Qui sont les milliardaires derrière les Tea Parties?

Géopolitique — médiamensonges des élites


On connaît maintenant Glenn Beck, l’animateur de Fox News qui a réussi samedi à rassembler plus de 100 000 manifestants à Washington pour « restaurer l’honneur » de l’Amérique. Beck n’est que millionnaire encore, mais il est évident que son engagement politique est aussi… un business. Au tout début de la manifestation samedi, il a invité tous les participants à sortir leurs téléphones portables pour faire chacun un don de 10 dollars à une petite fondation basée en Floride, la « Special Operations Warrior Foundation », qui aide les enfants de soldats tués au combat. Et dans la foule samedi, autour de nous, on a pu voir les manifestants sortir leurs portables comme un seul homme pour faire le don demandé par leur messie. Glenn Beck affirme avoir ainsi levé plus de 5 millions de dollars pour cette fondation. Une partie de l’argent servira à couvrir les frais d’organisation du meeting, a-t-il indiqué, mais sans préciser combien profitera bien aux enfants de soldats...
Comme le rappelle Frank Rich dans le New York Times, au-dessus de Glenn Beck, il y a bien sûr Rupert Murdoch, le créateur de Fox News, machine de guerre maintenant bien connue aussi contre l’administration Obama. Mais derrière le mouvement « populaire » et « basique » des Tea Parties, il y a aussi les frères Koch, comme le montre une captivante enquête du New Yorker publiée cette semaine. David et Charles Koch, aujourd’hui âgés de 70 et 74 ans, sont les deux milliardaires qui ont créé et qui financent le groupe « Americans for Prosperity » dont on peut voir les militants de plus en plus nombreux à chaque Tea Party (samedi encore dans la manifestation de Glenn Beck, on les repérait facilement à leurs T-shirts qui portent l’abréviation AFP –chaque fois en les voyant, j’ai un sursaut cardiaque en pensant à mes amis de la « vraie » AFP, l’Agence France Presse).
Créé en 2004, Americans for Prosperity est à l’origine de nombreuses manifestations contre l’administration Obama, rassemblements qu’elle appelait à l’origine des « Porkulus » avant de se rallier à l’étiquette « Tea Party ». Americans for Prosperity fournit aux Tea Parties arguments ou orateurs, décrit Jane Mayer, du New Yorker, qui a enquêté sur les frères Koch. Un de ses leitmotiv est que l’administration Obama veut imposer le « socialisme » aux Etats-Unis, mais dans le détail, l'organisation se consacre aussi à dénoncer la réforme de l'assurance maladie ou le projet de législation sur le changement climatique. Les frères Koch tirent une bonne partie de leur richesse de l’industrie du pétrole (raffineries et pipelines) et financent généreusement lobbyistes et think tanks chargés de remettre en doute le changement climatique.
Avant de s’engager ainsi, par fondations et think tanks interposés, contre la présidence Obama, Charles et David Koch avaient déjà une longue histoire d’engagement politique conservateur et libertarien. Leur père, Fred Koch, fut l’un des membres fondateurs de la John Birch Society… qui déjà soupçonnait le président Dwight Eisenhower d’être un… agent communiste. En 1980, David et Charles Koch avaient financé et participé à la campagne du candidat libertarien Ed Clark, qui se présentait à la droite de Reagan… Son programme demandait l’abolition du FBI, de la CIA, de la Sécurité Sociale ou du contrôle des armes… « Le gouvernement aurait été réduit à une seule fonction : protéger les droits individuels » résume Jane Mayer. Le candidat libertarien n’avait alors remporté qu’1% des voix, confirmant par là aux frères Koch qu'il valait mieux promouvoir leurs idées indirectement, par le biais de "laboratoires d'idées". En 1977, ils avaient déjà lancé le Cato Institute. Dans les années 1980, ils ont financé la création du Mercatus Center, basé à l’université George Mason. En 1984 ils ont créé le Citizens for a Sound Economy, qui se voulait déjà un mouvement « grassroots » et qui a mené la vie dure à l’administration Clinton dans les années 1990, avec des manifestations contre les impôts.
Les frères Koch financent tant d'organisations et campagnes diverses qu’on appelle leur réseau « Kochtopus », rapporte le New Yorker. Au total, ils ont déjà donné plus de 100 millions de dollars aux causes de droite… qui sont aussi souvent celles de leurs entreprises, résume le magazine. Parmi les opposants aux Tea Parties, cela commence à se savoir : « Glenn Beck et tous les simples gens qui le suivent ne font que servir les intérêts de la grande industrie » nous disaient de nombreux critiques, écoeurés ce week-end à Washington. Mais les « simples gens » en question refusent obstinément de voir cette évidence : « Ceux qui nous manipulent, c’est le gouvernement, avec Obama à sa tête, répondent-ils. Et s’il y a des riches qui nous soutiennent, tant mieux. C’est la grandeur de l’Amérique que de permettre à chacun de faire fortune… »


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