Suis-je devenu un « ti-mononcle » ?

Fc2c159a77b9ef5549e9ab34d869c8f2

Ce grand n'importe quoi qu'est la FFQ

J’ai toujours, cher lecteur, été honnête avec vous et vous l’avez été avec moi.


Alors, dites-moi, car j’ai besoin de savoir...


Suis-je devenu un « ti-mononcle » complètement dépassé, qui ne comprend plus rien à son époque et qui se demande où sont passés le bon sens et la morale ?


Violence


La mal nommée Fédération des femmes du Québec vient de poser que la prostitution est un métier comme un autre, qu’il ne nous appartient pas de juger et, encore moins, de criminaliser.


La prostituée exercerait le « travail du sexe » sur la base d’un choix libre, éclairé, consenti.


On imagine presque des kiosques d’information dans les cégeps sur ce « choix de carrière ».


Thérèse Casgrain, qui s’est longtemps battue pour le droit de vote des femmes au Québec, obtenu en 1940, fonda la FFQ en 1966.


À la tête de la FFQ, Françoise David enfourcha ensuite la cause de la pauvreté plus marquée des femmes, parfaitement indéniable.


Aujourd’hui, la FFQ est dirigée par un ex-homme, Mme Gabrielle Bouchard, qui se targue d’avoir fait adopter sur le sujet une position « sans jugement », qu’elle présente comme un « changement de culture ».


Elle y voit une avancée. Moi, je me pince d’incrédulité.


Il y a sans doute une minorité de femmes qui choisit la prostitution sans subir des violences ou des contraintes. Combien sont-elles ?


Les autres, la très grande majorité, vivent la violence, la vulnérabilité, la dépendance, la toxicomanie, l’exploitation, quand ce n’est pas carrément l’esclavage.


En 2012, le Conseil du statut de la femme avançait que plus de 80 % des prostituées avaient été victimes de violence, souvent dès l’enfance.


Mais non, la FFQ parle maintenant de « l’industrie du sexe » comme on dit « l’industrie du livre » ou « l’industrie forestière ».


Disparus les « pimps », les gangs de rue, le crime organisé !


Comme le notait Denise Bombardier, en réduisant la prostitution à sa seule dimension économique et marchande, la FFQ raisonne exactement comme un proxénète, à la seule différence que celui-ci sait à quoi s’en tenir sur le consentement « libre » de sa source de revenus.


Fumisterie


Orwell nous a enseigné que les efforts pour nous faire voir autrement le réel commencent toujours par un travail sur le langage.


Voici maintenant que l’« agentivité » est le concept utilisé pour véhiculer cette fumisterie selon laquelle, dans le cas présent, la personne serait « l’agente » aux commandes de sa propre vie, par ses choix librement consentis.


Tout d’un coup, par une entourloupette idéologico-rhétorique, on fait disparaître la trop fréquente absence de consentement, ou les conditions dans lesquelles est arraché et maintenu ce consentement de façade.


La FFQ devrait avoir honte, devrait reconsidérer, devrait s’excuser.


Mais il peut arriver qu’un individu ou un mouvement s’enfonce à un tel point dans un univers parallèle et délirant que la honte est un sentiment qui ne peut même plus le rejoindre.