Revenons vite à l'équilibre budgétaire

Et il faut éviter d'épouser la pensée magique selon laquelle le retour aux budgets sans déficit se fera tout seul, sans qu'il faille réduire nos dépenses ni augmenter les impôts.

Budget Québec 2010

Pendant dix ans, le gouvernement du Québec s'est imposé une discipline budgétaire exceptionnelle en s'astreignant à présenter des budgets équilibrés. Cette rigueur est devenue intenable dans le contexte de la crise économique de la dernière année. On le comprend. Mais la dette du Québec est astronomique (près de 130 milliards de dollars), nos services publics sont de plus en plus coûteux et la réfection de nos infrastructures mobilise d'énormes capitaux.
Il faut revenir rapidement à l'équilibre budgétaire. Et il faut éviter d'épouser la pensée magique selon laquelle le retour aux budgets sans déficit se fera tout seul, sans qu'il faille réduire nos dépenses ni augmenter les impôts.
Prélèvements fiscaux déjà élevés
Il est vrai que les gouvernements n'ont pas manqué d'appétit ces dernières années. Entre 1999 et 2008, les taxes et impôts suivants ont fortement augmenté :
- Impôt sur le revenu des particuliers au gouvernement fédéral: 51,3 %
- Impôt sur le revenu des entreprises au gouvernement fédéral: 108,6 %
- Impôt sur le revenu des particuliers au gouvernement du Québec: 43,7 %
- Impôt des entreprises au gouvernement du Québec: 95,5 %.
Au Québec, les taxes sur la masse salariale représentent un montant de 15 milliards $ par année.
Assumer son train de vie
Ou bien nous acceptons de réduire certaines dépenses publiques ou alors il faut augmenter les revenus du gouvernement. On ne saurait endosser le discours simpliste selon lequel il suffit de taxer davantage les riches pour équilibrer les budgets. De nombreuses études ont démontré d'une part que les riches québécois sont taxés à des taux marginaux qui dépassent de beaucoup ceux appliqués en Amérique du Nord et que, d'autre part, il n'y a pas suffisamment de riches au Québec pour combler notre trou budgétaire.
Il faudra bien envisager sérieusement une hausse de la TVQ et un relèvement quasi généralisé des tarifs. Comme l'a éloquemment illustré le rapport Montmarquette, plusieurs services publics pourraient être tarifés sans remettre en cause les valeurs d'accessibilité et d'équité qui nous animent comme société.
Afin d'augmenter ses revenus, le gouvernement doit également s'attaquer au commerce illicite des cigarettes et, plus globalement, au problème de la contrefaçon. En laissant aller les choses, il se prive de revenus importants dont il a bien besoin! Cela représente 1,6 milliard $ par année en manque à gagner pour les gouvernements. Tout le monde en souffre, notamment les dépanneurs qui comptent sur cette source de revenus.
Il faudra aussi s'interroger sur certaines dépenses. On ne peut pas avoir la politique familiale la plus coûteuse d'Amérique du Nord et refiler la facture aux enfants qui naissent aujourd'hui. C'est pour le moins contradictoire. En éducation, du primaire au collégial, il faudra bien un jour composer avec des budgets qui cessent d'augmenter, dans un contexte où les effectifs étudiants diminuent partout. Il faudra enfin apprendre à rendre notre système de santé plus productif, sans quoi il va engloutir la presque totalité des ressources de l'État québécois.
Bref, il faut engager sans délai le débat sur le retour à l'équilibre budgétaire. Une société responsable ne refile pas ses problèmes à la prochaine génération.
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Françoise Bertrand
Présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec


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