Refus d'une commission d'enquête sur la construction

Le PLQ a peur d'être entaché, affirme Khadir

Enquête publique - un PM complice?

Québec -- C'est parce que certains libéraux notoires risqueraient de se retrouver au banc des accusés que le gouvernement Charest refuse «obstinément» de déclencher une enquête publique sur l'industrie de la construction, a soutenu hier le député de Québec solidaire, Amir Khadir. «Je crois assez sérieusement que le Parti libéral du Québec pourrait être entaché lors d'une telle enquête», a-t-il déclaré au Devoir. De toute façon, explique-t-il, le refus «obstiné» d'en déclencher une «apporte chaque jour de l'eau au moulin de ceux qui croient que ce parti a quelque chose à cacher dans ces affaires».
Le député de Mercier prétend qu'«il y a un certain nombre d'acteurs dans les histoires louches qui sont survenues à la Ville de Montréal qui sont très proches des libéraux». M. Khadir désigne l'ancien président du comité exécutif de Montréal et ex-maire de Saint-Léonard, Frank Zampino, ainsi que ce qu'il décrit comme «tout le réseau des roitelets des petites villes qui ont fait la gloire et le beau temps pour [Gérald] Tremblay».
De Zampino à Zambito
Jeudi, l'émission Enquête de Radio-Canada a diffusé un enregistrement d'une conversation téléphonique dans laquelle un entrepreneur, Lino Zambito, proposait à des élus de l'opposition à la Ville de Boisbriand d'éviter des élections le 1er novembre. Le Directeur général des élections du Québec a annoncé hier qu'il ferait des vérifications dans cette affaire. «Nous vérifions si une infraction a été commise relativement à la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités», a indiqué Denis Dion, porte-parole du DGEQ.
Patron de l'entreprise de construction Infrabec, Lino Zambito a obtenu plus de 50 % des contrats de la municipalité de Boisbriand ces dernières cinq années. Il a aussi été le seul soumissionnaire pour la construction de l'usine d'épuration des eaux. Or, selon le site du DGEQ, on peut voir qu'un Lino Zambito a beaucoup contribué au Parti libéral du Québec de 2003 à 2008: 3000 $ en 2008, 2000 $ en 2007, 3000 $ en 2006, 2800 $ en 2005, 3000 $ en 2004 et 500 $ en 2003, pour un total de 14 300 $. Le même électeur a aussi versé un total de 4500 $ à l'ADQ, soit 2000 $ en 2002 , 1500 $ en 2003 et 1000 $ en 2007. Le Parti québécois a aussi profité de sa générosité, mais pour plus petits montants: 600 $ en 2001, 720 $ en 2004, 250 $ en 2005, 1000 $ en 2006 et 1000 $ en 2007.
Le député péquiste de Groulx (qui couvre Boisbriand et Sainte-Thérèse), René Gauvreau, avocat et ancien du milieu communautaire des Laurentides, connaît M. Zambito. «Il n'a pas donné à ma campagne cette année et ça ne me dérange pas», a-t-il dit hier, soutenant qu'ainsi, comme député, «il ne sera dans la mire de personne». M. Gauvreau soutient par ailleurs que «ça ne respirait vraiment pas bien» dans certaines villes de son comté: l'atmosphère électorale était «à la tempête», notamment à Boisbriand, a-t-il fait remarquer. Tellement qu'il a pris une décision, avec son équipe, «de s'en tenir le plus loin possible». «On reprendra contact avec les élus à partir du 2 novembre.» M. Gauvreau se dit favorable à la tenue d'une enquête publique, «car la police enquête sur des cas particuliers, pas sur un système. Et là, on a l'apparence d'un système».
Même refus
Au gouvernement, on a rejeté net toute «théorie du complot» comme celle qu'a avancée Amir Khadir, hier. Le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, a été encore contraint, toute la journée hier, d'expliquer pourquoi son gouvernement refusait de déclencher une enquête publique sur l'industrie de la construction, malgré l'avalanche de faits troublants révélés par les médias en général et Radio-Canada en particulier.
M. Dupuis a toutefois beaucoup insisté, hier, sur le fait qu'il «n'avait jamais fermé la porte à une enquête publique». Même son de cloche au bureau du premier ministre, où on soulignait que le gouvernement n'avait «jamais dit non à une telle enquête». M. Dupuis a toutefois ajouté: «Pour l'instant, ce serait prématuré parce que j'ai des enquêtes qui sont en cours et je ne veux pas les mettre en péril.»
Selon lui toutefois, la police est «l'institution qui a les meilleurs moyens d'aller au fond des choses» et c'est à elle que les gens qui ont des faits à dénoncer devraient parler. «Bien sûr, à un certain moment, la police ne peut pas aller plus loin. Et à ce moment-là, on trouve d'autres façons», a-t-il indiqué, sans préciser davantage.


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