Sommes-nous encore Charlie?

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La dure leçon de réalité






Il y a un an, la France était attaquée. Des terroristes islamistes surgissaient dans les bureaux de Charlie Hebdo, le journal satirique de la gauche française, pour assassiner l’équipe de rédaction. Elle avait commis un crime impardonnable: caricaturer Mahomet.




La France, officiellement, s’est redressée contre l’agresseur. Elle a manifesté en disant plus jamais ça. Surtout, elle a trouvé son slogan: Je suis Charlie! C’était un cri de ralliement à la liberté d’expression, que l’on disait sacrée et plus importante que jamais.




Mais le «charlisme» s’est rapidement décomposé. La France était attaquée, mais, ajoutèrent certains, n’était-elle pas coupable d’exclure les musulmans, d’insulter leur prophète? On proposa de pleurer les morts en précisant qu’ils l’avaient bien cherché.




Lâcheté




C’est ce qu’on pourrait appeler la culpabilisation des victimes. En quelques semaines, on est passé de la dénonciation de l’islamisme à celle de l’islamophobie. Et plus souvent qu’autrement, on assimilera cette dernière à la simple critique de l’islam ou de l’islamisme.




En fait, il ne sera plus permis de dire que l’intégration des populations musulmanes en Europe ne se passe pas très bien. Ou alors, encore une fois, on en fera porter la responsabilité aux sociétés européennes en les accusant de racisme et de xénophobie.




Après avoir bombé le torse, les élites françaises ont rapidement fait le choix de ramper. Et la censure a repris ses droits. En France, celui qui parle trop franchement du malheur de son pays risque une poursuite, une condamnation et de grosses amendes.




Un an plus tard, Charlie Hebdo lui-même n’est plus trop sûr de croire à l’esprit Charlie. La couverture du numéro consacré à l’anniversaire des attentats fait pitié et témoigne d’un certain déclin du courage.




Plutôt que de nommer clairement l’islamisme, Charlie Hebdo préfère s’en prendre à Dieu en général, comme si toutes les religions étaient interchangeables. Pire encore: le Dieu caricaturé correspond, pour l’essentiel, à l’imagerie associée au Dieu des chrétiens.




Blasphème ?




Mais Charlie Hebdo n’a pas à s’inquiéter, cette fois: on a beau dire que toutes les religions sont également atteintes par le fanatisme, ses dessinateurs ne risquent pas de voir surgir un commando chrétien armé de kalachnikovs pour les descendre.




Le président du Conseil français du culte musulman, Anouar Kbibech, a quand même trouvé le moyen de chigner. Selon ses mots, il faut «respecter la liberté d’expression pour les journalistes, mais aussi la liberté d’expression des croyants».




En quoi cette couverture heurte-t-elle la liberté d’expression des croyants? Elle ne respecte peut-être pas leurs croyances, mais y a-t-il un droit fondamental à voir ses croyances respectées? Au nom de la lutte contre le blasphème, Kbibech veut étendre le domaine de la censure.




Mais les attentats du 13 novembre, contre le Bataclan, ont fait comprendre aux Français que, du point de vue des islamistes, ils étaient simplement coupables d’exister. Qu’ils dessinent ou non Mahomet, ils peuvent recevoir une balle au cœur. On appelle cela une leçon de réalité.



 




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