Candidat à la direction du Parti québécois, Sylvain Gaudreault veut aider la CAQ à faire des gains pour le Québec à Ottawa, dans l'espoir de susciter l'adhésion à la souveraineté.
«Je suis un héritier de [Jacques] Parizeau et je me souviens qu’il s’est levé à l’Assemblée nationale et qu’il a dit à Robert Bourassa: ‘‘Mon premier ministre’’, à la suite de l’échec de l’Accord du Lac Meech. Et je me souviens qu’il a contribué à la commission Bélanger-Campeau», confie Sylvain Gaudreault en entrevue avec notre Bureau parlementaire, en évoquant le «sens de l’État» de l’ex-premier ministre péquiste.
Ainsi, s’il est élu à la tête du PQ, le député de Jonquière déposera dès l’automne 2020 une motion à l’Assemblée nationale «appelant l’obligation juridique d’Ottawa de négocier de bonne foi une modification Constitutionnelle» afin que le Québec obtienne du gouvernement fédéral plus de pouvoirs en matière d’environnement. Si elle est adoptée, Ottawa devra alors entamer des négociations constitutionnelles, estime-t-il, en vertu d’une décision de la Cour suprême lors du Renvoi relatif à la sécession du Québec.
«Je veux prendre la CAQ au mot», dit M. Gaudreault, en rappelant que le gouvernement Legault réclamait de tels pouvoirs lors de la récente campagne électorale fédérale.
Objectif double
L’objectif de cette main tendue est double. «Si la CAQ refuse, ça sera une démonstration claire et nette que c’est un nationalisme de façade», affirme-t-il. Par-contre, si le gouvernement Legault accepte, la nouvelle ronde de négociations constitutionnelles permettra soit de démontrer «qu’Ottawa ne veut rien savoir du Québec», soit d’aller chercher des pouvoir supplémentaires pour lutter contre les changements climatiques.
«Dans tous les cas, on fait avancer l’indépendance, illustre celui qui aspire à succéder à Jean-François Lisée. Je suis profondément convaincu que les Québécois vont avoir le goût de la liberté en ayant de plus en plus d’espace de liberté.» Aux prochaines élections, il proposera aux électeurs de franchir le pas supplémentaire vers l’indépendance, en faisant valoir les gains obtenus par son parti.
Référendum dans un premier mandat
Pour expliquer son approche, M. Gaudreault affirme être «extrêmement conscient d’où on part». «On est le troisième parti d’opposition, on a fait 17% à la dernière campagne électorale, les sondages d’opinions donnent 25%-30% à l’indépendance et l’élection est en 2022», énumère-t-il.
Toutefois, malgré ses récentes critiques face à son adversaire Paul St-Pierre Plamondon, Sylvain Gaudreault s’engage aussi à tenir un référendum dans un premier mandat péquiste majoritaire. «Un gouvernement Gaudreault majoritaire en 2022? Bien sûr qu’il va y avoir un référendum!», lance-t-il. Mais la première tâche, estime-t-il, consiste à faire grimper les appuis à la souveraineté.
Relancer le OUI-Québec
En parallèle, M. Gaudreault promet de relancer le travail au sein du OUI-Québec, qui cherche à unir les forces indépendantistes. Dans ce cadre, il entend travailler de concert avec Québec solidaire, même si le député péquiste ne cache pas que «la confiance est à rebâtir» avec la formation de gauche après l’échec de la feuille de route commune vers la souveraineté. Quant à la convergence avec QS, «c’est fi-ni!», dit-il, en appuyant sur chaque syllabe.