.


Elle permet d’autre part de mobiliser un certain nombre de candidats au jihad au sein des communautés musulmanes de différents pays.


Quoiqu’il en soit, si cette méthode s’avère efficace sur le plan de la désinformation et incroyablement dévastatrice sur le terrain, elle n’en demeure pas moins incapable de faire tomber l’Armée Arabe Syrienne de 1982 jusqu’à nos jours.


février 28, 2015


Source : axedelaresistance.com



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