Sortir du pétrole ou s'y enliser

Le réchauffement climatique est une arme de destruction massive

Tribune libre

Lorsqu’on rappelle aux promoteurs des projets pétroliers et gaziers au Québec l’urgence de stopper les émissions de gaz à effets de serre et l’ampleur des bouleversements qui s’amènent avec la crise climatique, ils reprennent leur sempiternel refrain : «On a encore besoin de pétrole». C’est ce que répètent les représentants de TransCanada et c’est ce qu’a fait valoir le maire de Québec, M. Régis Labaume, à propos du projet d’élargissement du port de Québec pour recevoir des pétroliers.

Cet argument ressemble aux justifications que se donnent des alcooliques pour continuer à boire. Tant pis pour le saccage du St-Laurent, les accidents et les conditions de vie chaotiques de nos petits-enfants, tant pis pour les cancers et les crises d’asthme. L’ivresse de l’or noir parait plus forte que les signes de détresse qui nous parviennent de tous les coins de la planète.

Tout comme les excès d’alcool finissent par scléroser les états de conscience, ceux qui sont atteint de la fièvre pétrolière semblent incapables d’imaginer et de mettre en place des moyens efficaces pour effectuer la nécessaire transition énergétique afin de s’éloigner le plus rapidement possible des hydrocarbures. Ces moyens efficaces existent pourtant. Comme le rapporte le directeur du Sierra Club, Michael Brune, de plus en plus de villes aux États-Unis se tournent vers les énergies propres. Le prix de l’énergie solaire a chuté de plus de 50% et celui de l’éolien de 47% depuis les cinq dernières années . Et plus il y aura d’utilisateurs, plus les prix continueront de baisser.

Le Québec est à la croisée des chemins. Les approvisionnements en pétrole conventionnel suffisent à combler nos besoins et sont au moins deux fois moins polluants que le pétrole en provenance des sables bitumineux. En développant des infrastructures pétrolières et gazières coûteuses sur son territoire, le Québec se condamne à être dépendant des hydrocarbures pendant des décennies à venir, avec le cortège de désastres environnementaux à large échelle qui les accompagnent et au détriment du développement des énergies vertes. Rappelons que le pétrole québécois, s’il y en a en quantité suffisante, est non-conventionnel.

Les obstacles à la transition énergétique ne sont ni technologiques, ni économiques. Le secteur des technologies propres est le secteur industriel qui croit le plus rapidement au Canada. En 2012 il comptait déjà plus de 800 entreprises qui embauchent des dizaines de milliers de travailleurs bien rémunérés, principalement des jeunes. Elles investissent cinq milliards de dollars en recherche et développement et génèrent des revenus de 11.3 milliards. Des études montrent que la valeur de leurs exportations pourrait augmenter à 32 milliards en 10 ans . Selon la Banque mondiale, le marché des technologies propres s’élèvera à 6 400 milliards au cours des 10 prochaines années dans les seuls pays en développement comme la Chine et l’Inde . Le Canada et le Québec possèdent les ressources pour se positionner avantageusement dans ce marché émergeant. Il n’y a pas d’opposition entre la croissance économique et la protection de l’environnement, à condition que nos gouvernements adoptent des politiques cohérentes afin de soutenir le virage vert.

En prolongeant sa dépendance aux hydrocarbures, le Québec ne fait que rater son rendez-vous avec la réalité du 21ème siècle. Les choix des gouvernements actuels, s’ils devaient se concrétiser, lègueront une lourde hypothèque aux générations futures car, comme le soulignait très justement le secrétaire d’état américain, John Kerry, « le réchauffement climatique est une arme de destruction massive» . À cet égard, les projets de pipeline et de développement pétrolier et gazier au Québec et au Canada relèvent davantage de l’action terroriste que de la concertation internationale pour le maintien de la sécurité et pour un avenir viable.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 novembre 2014

    Tout de même encourageant.À peine après quelques semaines,la pétition « Sauvons nos bélugas » frise les 50,000 noms.
    Reçu par courriel:
    ''50 000 personnes c’est convaincant. Merci!
    Pierre, nous sommes fiers du travail accompli car, avec votre aide, nous compterons bientôt 50 000 signataires pour la pétition « Sauvons nos bélugas ». 50 000 Québécois et Québécoises qui se mobilisent en quelques semaines à peine, c’est un symbole retentissant. De tout cœur, merci!''
    ''Ensemble, nous avons fait reculer le premier ministre et son gouvernement.
    Les travaux qui devaient reprendre le 16 octobre sont toujours suspendus. Le gouvernement et TransCanada sont bien embêtés par notre mouvement, mais ils restent déterminés à reprendre les travaux à Cacouna, dans le sanctuaire des bélugas.
    TransCanada a déposé une demande pour rétablir son certificat d'autorisation pour les forages et, s'il lui est refusé, la compagnie a déjà annoncé qu’elle reviendra à la charge.
    Avec les immenses moyens financiers dont elle dispose, TransCanada a entrepris d’inonder les journaux et la télévision de publicités accrocheuses dans le but de gagner la bataille de l’opinion publique.
    La lutte pour obtenir l’arrêt définitif des travaux à Cacouna n’est pas terminée, notre succès ne sera assuré qui si nous restons vigilants et mobilisés.''


  • Archives de Vigile Répondre

    3 novembre 2014

    3 novembre 2014
    ENVIRONNEMENT
    Changement climatique : le plus cher serait de ne rien faire
    ''C'est un constat à la fois attendu et désespérant. Le dernier rapport sur le changement climatique, publié le 2 novembre par les experts du GIEC (groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) est sans appel : le changement climatique est en marche, il est presque entièrement d'origine humaine, et si nous voulons limiter la hausse des températures, il va falloir ramener les émissions de gaz à effet de serre à zéro d'ici à la fin du siècle. ''
    '' La science a parlé, et c'est un message sans aucune ambiguïté. Les dirigeants doivent agir. Le temps n'est pas de notre côté", a scandé Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, lors de la présentation du rapport à Copenhague. Le coût élevé de la lutte contre le changement climatique relève du mythe, a-t-il ajouté : "L'inaction coûtera beaucoup, beaucoup plus". ''
    http://www.courrierinternational.com/article/2014/11/03/changement-climatique-le-plus-cher-serait-de-ne-rien-faire
    On peut sans hésiter ressentir la puissance des pétrolières sur les gouvernements, les médias et par conséquent sur l'opinion publique, pour réussir à pousser l'humanité au bord du précipice, sans que la révolte ne soit déclenchée au nom du génocide de la vie.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 octobre 2014

    Tout à fait d'accord avec vous sauf qu'il y a un "petit" problème: la voracité des pétroleux, ceux-là même qui ont fait assassiner tous ceux qui ont trouvé des façons pratiques et rentables de se débarrasser du pétrole. Savons-nous suffisamment ce que le pétrole a coûté en vies humaines? Savons-nous combien de guerres ont dévasté des populations pour la recherche du pétrole, pour l'enrichissement de ces magnats qui se foutent éperdument des malheurs et des morts que cette recherche occasionne, c'est leur poche d'abord.
    Depuis que j'ai l'âge de voter, et ce n'est pas d'hier, jamais je n'ai vu de dirigeants aussi pourris que ceux que nous avons actuellement, autant au fédéral qu'au provincial. On a dit que l'époque de Maurice Duplessis était une période noire dans l'histoire du Québec. Avec ce Couillard à la tête des nouveaux bandits prédateurs qui se prétendent médecins, cette ère de Duplessis s'est réduite à une période gris pâle. Malgré des méthodes non orthodoxes, Duplessis a œuvré pour le développement et l'autonomie du Québec. Les Couillardeux, eux, ne visent que sa lente destruction. Fidèles aux diktats du système, des financiers véreux, ils vont réduire notre pays libre et prospère en une contrée de misère où les travailleurs ne seront plus que les esclaves de cette saleté de système. La démocratie n'est plus qu'une farce. La preuve en est que les médias ont servi à transmettre le mensonge et les Québécois, pas toujours très ...intelligents, ont voté pour ce sous homme de Couillard, suivant aveuglément les médias au service, qui leur disaient comment penser, comment voter. Vous appelez ça de la démocratie?
    Ivan Parent