Richesse et partage

les priorités d'un peuple doivent être établies par les représentants légitimement élus par le peuple, et en fonction de la préoccupation du bien commun; jamais sur la base des humeurs de riches personnes ou entreprises.

«Les indignés» dans le monde



Récemment, après l'évocation de la possibilité d'augmenter les impôts des riches, au moins deux super-riches se sont dits prêts à payer plus d'impôts. Elles sont bienvenues les généreuses ouvertures de ces multimilliardaires banquiers, clowns, chefs de grandes entreprises, financiers et développeurs de tout acabit qui représentent 1% de la population mondiale et qui, au cours des 30 dernières années, se seraient accaparé de 80% des richesses produites dans le monde.
En attendant que toutes ces personnes ouvrent de bon gré leurs goussets, il faudrait d'abord que les gouvernements du peuple, pour le peuple et par le peuple, réexaminent les charges fiscales dans le cadre de leur mission première de répartition de la richesse. Seule, en effet, une imposition équitable - ce qui n'est pas le cas actuellement - ferait en sorte que les moins riches, et les pas-riches-du-tout, ne soient plus réduits au rang de bénéficiaires de la générosité des puissants; ces citoyennes et citoyens «ordinaires» verraient simplement respecté leur droit de profiter de la richesse commune de la société dont ils sont membres à part entière.
C'est bien beau le mécénat, la générosité des grandes compagnies, mais on se doit de scruter le phénomène de plus près. Quand des gens fortunés ou des grandes entreprises bénéficient d'un fisc plus que gentil, profitant, en plus, d'exemptions inaccessibles aux moins nantis, ils peuvent évidemment donner de grosses sommes à de bonnes causes humanitaires, culturelles et autres. Il ne faut cependant pas oublier que leur générosité leur permet de diminuer encore davantage leur charge fiscale, puisqu'ils peuvent déduire de leur impôt un certain pourcentage de leurs généreux dons. C'est alors le bon peuple qui, par gouvernement interposé, ne reçoit pas tout l'argent qui lui est dû par ces mêmes riches.
On a vu des mécènes délocaliser leur flotte ou autres opérations dans des paradis fiscaux, se soustrayant ainsi à leurs obligations fiscales. On a vu des montants considérables, issus de la vente d'entreprises, placés directement dans une fiducie ou une fondation, se soustrayant ainsi à l'impôt. Et puis, un bon jour, quoique répondant pourtant à des besoins réels, ces mêmes fiducies/fondations philanthropiques décident d'y investir des montants significatifs, en ne manquant pas de réclamer la participation gouvernementale à égal niveau.
Jusqu'à preuve du contraire, les priorités d'un peuple doivent être établies par les représentants légitimement élus par le peuple, et en fonction de la préoccupation du bien commun; jamais sur la base des humeurs de riches personnes ou entreprises. De plus, la participation à une société réellement démocratique entraîne de soi le devoir de partager une part de sa richesse dans le respect de la dignité et des droits de toutes et de tous, prioritairement des plus démunis.
Il est tout de même étonnant que ce soit des super riches qui nous rappellent les exigences économiques de la démocratie.
Normand Breault, Montréal


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