À la suite de discussions plus ou moins formelles avec mon ami marxiste révolutionnaire (trotskiste), Bernard Rioux, je me suis senti une responsabilité de préciser par écrit l’option indépendantiste telle que nous voudrions l’exprimer dans notre programme politique, au parti communiste du Québec (www.pcq.qc.ca).
Pour nous, il ne s’agit pas de trancher entre sociaux-démocrates plus à droite, comme au Parti Québécois (PQ), ou sociaux-démocrates plus de gauche, comme chez Québec solidaire.
Nous nous sommes toujours sentis plus en accord avec bon nombre de positions de Québec solidaire, sans pour autant endosser tout le temps ce qu'ils pouvaient dire. Cela ne nous empêche de les critiquer à l'occasion. Nous nous positionnons à partir de ce à quoi nous nous identifions nous-mêmes, en tant qu'organisation distincte. C'est ainsi que nous voulons contribuer aux débats.
Peut-être que notre position pourra influencer ces discussions, en définissant nous-mêmes notre propre orientation ainsi que notre propre stratégie pour arriver à l’indépendance du Québec. C'est notre espoir.
Notre vision est d’abord, et bien entendu, politique. Il s’agit d’assumer notre destin comme nation corsetée. On nous a imposé cette relation. Nous nous refusons à nous associer à une autre nation, celle du Canada-anglais, sur une base dominant-dominé; nous refusons tout autant le fait de se faire imposer une constitution pour laquelle nous ne fummes jamais cionsultées. Ce refus s'appuie tout autant sur l'expérience des dernières années qui a vu la montée d'un militarisme avec lequel nous n'avons rien à voir et qui pourrait bien se retourner contre nous plus tard.
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Pour certains, c’est un scandale innommable que nous considérions le Parti Québécois comme un parti social-démocrate et indépendantiste. À ce sujet il serait bien de considérer les multiples réformes, souvent à l’avantage des femmes, adoptées par le Parti Québécois et rapportées par le SPQ-Libre sur leur site WEB en réponse aux questionnements de Pierre Karl Péladeau sur la social-démocratie depuis les années 70. Voir à ce sujet les explications données dans la version électronique de l'aut'journal de l'été. C’est une preuve évidente d’un fort courant qui s’identifie à la social-démocratie, même quand le Parti Québécois est au pouvoir.
Comme je le disais au début, l’affirmation sociale-démocrate de gauche de Québec solidaire devrait rendre plus modestes ceux qui ont engagé la bataille contre un Parti Québécois social-démocrate jusqu’à sa disparition. Déjà, on a vu s’acharner contre le socialisme, ou des régimes sociaux-démocrates, des forces qui, prétextant les réformer, ont tout simplement ouvert la voie à un retour du capitalisme et son penchant néolibéral bien réel, lui, que l’on reconnaît chez les Libéraux. Je le sais pour en avoir été … avec regret.
La lutte ouverte que mènent plusieurs gens de gauche contre le Parti Québécois ne fait en rien avancer la cause de l’indépendance puisqu’elle s’attaque, à la manière des marxistes-léninistes d'une autre époque dont nous devrions tous apprendre, à toute une tradition bien québécoise d’une lutte pour ce projet.
Québec solidaire ne peut prétendre réaliser l’indépendance tout seul dans son petit coin, de manière sectaire.
Le fait qu'il puisse exister une forme de sectarisme de droite, de la part de plusieurs membres du Parti Québécois, ne devrait pas, en même temps, servir d'excuse à une autre forme de sectarisme, celle de gauche. J'aimerais rappeler que c'est bien plutôt par la lutte contre de telles formes de sectarisme qu'a pu d'abord voir émerger l'Union des Forces Progressistes (UFP), puis Québec solidaire.
La négligence à éduquer nos membres sur cette question du sectarisme à l’intérieur même des forces de gauche, retarde indûment l’avènement de ce projet que des générations avant nous ont porté. Y compris avec une certaine teinte politique de droite.
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Québec solidaire ne met pas de condition à la réalisation d’un projet politique féministe, écologiste ou altermondialiste. Toutes les bonnes volontés sont appelées à y contribuer. Et nous nous en félicitons. Pourquoi en mettre alors vis-à-vis du projet d'indépendance ? Pourquoi donc exclure encore sur la base que les forces fédéralistes ont eu gain de cause dans deux référendums ? Perpétuer une telle attitude envers le Parti Québécois néglige nos propres limites à mousser la cause indépendantiste : nous avons nos preuves à faire comme novices sur le sujet. Et un sectarisme infantile n’aide pas.
Nous attachons nous-mêmes une très grande importance à ce projet parce qu’il est le préalable au socialisme comme conquête démocratique prochaine des travailleurs québécois.
Un Québec indépendant mettrait à portée de main une autre conquête démocratique fondamentale pour ses ouvriers, le socialisme, lié à leur propre émancipation par la conquête suivante, et sans précédant de leur droit démocratiquement affirmé, d’exercer le pouvoir dans des institutions bien plus démocratiques pour eux que ce qu’on nous présente abusivement comme le nec plus ultra de la démocratie : une démocratie libérale que les députés solidaires essaient à contre courant de faire évoluer dans le sens des intérêts populaires.
Toute une partie de notre programme s’applique à expliquer comment nous concevons le « pouvoir ouvrier », cette forme que prend le socialisme quand « cette idée se répand parmi les masses pour y trouver la force matérielle de sa réalisation ».
Et encore, l’indépendance du Québec mettrait à mal un des impérialismes mondiaux, encore faible, avouons-le, mais parmi les plus réactionnaire de la planète. Je vous épargne la liste des positions arriérées d’un Canada qui se ridiculise sur la scène internationale ou locale comme pays satellite dont même les États-Unis d’Obama ne sont pas tout à fait sûrs de bien vouloir considérer comme tel.
Presque quotidiennement, le Canada se démarque de bien des politiques élaborées au Québec. Tout contredit nos aspirations nationales. Cette contradiction s’affiche même, et surtout pourrions-nous dire, avec un mouvement ouvrier, encore dirigé par des sociaux-démocrates, contre la voie de sortie d’un tel carcan caractérisé par une forme de capitalisme-impérialisme dont les objectifs avoués, mais sans grande chance de succès, est une emprise sur ce monde que justement les autres nations indépendantes sont en train de renouveler sous sa forme multipolaire.
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Il n’y a pas de doute pour nous qu’un socialisme québécois, inédit dans un pays développé comme le nôtre, apporterait une notable contribution à une humanité où les différentes nations cherchent la liberté de manœuvre pour elles-mêmes dans le sens du développement et de l’indépendance des nations dominantes.
Des structures de pouvoirs bouleversées au sein d’un impérialisme, lui-même satellite des États-Unis, constitueraient une tentative de donner au socialisme un visage innovateur et en même temps capable de se lier de façon opportune et progressiste à toutes les autres nations représentées à l’ONU. On l’a déjà dit, mais qui mène aujourd’hui une lutte conséquente autour de cet objectif ?
On ne peut donc, sans en handicaper l’évolution, remettre à plus tard l’indépendance du Québec qui serait grandement favorisée par l’unité des souverainistes et par l’arrivée à l’Assemblée Nationale d’une majorité de députés indépendantistes.
On ne peut non plus retarder les débats et les initiatives autour de l’avènement d’un pouvoir, le socialisme, qui garantirait, et au Québec, et à ses salariés, la pleine maîtrise de leur destin et ainsi la capacité de devenir les « fossoyeurs du capitalisme ».
Dans une société où « les idées dominantes sont les idées des classes dominantes », il ne saurait être question que des militants, qui se reconnaissent dans les valeurs de gauche, renoncent, et à l’éducation du plus grand nombre devant toutes les exigences qu’imposent l’objectif du recul de ces idées et politiques réactionnaires, et dans une mobilisation quotidienne des gens en faveur de l’unité du combat pour la libération de notre nation.
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