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Roberge dévoile les bases du nouveau cours «Culture et citoyenneté québécoise»

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Le nouveau cours de Culture et citoyenneté québécoise n'est qu'un copié-collé du cours ECR


La culture, la citoyenneté québécoise et le développement de la pensée critique formeront les « trois axes » du nouveau cours appelé à remplacer celui d’Éthique et culture religieuse (ECR). Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a dévoilé dimanche « les thèmes » qui seront enseignés dans toutes les écoles primaires et secondaires du Québec à partir de la rentrée 2023.


Le premier volet permettra aux élèves de comprendre la culture « des sociétés » avec un accent prononcé pour celle d’ici, a expliqué le ministre en conférence de presse.


L’« objectif du cours » se trouve dans le deuxième axe. « La visée, c’est de préparer nos jeunes à l’exercice de la citoyenneté québécoise. Nos valeurs et les principes qui sont les fondements de notre société seront présentés aux élèves », a expliqué Jean-François Roberge en citant le respect, la liberté d’expression, la liberté de conscience, les droits, les libertés et les responsabilités de chacun. Il sera aussi question d’éducation aux médias et d’éducation sexuelle.


« Le dialogue, la pensée critique et l’éthique » composent la troisième orientation du nouveau cours. Les élèves seront notamment amenés à se questionner et à aborder des dilemmes moraux. « Cette approche fera obstacle aux censeurs et à tous ceux qui s’attaquent à la liberté d’expression », a déclaré le ministre Roberge.


Il a insisté à plusieurs reprises pour dire que le cours d’ECR était « vicié à la base » et « reposait sur un dogme qui est une erreur », soit que la religion est l’unique « lunette à travers on regarde la personne ». L’analyse des identités religieuses demeurera au programme, mais perdra son aspect « prépondérant ». « On ne peut plus tolérer ce genre de biais dans nos écoles. »


Le nouveau programme n’ira pas dans la « redondance », mais dans la « complémentarité » par rapport au reste des matières, a par ailleurs mentionné M. Roberge.


La rédaction du programme est déjà « bien amorcée », a-t-il affirmé. Le ministère officialisera le contenu au printemps 2022. La matière sera testée à partir de l’automne 2022 avec « des enseignants qui [lèveront] la main » ou « des équipes-écoles qui [lèveront] la main ». Des « ajustements » suivront au cours de l’année scolaire afin de pouvoir étendre ce nouveau cours à toutes les écoles primaires et secondaires du Québec à l’automne 2023.



Cette approche fera obstacle aux censeurs et à tous ceux qui s’attaquent à la liberté d’expression.





Le cours d’ECR, 2008-2023


Le nouveau cours de « Culture et citoyenneté québécoise » ressemble au cours d’ECR avec un « vernis national », juge Georges Leroux, professeur émérite à l’UQAM et corédacteur du programme désavoué par le ministre. « La grande question, c’est quel est véritablement le changement qui va séparer le nouveau programme de l’ancien ? À part la promotion nationale, tous les thèmes qui sont abordés en éthique sont abordés dans le programme actuel. »


À cela le ministre répond que « quelqu’un qui compare les deux cours verrait à la fin que la compétence de l’éthique et du dialogue reviennent, mais dans une perspective différente. L’ancien cours d’ECR amenait le débat et l’éthique, mais empêchait parfois la remise en question de certains dogmes. Je ne veux pas répéter cette erreur-là dans le nouveau cours. »


Avant l’arrivée de ce cours d’ECR en 2008, « on était dans un enseignement confessionnel qui sortait du XVIIe siècle », rappelle Benoit Mercier, un autre des concepteurs de l’ancien programme. Les jeunes Québécois devaient alors suivre soit un cours de morale, soit un cours de catéchèse.


Les deux spécialistes doutent surtout des consultations qui ont mené à cette nouvelle version. Plus de trois ans de discussions et d’analyses avaient été nécessaires pour accoucher du cours d’ECR. À la fin ce processus, « tous les syndicats étaient d’accord, toutes les universités, les collèges et leurs représentants étaient d’accord. […] Tout le monde était d’accord », se remémore Benoit Mercier.


Accueil mitigé


Le cours de culture et citoyenneté québécoise découle d’un processus entamé en 2020. Une consultation publique en ligne, deux consultations en personnes — à Québec et à Montréal —, des rencontres virtuelles avec les communautés autochtones et l’étude de quelque 200 mémoires ont mené à l’annonce de dimanche, a précisé Jean-Bernard Émond, adjoint parlementaire à l’Éducation.


Plusieurs se réjouissent de la fin du cours d’ECR, vu par certains comme une promotion du multiculturalisme. Le député du Parti québécois dans Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, considère le remplacement du cours comme une « victoire » pour sa formation politique, puisque « le ministre de l’Éducation ne voulait pas l’abolir, car il l’avait enseigné ».


Le cours d’ECR « va passer à l’histoire comme une aberration », selon le président du Mouvement laïque québécois, Daniel Baril, qui s’enthousiasme de la fin du « tout à la religion ». Selon lui, « dans une société polarisée, c’est la culture québécoise qui est le pôle d’inclusion ».


D’autres accueillent l’annonce avec scepticisme. Le vice-président de la Fédération nationale des enseignants du Québec, affiliée à la CSN, se questionne sur le temps alloué de deux heures par cycle. « Il y a une espèce de fourre-tout, de divers thèmes. On se demande comment ce sera possible de faire passer l’ensemble de ces éléments avec seulement deux heures par cycle », a commenté Léandre Lapointe, qui espère que la formation pour les enseignants promise par le ministre sera adéquate.


La présidente intérimaire de l’Association québécoise en éthique et culture religieuse, Line Dubé, reste aussi perplexe devant ce nouveau cours. « Pour des pédagogues, des enseignants, des didacticiens, ça ressemble encore à un gros Jello, pas encore “pogné”. On attend encore la couleur réelle de ce à quoi on nous engage rapidement. »


Avec La Presse canadienne



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