Réduire les seuils d’immigration ? Oui.

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«Il s’agit seulement d’ajuster les seuils d’intégration en fonction de nos capacités réelles d’intégration. Et c’est urgent.»

Le gouvernement Marois annonce qu’il réduira les seuils d’immigration. Ils sont actuellement à 55 000. Il veut les ramener autour de 50 000. C’est une excellente idée, même s’il s’agit d’une mesure minimale, plus symbolique qu’autre chose. Il faudrait être plus ambitieux. Mais l’essentiel est là. Un tabou vient de sauter : celui du toujours plus. Le gouvernement envoie un signal : on peut légitimement réduire les seuils immigration.
Espérons une chose: que le débat soit serein. Qu’il se passe des habituelles accusations de xénophobie. Pour s’être opposé à l’augmentation des seuils d’immigration en 2008, l’ADQ de Mario Dumont s’est fait taxer de lepénisme! Elle n’avait même pas proposé de les réduire! Autrement dit, il fallait être favorable à une hausse perpétuelle des seuils d’immigration ou consentir à se faire classer à l’extrême droite. C’était du grand délire.
INTÉGRATION
Mais la réflexion a évolué depuis quelques années. Au printemps 2010, le Vérificateur général a sonné l’alarme. Le Québec ne tiendrait pas compte de ses capacités réelles d’intégration. En 2011, Benoît Dubreuil et Guillaume Marois ont aussi publié un livre majeur, Le remède imaginaire, démontrant que l’immigration n’était pas la solution miracle pour l’économie ou contrer le vieillissement de la population. En 2013, Tania Longré, une enseignante en francisation, a raconté aussi, dans Québec cherche Québécois, les nombreux ratés de l’intégration.
Intégration: c’est le mot le plus important. Au Québec, l’intégration des immigrants ne fonctionne pas vraiment. Mais pour éviter de le reconnaître, on propose une définition toujours plus minimaliste de l’intégration. On l’a complètement détaché de toute forme d’identification culturelle à la majorité francophone. Comme si le Québec n’était plus une culture, une histoire, une langue, des habitudes de vie, mais simplement un territoire administratif indifférent à la culture qui s’y exprime.
Le contexte global est défavorable à l’intégration. Avec la révolution technologique, il est aisé de demeurer mentalement dans son pays d’origine. Et les sociétés occidentales ont perdu confiance en leur identité. Elles se sentent coupables de la poser comme norme aux immigrants. Plus largement, l’ultra-individualisme, radicalisé par les chartes de droits, déstructure toutes les identités collectives. C’est aussi bêtement une question de nombre: à Montréal, nous essayons d’intégrer des immigrants avec d’autres immigrants déjà mal intégrés.
L’ÉTAT SABOTEUR
L’État fédéral, quant à lui, sabote l’intégration des immigrants à la nation québécoise. Il conteste l’importance du français en le mettant sur le même pied que l’anglais. Il pousse chacun au repli dans sa culture d’origine avec son multiculturalisme. Non seulement il ne travaille pas à l’intégration des immigrants: il transforme le désir de ne pas s’intégrer en «droit fondamental» que la société d’accueil doit «accommoder raisonnablement».
Il ne s’agit évidemment pas de diaboliser les immigrants. Mais justement, personne ne fait cela. Et personne ne fantasme sur je ne sais quelle fermeture des frontières. Il s’agit seulement d’ajuster les seuils d’intégration en fonction de nos capacités réelles d’intégration. Et c’est urgent.


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