S’embourber à contre-courant

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Si la tendance se maintient, le prochain gouvernement pourrait bien être minoritaire






L’art de s’embourber à contre-courant. À mi-mandat, voilà qui résume le gouvernement Couillard. Pendant qu’au Canada et ailleurs en Occident, on tourne le dos à une austérité qui plombe l’économie et les services publics, il s’entête à maintenir le cap sur son «déficit-zéro».




La raison est simple. Plus néolibéral que libéral, le véritable leitmotiv du premier ministre est de réduire le rôle de l’État. D’où cette impression tenace qu’au-delà de l’«équilibre budgétaire», le reste ne l’intéresse pas beaucoup.




Tout aussi à contre-courant et dans l’erreur, le ministre de la Santé s’empêtre dans ses réformes décriées de toutes parts. Alors qu’ailleurs, on décentralise pour mieux répondre aux besoins des patients, Gaétan Barrette hyper centralise pour mieux contrôler.




À l’opposé, le gouvernement ontarien amorcera sous peu un virage majeur reposant sur la décentralisation, l’aide à domicile, les soins communautaires et un accès élargi aux infirmières et autres professionnels. Le but: aider les Ontariens, y compris les personnes âgées et handicapées, à vivre plus longtemps chez eux et en santé. On croit rêver.




Au Québec, c’est zéro politique de soins à domicile. Des services sociaux déstructurés et trop centralisés. Des médecins dont la rémunération explose et sur lesquels le système est centré. Quant aux personnes vulnérables, elles sont la dernière préoccupation.




Réponses robotiques




Résultat: la privatisation, même des soins à domicile, s’accélère. Ce qui, au lieu de combattre les inégalités sociales, les renforce. Jusque dans l’hygiène et l’alimentation, la dignité des personnes vulnérables devient un «luxe» au Québec. Et ça, c’est gravissime.




Mercredi soir, dans une longue entrevue diffusée en direct à RDI, Philippe Couillard peinait à répondre aux questions d’un public inquiet. Ses réactions étaient robotiques et désincarnées.




Incapable même de reconnaître des images du centre Mélaric, sa réponse sur un système déglingué de santé et de services sociaux restait la même. «Quand des marges de manœuvre seront dégagées», promet-il, il s’en occupera.




Jamais, par contre, il n’en précise le calendrier ni la moindre mesure concrète. Jamais, non plus, il n’applique ce même critère budgétaire aux médecins.




Ne lui restait plus qu’à sortir cette «ligne» faussement human interest: «Moi, quand je vois des gens malheureux, je me sens malheureux également et puis ça me touche, comme personne.»




Et l’humanisme ?




À l’émission 24/60, Marguerite Blais, ex-ministre libérale des Aînés, résumait pourtant le problème mieux que quiconque: «j’ai toujours l’impression qu’on a des réponses économiques, mais on a peu de réponses du côté humaniste».




Malgré tout, Couillard compte encore sur la division du vote francophone pour remporter l’élection de 2018. Quelques voyants jaunes s’allument néanmoins.




Selon le dernier sondage Léger/Le Journal-Le Devoir, le taux d’insatisfaction envers son gouvernement grimpe à 73 % chez les francophones. Chez les non-francophones, quoiqu’ils votent libéral, il frôle même les 50 %.




Bref, de plus en plus de Québécois rejettent la «vision» Couillard. Si la seconde moitié du mandat ressemble à la première, se pourrait-il que le 1er octobre 2018, le tout finisse sur un gouvernement minoritaire – libéral, péquiste ou caquiste?



 




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