Réformons le capitalisme... avant qu'il ne s'effondre

Crise mondiale — crise financière


« A BAS LE CAPITALISME…RÉFORMÉ »
Ils sont nombreux à crier du côté gauche de la bouche : « À BAS LE
CAPITALISME » et du côté droit de la bouche : « RÉFORMONS LE CAPITALISME
AVANT QU’IL NE S’EFFONDRE ». Tous ces sociaux-démocrates et leurs amis
opportunistes qui les encadrent sont sortis de sous terre cet été et ils
organisent présentement des universités d’été et des colloques
anti-capitalistes. Comme lors de la dernière flambée de révoltes entre 1968
et 1978 ils montent aux créneaux remplir leur mission au service du
capital.
La révolte arabe est grosse d’une Révolution mais l’accoucheur tarde à se
présenter afin de libérer le bébé des forceps de la réaction nationale et
internationale. Il est important d’analyser et de comprendre les révoltes
du Printemps arabe car les mêmes conditions économiques, sociales et
politiques prévalent ici en Occident où les soulèvements populaires
spontanés (Athènes, Londres) risquent de donner les mêmes résultats, une
succession de flambées de violence anarchiques durement réprimées par la
violence d’État et sans lendemain.
Où réside la responsabilité de ce gâchis militant révoltant ? C’est ce que
nous allons examiner.
LA RÉVOLTE ARABE
Un samedi matin du mois d’août 2011, nous sommes plus d’une centaine
entassés dans une salle du camp forestier de Saint-Alphonse (l’héritage
chrétien est prégnant sur les terres autochtones du nord québécois). Un
pageant de militants pavane sur la scène en avant. Ces sommités de « gauche» et de centre gauche tentent de nous expliquer pourquoi les « Révolutions arabes» victorieuses ont du mal à accoucher d’élections « démocratiques crédibles et populaires ».
J’écoute le salmigondis des experts empêtrés dans des analyses alambiquées
qui ne font qu’approfondir l’incrédulité de l’auditoire. Difficile
d’expliquer et de faire comprendre une révolte populaire anti-impérialiste
quand on épouse la grille d’analyse de madame Hillary Clinton, secrétaire
d’État de la première puissance impérialiste du monde.
C’est madame Clinton qui la première a dit, un peu avant le départ
précipité de Ben Ali (Tunisie) pour son repaire d’Arabie, que les «
Révolutions arabes » visaient essentiellement à conquérir le douteux
privilège de voter « démocratiquement » en faveur du dictateur de son
choix. Ils seront finalement cent candidats tunisiens à proposer leur
service comme sous-fifres entre Madame Clinton et le peuple tunisien.
Pendant ce temps l’ancienne équipe de Ben Ali poursuit ses travaux de
mystification – Constituante – et prépare fébrilement cette élection bidon.
Mais voilà où le bât blesse. L’experte sur la scène à l’avant, militante
féministe tunisienne depuis longtemps, est horrifiée par les résultats
anticipés de ce vote « démocratique ». En effet, les islamistes
réintroduits dans le pays à la faveur de la nuit, soutenus et lourdement
financés par les principautés intégristes du Golfe Persique, avec la
bénédiction de leur patron américain, risquent d’emporter le scrutin.
Doit-on retirer le droit de vote à ce peuple ingrat et ignare songe-t-elle,
et réclamer un coup d’État réactionnaire de la part de l’armée de Ben Ali
(sans Ben Ali), ou doit-on laisser cheminer cette élection bidon, qu’elle a
tant réclamée, au risque de devoir reporter le voile dans les rues d’El
Kantaoui ? Dilemme cornélien n’est-ce pas ? Mais était-il nécessaire de
renverser Ben Ali qui avait réussi à expulser les islamistes pour
aujourd’hui demander à son armée de réimposer la dictature militaire de Ben
Ali (sans Ben Ali) ?
Revenons à l’essence de ces soulèvements arabes afin de mieux comprendre
leur dynamique et leur évolution et comment la « gauche » et le centre
gauche ont pu se laisser fourvoyer de la sorte jusqu'au point de s’empêtrer
dans ces contradictions loufoques.

Le soulèvement populaire spontané et anarchique tunisien, pour prendre cet exemple spécifique, fut un soulèvement pour le pain, le logement, le
travail, le pouvoir d’achat, contre la répression policière et pour la
dignité d’un peuple courbé sous l’oppression d’un dictateur élu au service
des puissances impérialistes.
Dès son origine cette lutte populaire, menée sur le front économique était
inconsciemment une lutte anti-impérialiste. Inconsciemment disons-nous, car
bien peu de manifestants lançaient l’appel au renversement du capitalisme
en Tunisie. La plupart des tunisiens croyaient que le pouvoir d’État
entendrait leurs protestations et leurs récriminations et obtempérerait à
leurs revendications. Nous disons tout de même anti-impérialiste car
nonobstant l’inconscience des masses en soi, le simple fait de revendiquer
la nourriture, le logement, le travail, le pouvoir d’achat et la fin de la
répression policière heurtait directement les forces compradores locales
qui ne peuvent tout simplement pas continuer à la fois à exporter le
capital, la plus value et les richesses tunisiennes dans les pays
impérialistes d’Europe et satisfaire également les demandes des insurgés.
C’est tout simplement impossible.
La présente crise économique impérialiste ne peut être contenue qu’en
imposant encore et toujours de plus lourds sacrifices à tous les peuples du
monde afin de maintenir les richesses et les profits d’environ 10 millions
de milliardaires mondiaux qui ensemble représentent moins de 1% de la
population mondiale (00,15 %) mais qui ensemble possèdent
42,700,000,000,000.$ (ça se lit 42,7 mille milliards de dollars) des
valeurs mondiales.
Sans l’intervention de madame Hillary Clinton à laquelle ont fait écho
l’ensemble des médias bourgeois mondiaux ainsi que les groupes
sociaux-démocrates, pacifistes, altermondialistes et gauchistes, le
soulèvement tunisien, suivi par une kyrielle d’autres soulèvements
populaires arabes, risquait de dégénérer en soulèvement anti-impérialiste
généralisé.
En effet, tous ces soulèvements visaient les mêmes revendications, certes
selon des modalités locales différentes, mais ces différences étaient sans
grande importance quant au fond de cette guerre de classes. Que les
soulèvements soient pris en charge par des tribus rebelles, ou impulsés de
l’extérieur par des magouilleurs à la solde des puissances occidentales ne
change rien au fait que ces soulèvements ont été possibles parce que les
peuples arabes en avaient assez de vivre dans la misère alors que leur
richesses sont exportées à l’étranger et qu’il ne leur reste qu’à
s’expatrier pour survivre.
RENVERSER LE POUVOIR D’ÉTAT
Comme chacun a pu l’observer, ces soulèvements spontanés, ou impulsés en
profitant du mécontentement local évident, sont des manifestations de la
conscience de classe en soi des ouvriers, des chômeurs et des populations
locales. Ces révoltes n’ont pas besoin d’organisation révolutionnaire pour
être déclenchées et pour entraîner des manifestations de masse très
importantes. Spontanément, les masses populaires savent mener ces luttes
sur le front économique (manger, pouvoir d’achat, logement, emploi) mais
ces révoltes s’essoufflent rapidement et ne peuvent mener qu’au cul de sac
car ces révoltes posent rapidement la question du pouvoir d’État,
c’est-à-dire la question de la révolution de classe.
Que l’État arabe soit entre les mains de Ben Ali, ou un mois plus tard
entre les mains des coéquipiers de Ben Ali, ou encore entre les mains de
l’armée de Moubarak (sans Moubarak), ou bien entre les mains des
ex-ministres de Kadhafi et d’ex-militants d’Al Qaida, ou des successeurs de
Assad, ou de Saleh, il demeure un État bourgeois dont la mission est de
maintenir le peuple dans les conditions de l’exploitation impérialiste
actuelle quitte si les opposants et candidats à la succession réussissent à
désorienter le mouvement populaire et à l’entraîner vers la revendication
pour obtenir des élections « libres et démocratiques », à leur accorder le
privilège de choisir leur garde-chiourme.
L’important pour les puissances étrangères étant que la structure d’État,
la structure de pouvoir, la structure de répression militaire et la
structure économique d’exploitation des peuples, du capital, de la plus
value et des richesses nationales arabes demeurent intacte au service de
l’impérialisme.
De toute façon comme nous le verrons bientôt en Tunisie, en Égypte, en
Libye et au Yémen, il sera toujours temps, une fois tous ces gens calmés et
retournés croupir dans leurs logements insalubres, ou chômer sous les
ponts, ou picorer leurs aliments trop chers dans leurs bidonvilles et
planifier leur immigration vers le nord hors de cet enfer, il sera toujours
temps, disions-nous, de leur retirer cette concession « démocratique » bien
théorique. Pire, si une fraction de la bourgeoise locale soutenue par les
pays intégristes du Golfe Persique joue correctement ses cartes, les
populations arabes désemparées, sans direction révolutionnaire et sans
organisation révolutionnaire, pourraient bien en venir à voter pour la mise
au pouvoir de ces intégristes qui savent hurler avec les loups et se poser
en « opposants » de l’Occident exploiteur et honni.
La boucle se referme ici sur les prétendus amis des peuples arabes, qui
auront réussi tout en scandant du côté gauche de la bouche : « À BAS LE
CAPITALISME » à liquider le soulèvement populaire arabe anti-impérialiste
au cri de : « RÉFORMONS LE CAPITALISME AVANT QU’IL NE S’EFFONDRE » afin de
diriger ces mouvements vers la voix d’évitement pseudo démocratique en
contrepartie de l’illusoire privilège de choisir son dictateur au scrutin
secret ou pire vers le cul de sac de la dictature militaire fasciste comme
au Chili de Pinochet.
La démocratie populaire véritable en pays arabes requiert que sur le front
politique ces peuples renversent et détruisent la structure Étatique
capitaliste qui les opprime et sur le front économique qu’ils renversent le
système économique d’exploitation qui les écrase en leur faisant subir les
contrecoups des crises impérialistes successives. Où se trouve donc
l’avant-garde pour diriger ce mouvement ?
________________________________
La semaine prochaine «COMMENT SAUVER LE CAPITALISME EN OCCIDENT»

-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé