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Réseaux sociaux : Jusqu'où la censure ira-t-elle ?

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Le verrouillage d'internet se fait à la vitesse grand V

Sous la pression de plusieurs annonceurs de taille mondiale, les géants du Web intensifient leur croisade contre la "haine". Hier, Facebook a ainsi banni Dieudonné de ses plateformes, non pas en application d'une décision de justice mais suite à la consigne arbitraire de ses dirigeants. Aussi insupportable la rhétorique de l'humoriste soit-elle, le transfert en cours du contrôle de la liberté d'expression à des opérateur privés n'augure rien de bon.



Le groupe américain Facebook a annoncé ce lundi avoir fermé définitivement le compte de Dieudonné M’bala M’Bala en raison de "contenus se moquant des victimes de la Shoah" et de "termes déshumanisants à l'encontre des Juifs". Dieudonné a plusieurs fois par le passé été condamné en justice pour des propos antisémites abjects, et il n'est pas question ici de leur apporter une quelconque caution. Seulement, il est inquiétant qu'une société commerciale puisse unilatéralement le priver de son droit de s'exprimer. Car rien ne dit quelles sont les limites de la purge à l'oeuvre.



Plusieurs grandes entreprises internationales sont à l'origine de ce nouveau climat de censure. A la fin du mois de juin, des géants de la grande consommation comme Unilever, Coca-Cola et Honda ont en effet fait savoir qu'ils soutenaient le mouvement Black Lives Matter en gelant leurs budgets publicitaires sur les réseaux sociaux et en demandant instamment à ces derniers de "bâtir un écosystème numérique fiable et sûr" (comprenez: interdire tout contenu choquant). Immédiatement après, les patrons de Twitter, Snapchat et Youtube (propriété de Google) ont annoncé qu'ils feraient diligence. Dès le 30 juin, la chaîne Youtube de Dieudonné était ainsi fermée.



Facebook a en revanche davantage résisté (dans un premier temps) à ce chantage et a manifesté un certain attachement aux libertés fondamentales, comme en témoigne son actuelle opposition avec la Cour suprême brésilienne qui l'enjoint de fermer les comptes de certaines personnalités du pays. Devant le Congrès des Etats-Unis, le patron du groupe, Mark Zuckerberg, pouvait même lancer ce 30 juin: "Nous ne voulons pas devenir les arbitres de la vérité. Je pense que ce serait une mauvaise position pour nous et pas ce que nous devrions faire."


Hélas, derrière la communication, il y a la réalité. Et le bannissement de Dieudonné démontre que la pression des annonceurs est la plus forte. Rappelons que la loi Avia se proposait justement de confier aux plateformes le soin de censurer les contenus "haineux". Le texte a heureusement été retoqué le 18 juin dernier par le Conseil constitutionnel. Ce qui n'empêche manifestement pas les géant du Web d'en appliquer tout de même les principes, par pur opportunisme commercial. Ne comptant pas parmi les plus fidèles alliés du capital, Front Populaire ne peut que s'alarmer de cet état de fait.