Réplique: le Bloc profite de toutes les tribunes

Mme Gagnon n'est peut-être pas au courant, mais le 8 mai dernier, les Intellectuels pour la souveraineté (IPSO) et le Bloc québécois ont organisé conjointement un colloque sur l'avenir du Québec dans le Canada, qui contredit son propos.

Le Bloc Québécois a 20 ans!


L'auteur réplique à la chronique de Lysiane Gagnon intitulée «Affaires étrangères», publiée dans La Presse du 15 juin.*

Dans sa chronique, Lysiane Gagnon blâme le Bloc québécois en avançant qu'il fait la promotion de la souveraineté partout sauf au Québec. Or, elle qui travaille pour l'un des grands quotidiens québécois devrait pourtant savoir que le Bloc québécois profite de toutes les tribunes au Canada, à l'international, et surtout au Québec, pour faire la promotion de la souveraineté du Québec, conformément à la mission qui est la sienne depuis sa création.
Mme Gagnon n'est peut-être pas au courant, mais le 8 mai dernier, les Intellectuels pour la souveraineté (IPSO) et le Bloc québécois ont organisé conjointement un colloque sur l'avenir du Québec dans le Canada, qui contredit son propos. Ce colloque, qui a réuni près de 600 participants, a été l'occasion de constater que, 20 ans après l'échec de Meech et le rejet par le Canada des aspirations minimales (je le souligne) de la nation québécoise, l'opinion canadienne est plus fermée que jamais à l'égard du Québec. Pour plusieurs Québécoises et Québécois, cette fermeture vient renforcer leur conviction que la seule voie d'avenir pour le Québec, c'est la souveraineté.
Un sondage de la firme Repère communication présenté lors de ce colloque a démontré qu'au Canada, il n'y a plus aucune volonté d'ouvrir la Constitution pour reconnaître le Québec. Pas question que le Québec puisse être maître chez lui, même pas sur des questions aussi fondamentales que la langue, la citoyenneté ou la culture. Pire encore?: plusieurs Canadiens sont carrément opposés à ce que le Québec puisse exercer les pouvoirs exclusifs qui lui sont conférés par la Constitution canadienne.
Les Québécois doivent en prendre acte, et Mme Gagnon au premier chef: aujourd'hui, 20 ans après Meech, 30 ans après le référendum de 1980 et 15 ans après celui de 1995, une réforme du fédéralisme canadien qui répondrait aux aspirations de la nation québécoise est complètement illusoire. Mais chez les fédéralistes, on entretient un aveuglement volontaire bien pratique pour maintenir les Québécois dans l'illusion de cette possibilité.
Pendant que le Canada se construit à sa manière, selon ses priorités et ses valeurs, le Québec est donc contraint d'évoluer dans un fédéralisme canadien qui refuse de le reconnaître et de le laisser devenir maître chez lui, dans quelque domaine que ce soit. Ce cul-de-sac canadien ne représente pas un avenir viable pour le Québec. Au Bloc québécois, nous sommes fermement convaincus de la nécessité de la souveraineté, qui nous permettrait de prendre des décisions selon nos propres intérêts et d'avoir la pleine maîtrise de notre destinée. Dans un Québec souverain, nous pourrons assurer la prédominance de la langue française et l'épanouissement de notre culture. Dans un Québec souverain, personne d'autre que nous ne parlera en notre nom dans le monde.
Le projet souverainiste est en marche, et le Bloc québécois ne compte ménager aucune tribune pour diffuser son message et partager sa vision d'un Québec souverain, mais aussi pour sensibiliser les Québécois, les Canadiens et la communauté internationale à la fermeture du Canada quant aux aspirations du Québec.
* L'auteur est leader parlementaire du Bloc québécois et co-organisateur du colloque «20 ans après Meech, quel est l'avenir du Québec dans le Canada?».
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Pierre Paquette
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RÉPONSE DE LYSIANE GAGNON
Je suis parfaitement d'accord avec M. Paquette sur le fait que l'opinion canadienne s'est durcie à l'égard du Québec, et qu'il est illusoire de croire qu'une réforme constitutionnelle avantageuse pour le Québec est encore possible. Je l'ai écrit nombre de fois. Je ne fais certainement pas partie de ceux qui entretiennent cette illusion. Il n'y a, en effet, que deux options: l'indépendance (sans partenariat politique) et un statu quo plus ou moins flexible. Or je constate qu'une majorité de Québécois rejette la première option, sans équivoque et depuis longtemps... ce qui explique que le PQ ait cessé de parler de référendum. D'où mon étonnement de voir que le Bloc entretient à l'étranger l'illusion que le Québec s'achemine à court terme vers l'indépendance.
Lysiane Gagnon


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