Bombardements de Gaza

Quitte ou double

Gaza: l'horreur de l'agression israélienne

L'offensive menée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza s'avère d'ores et déjà la plus massive, la plus ample jamais observée depuis... 40 ans! Le but? Décimer le Hamas pour mieux reconquérir la force de persuasion perdue dans la campagne désastreuse de 2006 au Liban. Et ce, au risque d'accomplir un prodige étrange: favoriser le rapprochement des chiites et des sunnites à la vitesse grand V, pour le bénéfice éventuel, il va sans dire, de l'Iran.
La somme des objectifs politiques des acteurs en présence est telle que le conflit israélo-palestinien est plus que jamais à l'image du billard à trois bandes. Car contrairement à la situation qui prévalait il y a encore une dizaine d'années, les autorités palestiniennes et israéliennes évoluent désormais au rythme de dissensions internes qui peinent à cacher la force d'intérêts particuliers. Là où il y avait cohésion plus ou moins solide, il est vrai, d'un côté comme de l'autre, à l'époque par exemple de Yasser Arafat et de Golda Meir, il n'y a aujourd'hui que dissemblances, disparités. Bref, c'est le règne de l'hétérogénéité, avec tout ce que cela suppose d'extension comme de prolongation de l'état de guerre.
Prenons le gouvernement du premier ministre Ehoud Olmert. La crédibilité du successeur d'Ariel Sharon auprès de la population israélienne est faible, très faible. Entre les scandales financiers dans lesquels il a trempé et le revers énorme rencontré au Liban, Olmert n'a d'ailleurs pas eu d'autre choix que de mettre une croix sur sa candidature lors des législatives qui se tiendront en... février prochain. Soit un mois à peine après l'installation de... Barack Obama à la Maison-Blanche.
Les prétendants au poste s'appellent Tzipi Livni, actuelle ministre des Affaires étrangères, Ehoud Barak, actuel ministre de la Défense, chef du Parti travailliste et principal responsable de l'échec au Liban, ainsi que le faucon Benjamin Netanyahou, chef du Likoud et ex-premier ministre. Dans les sondages, ce dernier devance Livni, qui devance Barak. Et alors? Tout un chacun chuchote que Barak était décidé depuis longtemps à réparer les erreurs qu'il avait commises au Liban et à redorer évidemment son blason à la première occasion.
Du côté palestinien, la principale victime de l'offensive israélienne, hormis les personnes tuées et blessées à Gaza, s'appelle Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne qui gère la Cisjordanie, et à travers lui le Fatah au complet. On imagine aisément que les bombardements en cours ont réduit son influence à trois fois rien pour la bonne et simple raison qu'il menait encore et toujours des négociations politiques avec Israël. Toujours est-il que des centaines de sunnites sont descendus dans les rues de la Ramallah, principale ville de la Cisjordanie, pour réclamer un rapprochement immédiat avec le Hamas, que tout le monde sait armé et instrumentalisé par l'Iran chiite. Bref, c'est à se demander si les semaines d'Abbas à la tête de l'Autorité ne sont pas comptées.
Autre victime indirecte de cet énième épisode d'une histoire tragique: Hosni Moubarak. Il est remarquable de souligner que le guide suprême iranien Ali Khamenei, le chef suprême des chiites, ainsi que le dirigeant du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah ont mis en cause nommément le président égyptien pour son rôle d'intermédiaire entre Israéliens et Palestiniens. Ce faisant, lors des manifestations tenues un peu partout dans le monde arabe, ils ont favorisé, aiguisé la critique à l'endroit de Moubarak. Bonjour les dégâts!
Cela étant, le déclenchement de l'opération militaire des derniers jours révèle peut-être bien un pari de la part du gouvernement israélien. Lequel? Chambouler la hiérarchisation des priorités arrêtée par la prochaine administration américaine. Voici de quoi il s'agit: des vétérans de l'ère Clinton, des politiciens et diplomates qui connaissent ce dossier sur le bout des doigts en sont arrivés à la conclusion que les luttes internes, tant chez les Israéliens que chez les Palestiniens, sont si vives qu'elles interdisent à toutes fins utiles un règlement négocié à court terme.
De fait, ces experts très proches d'Obama assurent que la priorité de la politique américaine dans cette région du monde devrait être accordée à des pourparlers avec l'Iran, suivis d'un accord entre Israël et la Syrie devant une ronde de discussions consacrées à Israël-Palestine. Ce classement, les responsables israéliens souhaiteraient bien le modifier en passant par Gaza.


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