Après avoir accusé ses adversaires de verser dans la «numérologie» en lançant des chiffres sur les seuils annuels d'immigration, le chef péquiste Jean François-Lisée a ouvert son jeu, vendredi.
C'est en fait une fourchette qu'il a évoquée en conférence de presse à Sorel-Tracy, en se basant sur une arithmétique inspirée des «succès» et «échecs» des dernières années.
«Moi je vous dis : probablement que ça va être autour de 35 000, 40 000, parce que ça va être le succès. Mais ce n'est pas de la numérologie. C'est fondé sur notre connaissance passée de la proportion qui ont été des succès, ou à peu près», a indiqué le leader du Parti québécois (PQ).
Son calcul : «Les libéraux ont fait venir 50 000 personnes par année. Là-dessus, il y en a 15 000 qui ne sont pas restés. [...] Ce qu'on aurait dû avoir dans les dernières années, c'est à peu près 35 000 dont on présume qu'ils sont un succès, mais [...] il y a une partie d'entre eux qui était au chômage. Alors des succès, il y en a peut-être eu 32 000, ou 30 000, ou 28 000».
Malgré cela, le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard, «continue à proposer un chiffre avec des rêves brisés», a déploré Jean-François Lisée. Et le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a «inventé le chiffre de 40 000» qui «va accélérer le déclin du français», a-t-il ajouté du même souffle.
M. Lisée a mentionné qu'il voulait obtenir un avis du vérificateur général afin de déterminer ce que pourrait être un seuil adéquat pour l'avenir. «Et on verra ce que ça donne, cette recommandation. C'est le politique qui va décider. Mais est-ce qu'on peut enfin dépolitiser le débat numérologique sur l'immigration et avoir un peu de science et de bon sens derrière ça?» a-t-il lancé.
Le dirigeant péquiste a mis ce chiffre de l'avant — il l'avait avancé en mai dernier en entrevue à Radio-Canada — au lendemain d'une sortie du chef caquiste François Legault sur les potentielles conséquences néfastes que pourrait avoir l'arrivée d'un nombre trop important d'immigrants ne maîtrisant pas la langue de Molière sur la pérennité de la langue française au Québec.
Le leader de la CAQ s'est dit inquiet, jeudi, du risque «que nos petits-enfants ne parlent plus français».
La proposition de la CAQ, «un danger»
Son rival péquiste craint aussi pour la survie et la vitalité du français au Québec. Mais «le principal danger qui plane sur l'avenir du français, c'est la proposition de la CAQ en immigration», a clamé M. Lisée, tournant au ridicule la proposition caquiste de laisser une période de trois ans aux nouveaux arrivants pour apprendre le français, sous peine d'expulsion.
«Les cours de francisation, le taux d'échec est de 90 %. Là il dit : "Ah, c'est pas grave, s'ils échouent, on va leur dire dans trois ans de s'en aller". C'est complètement farfelu!» a-t-il pesté. Et au chef Legault, qui déclarait jeudi vouloir prendre le contrôle du programme fédéral de regroupement familial, le chef péquiste a répondu en lui offrant une analyse politique.