Rencontre avec Yanis Varoufakis : « Il est temps d’ouvrir les boîtes noires »

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Une autre façon de faire la politique

Il y a une semaine, l’ex-ministre grec des finances Yanis Varoufakis était en France à l’invitation d’Arnaud Montebourg. J’ai eu la chance de le rencontrer, une occasion de dépasser le personnage-écran, narcissique et provocateur, que les médias ont construit et véhiculé dans le but de le décrédibiliser. C’est un homme chaleureux, ouvert à la discussion et préoccupé non seulement par l’avenir de son pays mais par celui de l’Europe.



Avec son crâne rasé, sa veste en cuir et ses chemises bleu électrique, il a fait irruption sur les écrans du monde entier comme un personnage d’une série TV, larger than life, une sorte de “House of Cards” à l’européenne au cours de laquelle les formes et les exigences de la délibération démocratique ont été sacrifiées par les médias à la dramaturgie des événements et aux exigences purement narratives de l’intrigue. Dans cette nouvelle saison de la crise grecque, “It’s the romance not the finance” (c’est la romance pas la finance) qui a fait les beaux jours et les audiences de la médiasphère (lire Grèce contre Europe: la guerre des récits). Mais au-delà du personnage-écran, narcissique et provocateur, que les médias ont construit et véhiculé, qui est Yanis Varoufakis ?


Les médias l’ont d’abord adoré. Comparé à Bruce Willis par la chaîne publique de TV allemande ZDF, félicité pour sa « virilité classique » par Stern, qualifié de « sex icon » par le journal Die Welt proche des milieux conservateurs d’Angela Merkel, Varoufakis a fait l’unanimité des médias qui ont reconnu en lui un « intéressant personnage », une story. La palme revint au magazine Stylebook qui fit ce commentaire : « Son style cool est quelque chose que vous ne pouvez pas manquer », sous le titre :  « Pauvre mais sexy ! ». Mais les négociations se durcissant, les commentaires ont changé, son look n’était plus si cool, on lui trouva soudain des airs de « videur de boîte de nuit ».« Les tenues décontractées qu’affiche M. Varoufakis, affirmaitThe Financial Times, vont bien au-delà d’une question de style. Elles symbolisent le message selon lequel Syriza, le parti de la gauche radicale au pouvoir à Athènes, est un mouvement anti-establishment dont l’intention est de défier l’orthodoxie dont l’Allemagne est le chef de file. » La responsable de la rubrique “Fashion” du Guardian observait que le style de Varoufakis a marqué les esprits à Londres. « Une veste en cuir et une chemise jazzy, ce n’est pas une tenue habituelle pour une réunion internationale des finances »


Les semaines passant, les éditorialistes ne tardèrent pas à percevoir le danger de la « Varoufmania » naissante. Le nouveau ministre des finances grecs était en train de devenir un héros populaire. Le duel Varoufakis/Schäuble (le ministre allemand de l’économie) menaçait de tourner à l’avantage du premier. Car tout opposait les deux ministres des finances : la génération, le style, la « culture » politique. L’héritier d’Helmut Kohl était le survivant d’une génération politique disparue pendant que son collègue grec incarnait l’avenir et s’affichait avec Barack Obama. L’inflexible Dr Schäuble défendait les intérêts nationaux de l’Allemagne quand Varoufakis parlait au nom de l’Europe. L’un, rugueux et minéral, appartenait à la galaxie Gutenberg, coulé dans le marbre de l’expérience vécue. L’autre à la planète Internet, mobile, flexible, adaptable…


On pourrait multiplier à l’infini le jeu des oppositions, un contraste saisissant entre deux univers narratifs, une caractérisation idéale pour un scénariste. Plus les nécessités de l’intrigue s’imposaient, plus s’éloignait la perspective d’un compromis. L’arbitrage entre des intérêts contradictoires s’effaçait au profit d’un affrontement fictif qui échappait aux lois de la négociation pour obéir aux lois d’une intrigue dont la résolution ne pouvait être que le triomphe du vainqueur et l‘humiliation du vaincu.


Le ton changea brusquement. Ce qui était surprenant devint déplacé. Le radical chic céda la place au « choc Varoufakis », le « cool » devint une faute de goût sur la scène très « policée » des « institutions ». On alla jusqu’à diffuser sur une grande chaîne allemande une vidéo où il faisait un doigt d’honneur à l’intention des Allemands. Varoufakis au pays du fake ! « Pas les mêmes codes, pas les mêmes référents, pas les mêmes manières de se comporter… », trancha la correspondante du Monde à Bruxelles : « Le look très rock de M. Varoufakis, son côté Bruce Willis – crâne rasé, carrure athlétique, chemise ouverte et col de veston relevé –, avec l’air de monter sur le ring à chaque fois qu’il arrive aux réunions de l’Eurogroupe, le dessert. »


Comment cet homme qui a fait irruption sur la scène médiatique il y a moins d’un an a-t-il attiré tant de haines de la part des dirigeants européens et des médias dominants ? Quel genre d’homo politicus est-il ? Est-ce un brillant économiste égaré dans la politique ? Un piètre négociateur qui a échoué à convaincre ses partenaires européens ? Un donneur de leçons ? Un provocateur comme l’ont décrit à longueur d’articles les médias dominants ? Comment distinguer l’homme réel de l’homme fictif ? Varoufakis de son fake ? Est-il un excellent économiste mais un mauvais politicien selon les mots d’Alexis Tsipras dont l’histoire dira s’il fut un meilleur politicien ? Un marxiste hétérodoxe comme il s’est défini lui-même dans un essai autobiographique écrit bien avant sa nomination et publié par The Guardian en février dernier ? Pourquoi cet homme qui a fait irruption sur la scène médiatique voilà moins d’un an a-t-il attiré tant de haines de la part des dirigeants européens et des médias dominants ? Qui a peur de Yanis Varoufakis ?


Je voudrais dans cet article tenter de répondre à ces questions. Pour cela, il faut bien sûr chasser les fantômes, débrancher les écrans et faire un sort aux images médiatiques et aux fausses rumeurs qui ont pollué son action pendant les cinq longs mois de la guérilla médiatique qui l’a opposé aux représentants actuels de l’Union européenne. Mais pourquoi s’y attarder ? Les lecteurs de Mediapart sont bien informés et savent ce que valent ces figures imposées… Pour comprendre quel genre d’homme politique est Yanis Varoufakis, il ne suffit pas de tourner le dos au personnage public construit par les médias. Il faut tenter de comprendre son rapport à la politique au-delà de la fonction ministérielle qu’il a exercée pendant cinq mois.


Lanceur d’alerte


« Je suis ici, me dit-il, parce que ce qui nous est arrivé est en train de vous arriver. La Grèce est un champ de bataille sur lequel une guerre contre la démocratie européenne, contre la démocratie française, a été tentée et testée… Je suis ici parce que notre Printemps d’Athènes a été écrasé, comme le fut celui de Prague. Bien sûr pas par des tanks, mais par des banques. Comme Bertolt Brecht l’a dit une fois« Pourquoi envoyer des assassins quand nous pouvons recourir à des huissiers ? » Pourquoi faire un coup d’État quand vous pouvez envoyer le président de l’Eurogroupe dire, au nouveau ministre des finances d’un gouvernement fraîchement élu, trois jours après son entrée en fonction, qu’il a le choix entre le programme d’austérité antérieur qui a plongé son pays dans une énorme dépression, ou la fermeture de ses banques nationales ? Pourquoi envoyer des troupes quand des visites mensuelles de la Troïka peuvent contrôler chaque branche du gouvernement et écrire chaque loi du pays ? »


Pour Varoufakis, la Grèce est le laboratoire de cette stratégie du choc dont parlait Naomi Klein et qui sera appliquée, si elle n’est pas combattue, à toute l’Europe. « À ceux qui disent « plus d’Europe » et parlent en faveur d’une « union politique », je dis : méfiez-vous ! L’Union soviétique était aussi une union politique. La question est : Quel genre d’union politique ? Un royaume démocratique de prospérité partagée ? Ou une cage de fer pour les peuples d’Europe ? »


On peut bien sûr discuter de sa stratégie de négociation sauf à considérer comme il l’a démontré à maintes reprises qu’il n’y a pas eu de négociation et qu’il a fait la seule chose qu’il pouvait faire : en appeler à l’opinion publique en l’éclairant, en l’informant, en brisant le secret des délibérations en s’efforçant de créer une opinion publique européenne. « Notre longue négociation de cinq mois fut un conflit entre le droit des créanciers de gouverner un pays débiteur et le droit démocratique des citoyens de cette nation d’être autogouvernés. Il n’y a jamais eu une négociation entre l’UE et la Grèce en tant qu’État membre de l’UE » (lire Un insider raconte comment l’Europe a étranglé la Grèce).




Par ses déclarations et ses écrits, Varoufakis a jeté une lumière crue sur le fonctionnement de la maison Europe. S’il n’a pas réussi à faire plier la « Troïka », il a démonté les rouages de son pouvoir comme personne avant lui. Il a éclairé la scène de la « dette », une scène confuse où se mêlent les visages impuissants des gouvernants et le pouvoir sans visage de la Troïka, les créanciers voraces, les fonctionnaires de Bruxelles, des instances anonymes, « les marchés » qu’on invoque comme des divinités. Il a mis au jour les contradictions entre le FMI et l’Union européenne sous influence allemande : un conflit entre le néolibéralisme anglo-saxon (dérégulation, intervention de l’État, financiarisation) et l’ordolibéralisme allemand (empire de la « norme », de la faute de l’endettement, la rigueur budgétaire réparatrice…). Il a démystifié la croyance collective des élites bureaucratiques en la performativité des normes juridiques contenues dans les traités européens. L’empire du « chiffre » et de la « norme » qui substitue aux leçons de l’histoire économique des rituels d’obéissance et de sacrifices. Une grammaire du blâme et de la punition qui structure le langage des élites bureaucratiques et médiatiques. « Une des grandes ironies de cette négociation, c’est qu’il n’y a pas eu de discussion macro-économique au sein de l’Eurogroupe. Tout est basé sur des règles, comme si les règles étaient un don de Dieu et comme si les règles pouvaient s’imposer aux règles de la macroéconomie. J’ai insisté pour parler macroéconomie ! »


Si Yanis Varoufakis met au supplice les professionnels de la politique, c’est qu’il est le premier leader politique qui a compris que la politique européenne ne peut survivre à l’opacité de ses délibérations, et en a tiré toutes les conséquences. Le modèle des partis nationaux représentés à Bruxelles est devenu obsolète. L’Eurogroupe est une institution sans existence légale, un groupe informel qui pilote l’Eurozone sans contrôle démocratique. L’institution chargée de faire appliquer les sacro-saintes règles ordolibérales fonctionne sans règles.


Au cours d’une réunion de l’Eurogroupe, raconte Varoufakis, le Dr Schäuble a déclaré :« Les élections ne peuvent pas changer quoi que ce soit. Si à chaque fois qu’il y a une élection les règles changeaient, l’Eurozone ne pourrait pas fonctionner. » Reprenant la parole, Varoufakis lui répond : « S’il est vrai que les élections ne peuvent rien changer, nous devrions être honnêtes et le dire à nos citoyens. Peut-être devrions-nous amender les traités européens et y insérer une clause suspendant le processus démocratique dans les pays obligés d’emprunter auprès de la Troïka. Mais, a-t-il demandé à ses collègues ministres, est-ce que l’Europe est d’accord avec ça ? Est-ce que nos peuples ont voté pour ça ? » Une réplique digne de l’arpenteur de Kafka ! Varoufakis serait-il l’arpenteur d’un empire envoûté, gouverné par les sortilèges et la pensée magique, chargé non plus de mesurer les distances réelles dans un monde réel mais de spéculer dans un monde envoûté où la raison et la mesure n’ont plus de prises. « Vous mettez en avant un argument que vous avez vraiment travaillé – pour vous assurer qu’il est logique et cohérent – et vous êtes juste face à des regards vides. » Une mécanique particulièrement troublante « pour quelqu’un qui a l’habitude des débats académiques », avoue l’économiste.


Plus le temps passera, plus on se rendra compte que Yanis Varoufakis n’a pas été seulement l’éphémère ministre des finances du premier gouvernement Tsipras, mais un fantastique éclaireur de la scène politique européenne. C’est un héritier de la tradition des Lumières convaincu des vertus de la délibération démocratique et du débat rationnel. Il bouleverse les codes de la politique européenne par une manière inédite de négocier en associant l’opinion publique, en mettant l’accent sur la rationalité dans la discussion. Économiste par accident, marxiste hétérodoxe. politicien malgré lui, Varoufakis appartient à cette nouvelle génération politique des lanceurs d’alerte qui a remplacé les militants ambiguës de l’action humanitaire et du droit d’ingérence. Les Julien Assange ou les Edward Snowden, accusés comme lui de haute trahison, car ils sont prêts à transgresser les règles du secret au nom d’un intérêt plus haut, celui de la démocratie.


Varoufakis en “parrêsiaste”


Pour Varoufakis, le temps est venu de réinventer une nouvelle « agora » européenne, un réseau dont l’objectif  explicite soit la démocratisation de l’Europe. « Je n’ai pas d’autre passion que de contribuer à réinventer la démocratie en Europe. » Non pas un nouveau parti politique, mais une coalition paneuropéenne de citoyens, de Helsinki à Lisbonne et de Dublin à Athènes, s’engageant à passer d’une Europe signifiant « Nous, les gouvernements » à l’Europe du « Nous, le peuple ». « Voilà pourquoi il est si important que nous évitions de commencer des phrases par « Les Allemands ceci » ou « Les Français qui » ou « Les Grecs ». Voilà pourquoi il est impératif que nous comprenions que « les » Allemands, « les » Grecs ou « les » Français n’existent pas. Que nous sommes tous des Européens face à une crise éminemment européenne.
 »


Mais comment faire pour créer une nouvelle agora démocratique en Europe ?


Cela pose de redoutables problèmes même si ces problèmes ne sont pas nouveaux. Michel Foucault en a reconstitué la généalogie au tournant du Ve et du IVe siècle à Athènes, justement. Il a décrit la crise de la démocratie athénienne à la fois comme un problème discursif, le paradoxe du « parler-vrai » en démocratie (la parrêsia), et comme un déplacement de la « scène » du politique : de l’« agora » à l’« eklésia » – c’est-à-dire de la « cité » des citoyens à la « cour » des souverains. (Nous dirions aujourd’hui : de la place publique aux tours vitrées de Bruxelles.)


Réinventer une agora démocratique pose donc un double problème : un problème scénographique – le changement de la scène démocratique – et un problème discursif – à quelle condition la parole publique peut s’exercer démocratiquement.


1. Le problème de la scène démocratique. Depuis l’agora des Grecs jusqu’aux réseaux sociaux d’aujourd’hui, en passant par les chambres parlementaires et leur règlement, la démocratie dépend de dispositifs concrets d’énonciation, de transmission, de réception, de la parole. Dans quel ordre vont s’exprimer les orateurs ? Comment leur parole est-elle retransmise : grâce à l’acoustique du lieu, ou par des moyens de retransmission comme la radio, la télévision, ou Internet ? Quelle est la forme du droit de réponse utilisée par les citoyens ? S’effectue-t-il en direct, sous la forme de questions écrites, par l’intermédiaire des journalistes, ou par la voie d’une interpellation directe à la tribune ou comme c’est le cas aujourd’hui au cours des débats à la télévision par Twitter interposé ? C’est toute la question de l’acoustique démocratique. Reste la question du temps. Qui décide de l’ordre du jour ? Qui dicte l’agenda des enjeux démocratiques ? Qui du gouvernement et des médias conditionnent l’agenda de l’autre ? Le timing des médias se substitue au temps long de la délibération. L’agenda politique cède le pas à l’agenda médiatique. Tel est le rôle que joue la nouvelle « agora » des internautes qui peut imposer un autre agenda politique et parfois même renverser le régime et sa mauvaise « parrêsia », en s’assemblant sur les places publiques et en exprimant sa colère…


2. Les conditions d’un « parler-vrai ». Varoufakis est un adepte du “parler vrai” dans le sens que lui a donné Michel Foucault dans son séminaire du Collège de France sur la “Parrêsia”:  une pragmatique et une éthique du discours de vérité (Le Gouvernement de soi et des autres – cours au Collège de France 1982-1983, Paris, Gallimard/Le Seuil, 2008, p. 194). La “parrêsia” selon Foucault suppose des conditions juridiques, formelles – le droit pour tous les citoyens de parler, d’opiner –, mais aussi des compétences particulières de la part de ceux qui s’expriment et prennent l’ascendant sur les autres. « Condition formelle : la démocratie. Condition de fait : l’ascendant et la supériorité de certains. » Foucault retient deux autres conditions. « Une condition de vérité : la nécessité d’un logos raisonnable. Il faut que le discours soit un « discours de vérité » ou à tout le moins inspiré par la quête de la vérité et non simplement par le désir de plaire ou de flatter l’auditoire. C’est pourquoi un discours de vérité n’est possible dans une démocratie que sous la forme de la joute, de la rivalité, de l’affrontement, ce qui exige, dernière condition, du courage de la part des individus qui prennent la parole, le courage dans la lutte. »


« Il est temps d’ouvrir les boîtes noires » 


Le meilleur moyen de comprendre le rapport de Varoufakis à la politique et sa conception de l’engagement public est de lire un texte peu connu qui date d’avril 2012, trois ans avant qu’il soit nommé ministre de l’économie du gouvernement d’Alexis Tsipras. Ce texte qui s’intitule « Il est temps d’ouvrir les boîtes noires »a été écrit à l’occasion d’une exposition de son épouse, l’artiste Danae Stratou (lire notre Boîte noire). C’est une métaphore de la nécessaire ré-invention de la démocratie. C’est un texte politique non pas dans un sens étroit, celui d’un programme électoral ou d’une analyse politique ; son titre le dit assez, c’est un “geste” politique qui dessine une autre manière de faire de la politique.


« Nous vivons entourés de boîtes noires, m’explique Varoufakis. Nos téléphones portables sont des boîtes noires et nous n’avons nul besoin d’en connaître le fonctionnement précis pour les utiliser. Les personnes qui nous entourent sont aussi des boîtes noires, même celles que nous connaissons le mieux, nous ignorons tout des métabolismes qui sont à l’œuvre dans leur corps, de l’activité de leurs neurones quand elles nous parlent ou nous écoutent. Et cela ne nous empêche pas de les comprendre et de les aimer. » Mais il y a d’autre boîtes noires : « Les entreprises, les marchés, les États, les banques, les institutions supranationales sont des super-boîtes noires. Des réseaux interconnectés de pouvoirs qui fonctionnent dans l’opacité mais qui contrôlent nos vies. Personne ne comprend comment elles fonctionnent, pas même les personnes à leur tête. Elles détiennent le pouvoir d’écrire l’ordre du jour, de déterminer la conversation, d’implanter des désirs dans nos âmes, de canaliser le flux d’informations pour nous attirer dans le réseau. L’ouverture de ces super-boîtes noires est devenue une condition préalable indispensable à la survie des populations et de la planète. Car ces boîtes noires depuis 2008 ne fonctionnent plus. Nous n’avons plus d’excuses. Il est temps d’ouvrir ces boîtes noires. »




Boîte noire : L’œuvre de Danae Stratou est un projet participatif. L’artiste a proposé à un éventail de personnes contactées par les réseaux sociaux d’exprimer par un mot leur inquiétude, leur peur de l’avenir ou leur besoin de protection. Parmi un millier de réponses, elle a choisi une centaine de mots qu’elle a déposés dans 100 “boîtes noires” en aluminium, alignées au sol à égale distance les unes des autres, de manière à former une grille rectangulaire. L’installation constitue donc une sorte d’échiquier des frayeurs contemporaines. En entrant dans l’espace d’exposition, le spectateur est confronté à un mélange de sons, des bips, des battements cardiaques, des explosions et des lignes plates. Chaque boîte contient un écran sur lequel s’affichent les mots sélectionnés par l’artiste et un compte à rebours qui dramatise l’écoulement des secondes comme dans une bombe à retardement. Lorsque le compte à rebours est écoulé, chaque boîte émet le son d’une explosion, de manière à intensifier la sensation de tension, de crise et d’alarme…



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