Qui sommes-nous?

Toujours en quête d’une réponse

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Tribune libre

Voici ce qu'écrit Denise Bombardier dans le JdM le 26 nov. 2022:


 


« Les Québécois ne seraient donc qu’un amalgame de peuples, de races et de marginalités diverses. Faudra-t-il alors présenter un projet de loi à l’Assemblée nationale pour désigner les « sans nom » que nous serions devenus ? »


 


En plus :


La loi 99 adoptée par le PQ en 1999 reconnaît : 1 communauté d'expression anglaise et 11 Premières nations :


 


LOI SUR L’EXERCICE DES DROITS FONDAMENTAUX ET DES PÉROGATIVES  DU PEUPLE QUÉBÉCOIS ET DE L’ÉTAT DU QUÉBEC


« CONSIDÉRANT l’existence au sein du Québec des nations abénaquise, algonquine, attikamek, crie, huronne, innue, malécite, micmaque, mohawk, naskapi et inuit et les principes associés à cette reconnaissance énoncés dans la résolution du 20 mars 1985 de l’Assemblée nationale, notamment leur droit à l’autonomie au sein du Québec;


CONSIDÉRANT l’existence d’une communauté québécoise d’expression anglaise jouissant de droits consacrés;


CONSIDÉRANT que le Québec reconnaît l’apport des Québécoises et des Québécois de toute origine à son développement; »


https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/lc/E-20.2


 


La première considération est de savoir qui sommes-nous?


Sommes-nous des Canadiens, comme nous nous sommes nommés pendant plus de 280 ans?


Sommes-nous des néo-français? Sommes-nous des Français d’Amérique?


Sommes-nous des Canadiens français une désignation qui a duré qu’environ 85 ans?


Sommes-nous des Québécois? Nommé comme tel depuis les années ’60, donc environ 60 ans?


Quelle est la bonne définition? Qui va trancher? Qui va choisir notre désignation?


 


Nous sommes ici, mais en même temps nous ne le sommes pas.


Qui est Québécois? La réponse classique et facile est : les gens qui habitent le Québec. Mais ceci est faux. 


J’ai un ami qui est un «de souche » mais lui a décidé il y a plus de 25 ans de quitter le climat dur du Québec pour s’installer dans les Caraïbes. Il a surtout habité à Cuba et au El Salvador. Est-il pour autant Cubain? Est-il Salvadorien? Et bien non, car dans son cœur il est encore…Québécois. Il a choisi d’être Québécois.


Et pourtant il n’a pas habité ici depuis tout ce temps. 


Être d’ici est un choix. On choisit d’être Québécois; on ne le devient pas parce que on habite sur le territoire québécois. On peut tout aussi bien demeurer Québécois même en vivant à l’étranger. Tout comme un Américain vivant hors-frontière, ou un Français faisant de même. C’est un choix.


Prenons un anglophone du territoire québécois, il est, avant tout, Canadien. Tout comme font la majorité des immigrants, ils choisissent le Canada. Ils deviennent des Canadiens. Ils sont des Canadiens habitant sur un territoire qu’on nomme Québec. Une nation, une patrie se désigne à la naissance et/ou par choix. On choisit d’être ce qu’on est. 


Devrait-on se fier sur la race pour nous nommer Canadiens français?


Quel est l’intérêt de redevenir ceci en regardant le si peu que nous avons accompli, le temps que nous utilisons ce nominatif basé sur la race? D’ailleurs soyons clair, si nous voulons postuler pour devenir une nation il faut au minimum ne pas utiliser des termes que nous ne somme plus : nous ne sommes plus des Français et nous ne sommes plus des Canadiens. Inutile de remuer le couteau dans la plaie. N'oublions pas si nous jouons la carte de l'ethnie, les autres aussi vont jouer cette carte et à la longue, on perd. D’ailleurs nous avons joué à ce jeu dans le passé lors de la grande gloire du Canadien français et nous avons perdu près d’un million de concitoyens. Nous avons de nouveau tenté de jouer à ce jeu dans les années ’50 et ’60 et nous avons perdu les Juifs; de nouveau en ’70 et nous avons perdu les Italiens. Passons à la prochaine étape en ayant une désignation correcte de qui nous sommes.On choisit notre désignation. Prenez exemple les Américains, en logique pur, il devrait se nommer des Unitedstatians. Et bien non. Ils ont choisi de se nommer d’après le nom du continent.


Tout comme nous d’ailleurs, nous pourrions nous nommer des Canadiens car c’est bien nous les Canadiens d’origine, avant de se faire tasser de côté par les Canadians.


Depuis plus de 60 ans nous avons fait le choix collectif de se nommer Québécois, parce que c’est d’abord géographique, certes, MAIS surtout par une désignation commune de notre nation, de notre peuple, de notre langue, de qui nous sommes, un point de ralliement plutôt qu’une division ethnique et différente des Acadiens et des Franco-canadiens. Être les représentants de TOUS les francophones du Canada - cette mission est terminée.


Quand on parle du Québécois, partout dans le monde, on reconnaît son existence propre et distinctif. Quand, et ceci se produit trop peu, un allophone du Québec, voyage à l’étranger et prend la peine de dire qu’il vient du Québec, alors il a choisi sa patrie. Il peut aussi dire qu’il vient du Canada, et il choisit sa désignation pour les valeurs qu’il a le plus dans son cœur.


 


Alors sommes-nous prêt maintenant à devenir une nation?



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1 commentaire

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    2 décembre 2022

    La réponse à ce flou sur notre identité doit être statutaire.


    Pour en finir avec la scène d'anthologie d'Elvis Gratton dans l'avion... il faut doter le Québec d'une constitution de l'État du Québec pour préciser les critères des principes d'unité politique sur le territoire national.


    Vous avez raison de mentionné que la géographie est à prendre en compte, car l'État est d'abord territorial. Comme il s'agit de l'instrument de puissance de notre nation, nous ne pouvons nous définir comme un groupe ethnique, ce qui ouvrirait la porte à la partition de notre territoire.


    La réponse à ce flou sur notre identité doit être statutaire. Ce qui nous ramène à notre première constitution : l'édit de création du Conseil souverain de 1663.


    Ce statut a fait de notre territoire une province royale française en Amérique. Il s'agit du substrat de notre identité. Le sort des armes n'y change rien dans la mesure où on affirme de manière statutaire dans une constitution de l'État du Québec que nous sommes des Français d'Amérique (et non comme le statut la loi 99 de l'an 2000, une « majorité francophone »).


    Et notre statut politique de nation repose sur les assises de l'État du Québec.


    Le seul levier qui nous donne une prise sur notre destin. (cf. Daniel Johnson)