S’autopatatechaudiser

76caba962bbb92b9e50f84cd366f5221

Il faut tourner la page de la vice-reine d'Angleterre comme présidente de la francophonie

Jacques Parizeau avait inventé l’expression « s’autopeluredebananiser » pour parler de la tendance du mouvement souverainiste à compliquer son propre parcours. Comme si les gens du mouvement plaçaient eux-mêmes sur le chemin les pelures de bananes qui les feraient glisser.


J’ose m’en inspirer pour parler de Michaëlle Jean. Celle-ci s’est autopatatechaudisée. En d’autres termes, madame Jean est devenue, par sa faute, une patate chaude pour les deux gouvernements de son propre pays. À Québec comme à Ottawa, le renouvellement de son mandat constitue un boulet politique ennuyeux.


Le mandat de madame Jean arrive à échéance. Madame Jean rêve d’obtenir un renouvellement et de poursuivre dans son poste de présidente de l’Organisation internationale de la Francophonie. Sauf que sa candidature apparaît gênante puisqu’elle est devenue un symbole de gaspillage.


Elle est devenue emblématique pour les dépenses exagérées et la vie faste, et ce, dans une organisation à qui on reproche déjà sa tendance à dépenser trop. Elle a aussi terni l’image de la francophonie en matière de transparence, un autre reproche qui fait mal à la réputation de cette organisation internationale.


Philippe Couillard


Au cours de la semaine, le premier ministre québécois Philippe Couillard a dû jongler avec cette patate chaude. Monsieur Couillard a d’abord pris ses distances avec Michaëlle Jean, préférant jouer sur le fait que les candidatures ne sont pas officiellement déposées.


Le lendemain, il a fini par dire, du bout des lèvres, qu’advenant que Michaëlle Jean pose à nouveau sa candidature et rencontre de l’opposition, il se rangerait naturellement derrière la candidature québécoise et canadienne. Disons qu’il ne s’est pas trop étendu sur les compliments à l’endroit de madame...


Même position à Ottawa où le gouvernement Trudeau maintient son appui à la candidature locale. Mais disons qu’on ne sent pas là non plus qu’on ait l’intention de mettre toute la gomme diplomatique pour convaincre tous les pays que Michaëlle Jean représente une perle dont le monde francophone ne saurait se passer.


En danger


La vérité, c’est que la candidature de madame Jean est très sérieusement en péril. La ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Louise Mushikiwabo, semble bien intéressée par le poste. Cette dernière a reçu un appui de taille cette semaine : celui du président français Emmanuel Macron.


La France est toute-puissante au sein de la Francophonie. Les pays africains seront sensibles à la position de la France autant qu’à une candidature issue de leur continent. On imagine difficilement comment Michaëlle Jean pourra passer à travers cela. C’est au point où elle pourrait être forcée de se questionner sur la pertinence même d’essayer de solliciter ce nouveau mandat.


Surtout si ses organisateurs politiques sont Philippe Couillard et Justin Trudeau. Disons qu’ils ne présentent pas le niveau d’enthousiasme des partisans des Golden Knights de Las Vegas...


Madame Jean n’a qu’elle-même à blâmer. Elle fut l’architecte de son malheur. Une dépense exagérée se pardonne. Dans une grosse organisation, cela peut vous échapper. Mais des dépenses de luxe à répétition laissent une trace irréparable.