Réinventer la roue

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«Le PQ est devenu trop inconsistant»





Coincé à 23% d’appuis, un plancher historique, le Parti québécois tente de se réinventer pour une énième fois. Depuis sa défaite en 2003 aux mains de Jean Charest, le rituel du «renouveau» s’est répété sous chacun de ses chefs.


Sous Bernard Landry, la «saison des idées» visait à moderniser le PQ. Sous André Boisclair, le PQ pariait sur la jeunesse de son chef et un nationalisme dit «civique». Doublé en 2007 par l’ADQ, sous Pauline Marois, le PQ opéra le virage contraire. Se collant au nationalisme identitaire des adéquistes, puis des caquistes, le PQ frappa un mur avec sa charte des valeurs fermée à tout compromis.


Sous Pierre Karl Péladeau, la souveraineté fit un bref retour comme objectif premier du parti. Sous Jean-François Lisée, le virage est de «chasser les libéraux» en 2018 en remettant son option à plus tard.


Trop de virages


Il n’y a bien sûr que les fous qui ne changent pas d’idée. Or, à force d’aligner les virages contradictoires, le PQ est devenu trop inconstant. Face à un électorat francophone plus divisé que jamais, c’est un handicap majeur.


Un handicap d’autant plus plombant que le PQ est cerné par trois adversaires — PLQ, CAQ et Québec solidaire —, dont les identités politiques respectives sont maintenant claires comme de l’eau de roche.


Ébranlé par le non cinglant de QS à toute convergence, voilà que le PQ entreprend un autre virage. Après le préjugé propétrole de l’ère Marois, le PQ veut désormais marier le développement économique à l’environnement. Devant ses troupes réunies en conseil national, M. Lisée promettait, s’il forme le prochain gouvernement, de présenter «le budget du virage vert» pour une «nation verte».


Après le fiasco de la charte des valeurs, le chef péquiste mise aussi sur le recrutement de candidats «issus de la diversité» – une expression d’un flou agaçant. Pourquoi ne pas parler simplement de candidatures plus représentatives d’une nation québécoise elle-même de plus en plus diversifiée?


Chaînon manquant


Plus de diversité, plus de jeunes et de politiques «vertes», même si cet autre virage semble aussi taillé sur mesure pour séduire des électeurs solidaires, ce sont d’excellents choix en soi. Le problème est qu’en même temps, la vraie raison d’être du PQ — le combat politique pour la souveraineté — est encore remise à plus tard.


C’est comme si ce parti avait oublié comment proposer des politiques audacieuses tout en les arrimant à son option souverainiste. Depuis le dernier référendum et à de rares exceptions près, il est là, le chaînon manquant de son ADN politique.


D’où ses multiples «virages» cherchant à combler l’absence de cet élément essentiel de sa propre identité. D’où son inconstance qui, au fil des ans, éloigne son électorat autrefois fidèle.


Au lieu de chercher à réinventer la roue, se reconnecter à sa raison d’être poserait au moins les premiers jalons d’un retour possible au bercail d’une partie des électeurs souverainistes laissés en ballottement.



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