Rousseau fait un mea-culpa partiel

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L'affaire de la CDP - le cas Henri-Paul Rousseau



L'ex-président de la Caisse de dépôt et placement ne regrette pas d'avoir investi l'argent des futurs retraités du Québec dans le papier commercial adossé à des actifs (PCAA). Il regrette seulement d'en avoir investi autant.
C'est un mea-culpa partiel qu'a fait hier Henri-Paul Rousseau dans une salle archibondée d'un hôtel du centre-ville, où tout ce qui compte sur la planète économique québécoise était rassemblé. Même Jean-René Dufort, l'Infoman, s'était déplacé.

«Cette situation regrettable s'est produite pendant mon mandat. Comme premier dirigeant, j'en assume la pleine responsabilité», a reconnu l'invité de la chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Comme la direction de la Caisse de dépôt l'avait fait avant lui, M. Rousseau s'est défendu d'avoir pris des risques disproportionnés. Les PCCA s'échangeaient sans aucun problème depuis plusieurs années et l'agence de notation DBRS leur avait accordé sa plus haute cote de crédit (AAA), a-t-il plaidé. «L'erreur ne fut pas de détenir des PCAA, a-t-il répété, elle fut d'en détenir autant.»
Un peu nerveux au début de son long discours, Henri-Paul Rousseau a vite repris son assurance de professeur habitué aux cours magistraux. Si la Caisse de dépôt a investi autant d'argent dans les PCAA, c'est qu'elle avait fait beaucoup de profits entre 2005 et 2007 et qu'elle avait beaucoup de liquidités à placer, a-t-il dit.
Ces liquidités ne pouvaient plus être investies dans les véhicules traditionnels, comme les obligations fédérales, parce que la baisse de la dette fédérale a considérablement réduit le marché de ce type de placements sécuritaires.
C'est la raison pour laquelle le marché du papier commercial s'est développé, et «la qualité intrinsèque de ce véhicule n'a jamais fait problème au Canada», a insisté M. Rousseau.
»Du grand monde»
Henri-Paul Rousseau refuse d'accréditer la thèse de ceux qui prétendent que la Caisse a beaucoup investi dans le papier commercial parce qu'elle était le principal actionnaire de Coventry, une firme qui en émettait. Selon lui, la Caisse n'est pas non plus responsable du fait que d'autres importants acteurs financiers québécois, ont eux aussi investi massivement dans les PCAA. Ils ne se sont pas fiés à la Caisse, soutient-il. «La Banque Nationale, Desjardins, et Transat, c'est du grand monde.»
Quand la crise du papier commercial a éclaté, en août 2007, le Canada a été le seul à souffrir autant à cause d'un trou dans sa réglementation qui a permis aux banques étrangères de se défiler de leurs engagements d'assurer la liquidité du marché, a expliqué l'ex-président.
Henri-Paul Rousseau estime avoir fait ce qu'il devait faire dans les circonstances et réalisé avec succès la restructuration du papier commercial canadien. C'est au tour de la Banque du Canada de faire sa part en acceptant de prendre en garantie le PCAA restructuré afin de remettre des liquidités dans le système, a-t-il suggéré.
Pour le reste, et surtout pour la perte record de 39 milliards enregistrée en 2008, il estime que la Caisse a seulement été une des victimes de la «tempête parfaite» qui s'est abattue sur les marchés financiers quand le gouvernement américain a laissé Lehman Brothers faire faillite le 15 septembre 2008.
Il n'est pas question que je m'excuse pour la crise financière, a-t-il soutenu plus tard en conférence de presse.
Les quelque 700 à 800 personnes qui s'étaient déplacées pour entendre les explications de M. Rousseau ont apprécié le discours et lui ont réservé une ovation.


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