Rentrée parlementaire: Couillard sous les feux de la rampe

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Philippe-Flop joue son va-tout

(Québec) Mardi prochain, il sera sous les feux de la rampe. Tous les yeux seront tournés vers Philippe Couillard quand, à titre de chef de l'opposition, il posera sa première question à Pauline Marois. Un peu comme pour le quart-arrière au football, ou le gardien au hockey, sa performance sera déterminante dans le succès de son équipe.
Une tournure malheureuse, une erreur de fait, et la victoire vous échappe. Sans possibilité de rattrapage; il risque de n'avoir que six périodes des questions pour s'illustrer à l'Assemblée nationale avant le déclenchement des élections générales.
Stressé? Le neurochirurgien en a vu d'autres: «Tout est relatif. Les gens me disent: "Tu n'as pas l'air stressé!" Quand tu opères quelqu'un qui est en danger et que sa famille attend à la porte pour savoir s'il vivra, c'est un autre niveau!», lance-t-il en entrevue à La Presse sur ses sentiments à la veille de son retour à cette Assemblée nationale qu'il avait quittée en juin 2008.
Hier, il est passé au Salon bleu, histoire de renouer avec les lieux, de se familiariser avec sa place, et celle de Pauline Marois qu'il convoite. En outre, il a participé à des simulations où Jean-Marc Fournier lui donnait la réplique dans le rôle de Pauline Marois. Fournier a croisé le fer avec elle pendant dix-huit mois.
Mais bien des libéraux vont retenir leur souffle, mardi; leur nouveau champion n'a rien du carnassier, du boxeur déterminé à frapper durement l'adversaire. On appréhende déjà le débat télévisé en campagne. «Vous allez voir que je peux être ferme dans mes critiques, mais je suis quelqu'un de respectueux avec les gens. Je ne deviendrai pas grossier. J'aurai 57 ans dans quelques mois, je ne jouerai pas un personnage différent de ce que je suis, les gens le percevraient tout de suite!», explique-t-il à quelques jours de ce premier affrontement.
Sens de l'humour
Il rigole quand on lui rappelle son personnage à Gérard D. Laflaque. Serge Chapleau en a fait une sorte d'Achille Talon, un moulin à paroles qui, toujours sur le même ton, débite un discours ampoulé, incompréhensible. «J'apprécie l'humour, mais je reçois le message. Je me dis que quand j'exprime une idée, les gens doivent comprendre clairement de quoi il est question.» En campagne électorale, les gens verront «en termes simples et concrets» ce que le PLQ propose, promet-il. Pour Philippe Couillard, la situation au Québec peut être dépeinte à l'aide de trois chiffres: le Québec constitue 23% de la population canadienne, mais ne représente que 20% de la richesse collective. Par ailleurs, sa part des dépenses gouvernementales atteint 27%. On a pu masquer cette réalité avec les transferts fédéraux et des impôts plus lourds, «mais là, on est rendus au mur», prévient-il.
En Chambre, «je vais être moi-même, laisser libre cours à l'indignation qu'on ressent à l'endroit de ce gouvernement. Je ne changerai pas ma personne. Je vais être ce que je suis, c'est ça que je mets sur la table. Est-ce que je vais insulter les gens? Non. Est-ce que je vais hausser le ton? Oui».
Un rôle différent
Pendant cinq ans, il a siégé comme ministre de la Santé, un rôle bien différent de celui de membre de l'opposition, où on doit passer à l'attaque. «Ce serait un pari assez sécuritaire de penser que je vais intervenir sur l'économie», ironise-t-il, mais il veut rester loin de la valse des milliards. «Au bout de la route, les problèmes de finances publiques sont très concrets, c'est la capacité de soigner les malades, d'éduquer les enfants, de prendre soin des personnes vulnérables.» Il réprouve l'électoralisme des dernières interventions de Québec: «85 annonces en Mauricie, c'est assez grossier. La Mauricie vient de perdre 12 000 emplois dans les derniers mois, je ne suis pas sûr que la population apprécie».
«On peut parler de duplessisme. C'est le retour à la formule où on dit votez du bon bord, et voyez ce qui arrive. Mme Marois l'a même dit explicitement en annonçant la cimenterie à Port-Daniel», de lancer M. Couillard.
Pas question d'imiter ses prédécesseurs
«Je peux manifester la colère qui est en moi, mais à ma façon», résume Philippe Couillard. Quand on lui rappelle que Jean Charest pouvait être d'une redoutable efficacité à l'attaque, il réplique: «Il y a eu d'autres chefs dans le passé au PLQ, chacun avait sa personnalité.» Pas question pour lui d'imiter qui que ce soit.
Le théâtre «fait partie du jeu politique, les gens aiment les débats, mais les gens vont voir qu'il y a du fonds dans ce que je dis. Cela permettra aux gens de voir la différence entre ce qu'on propose et ce que propose le Parti québécois. Les gens disent: les politiciens, c'est tout pareil! Ce n'est pas vrai», de conclure le chef libéral.


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