Sainte-Anne-de-Bellevue - Le français ne prime pas

Les pancartes ont été retirées (27 juillet)

Le retour des "maudits anglais"...

Noée Murchison - Dix-huit pancartes affichées au centre du boulevard des Anciens Combattants pour vanter les vertus de Sainte-Anne-de-Bellevue sont contraires à l'esprit de la Charte de la langue française, ce qui choque de nombreux résidants.
Les affiches qu'a découvertes le Journal exhibent un slogan en français sur une face, et le même slogan en anglais sur l'autre face.
Comme le français ne prédomine pas sur ces affiches qui vantent la municipalité de Sainte-Anne-de-Bellevue, elles sont contraires aux dispositions de la Charte de la langue française.
«On demande aux municipalités qu'il y ait du français et qu'il soit prédominant», résume le porte-parole de l'Office québécoise de la langue française, Gérald Paquette, joint hier à Paris.
Ville bilingue
La ville de Sainte-Anne-de-Bellevue jouit toutefois d'un statut particulier, car elle a été reconnue comme ville bilingue dans les années 1980 en raison de son importante population anglophone. La Ville peut donc afficher dans les deux langues.
Mais le français doit tout de même avoir une «prédominance simple» dans l'affichage bilingue, par exemple être écrit au dessus ou à gauche de l'inscription anglaise, précise Gérald Paquette.
Les deux langues doivent aussi se retrouver dans le même champ visuel. «On ne peut pas avoir une pancarte qui est en anglais d'un côté et en français de l'autre côté», ajoute-t-il en précisant qu'il ne connaît pas le cas précis du boulevard des Anciens Combattants.
Or, les affiches de Sainte-Anne-de- Bellevue sont unilingues anglaises ou françaises de chaque côté.
Résidants fâchés
La résidante Louise Capistran a dit souhaiter que la Ville change son affichage. «Je pense que tout devrait être écrit en français», affirme celle qui vit depuis huit ans à Sainte-Anne-de-Bellevue.
«C'est partout comme ça», renchérit un autre résidant, Raynald Lafontaine. Croisé alors qu'il enfourchait son vélo, il trouve que le gouvernement «ne fait pas grandchose» pour faire respecter la Charte dans l'ouest de l'île.
Un couple de Valleyfield en visite à Sainte-Anne se disait aussi agacé par cette façon d'afficher. «Surtout à Montréal, on voit beaucoup d'affiches en anglais, il semble que ça revient», croit Jacques Ménard.
Le maire de Saint-Anne-de-Bellevue n'a pu être joint à son domicile hier pour commenter.
CE QUE DIT LA CHARTE
«L'affichage public et la publicité commerciale doivent se faire en français. Ils peuvent également être faits à la fois en français et dans une autre langue pourvu que le français y figure de façon nettement prédominante. [...]»
Source: Art. 58,Chapitre VII, La langue du commerce et des affaires de la Charte de la langue française
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Affichage controversé

Les pancartes ont été retirées
Valérie Dufour

Le Journal de Montréal

27 juillet 2007
Voulant éviter le déclenchement d'une guerre linguistique, la Ville de Sainte-Annede- Bellevue a retiré 24 pancartes contraires à la Charte de la langue française.
«Nous les avons enlevées pour nous conformer à la loi. [...] Nous ne voulions pas allumer un débat linguistique», explique le responsable des communications de la Ville, Me Karl Sacha Langlois.
Mardi, le Journal révélait la présence de pancartes bilingues sur le boulevard des Anciens Combattants. Le hic est que le slogan anglais imprimé sur ces oriflammes était aussi gros que son pendant français, ce qui est contraire à l'esprit de la Charte.
Il affirme que la Ville n'a reçu que deux appels de citoyens et que la pose de ces pancartes vantant les vertus de la localité de 5379 habitants n'avait suscité aucun commentaire avant la publication de notre reportage.
Bonne foi
Cela n'a cependant pas empêché les dirigeants de l'hôtel de ville de décrocher rapidement ces pancartes. «Nous avons fait une erreur de bonne foi. Nous ne voulions choquer personne», a insisté Me Langlois.
Les 24 oriflammes seront renvoyées au fournisseur où elles seront «corrigées» et réinstallées sur la voie publique. La Ville a demandé que l'on couse un slogan français pardessus le slogan en anglais.
«La langue officielle du Québec est le français et c'est important -- surtout dans l'ouest de l'île de Montréal -- que les municipalités le démontrent», soutient le président du Mouvement Montréal Français, Mario Beaulieu, qui a lui-même grandi à Sainte-Anne-de- Bellevue.
M. Beaulieu ajoute que le taux d'assimilation des francophones est de 12% dans ce secteur de l'île. «Et il n'y a aucun cinéma qui projette des films en français. Les gens doivent se rendre à Montréal ou aller à Dorion ou Valleyfield.»
Rendre les oriflammes conformes à la Charte de la langue française coûtera 768 $ à la Ville de Sainte-Anne-de-Bellevue.


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