Quel rôle pour Option nationale ?

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Le coeur à la bonne place mais la tête dans les nuages





Option nationale est en congrès. Je ne suis pas de ceux qui s'émerveillent devant ce parti et je m'amuse de la prétention de plusieurs de ses membres à représenter la seule alternative souverainiste dans la politique québécoise. C'est risible. Et quoi qu’on en dise, ON ne peut pas parler d’égal à égal avec le PQ. Le PQ demeure le navire amiral de toute éventuelle coalition indépendantiste et il faut se méfier de cette tentation, trop souvent drapée derrière une vieille phrase de René Lévesque, qui veut qu’on doive jeter à terre les partis à chaque génération pour rebrasser le jeu politique. Car les partis ne sont pas que des organisations servant à conquérir le pouvoir : ils incarnent en fait des traditions politiques, qui doivent se renouveler, évidemment, mais qui doivent se garder du mythe de la table rase. Cela ne veut pas dire qu'à l'occasion, il ne faille pas créer du neuf.


Il n'en demeure pas moins qu'on trouve dans ce petit parti, presque groupusculaire, qu’est Option nationale un grand nombre de jeunes militants inspirés et qui s'investissent dans la cause indépendantiste avec une énergie admirable. Sont-ils candides? Probablement. Ils sont néanmoins convaincus de pouvoir jouer un rôle dans la renaissance de l’option souverainiste – ils ne se voient pas seulement, comme tant de vieux militants, par ailleurs absolument honorables et admirables, comme les témoins d’une cause qu’ils ne peuvent renier, mais comme les soldats d’une prochaine et inévitable offensive indépendantiste devant aboutir à la fondation du pays. C’était, du moins, l’avis de Jacques Parizeau qui avait adopté la jeune formation, d'autant qu'il se sentait intellectuellement très proche de son fondateur, Jean-Martin Aussant.


Je note qu’ON, encore aujourd’hui, attire des jeunes militants de qualité – d’une qualité remarquable, en fait. Ils entrent dans une formation politique qui ne peut rien leur offrir mais qui répond à une aspiration profonde : le désir de servir un idéal avec le sentiment que tout est possible. Cela clarifie un peu le rôle d’ON dans une prochaine coalition souverainiste, si coalition souverainiste il y a – rejoindre la jeune génération, qui pour différentes raisons, pas toutes valables, regarde le PQ comme un parti vieilli et vaincu. ON peut attirer dans le mouvement souverainiste de jeunes hommes et de jeunes femmes qui sinon, iraient ailleurs ou resteraient chez eux. Ils sont quelques milliers. C'est peu, peut-être. Mais c'est immense, en même temps. Ces jeunes militants peuvent reconnecter une partie de la jeune génération à la question nationale.


Je ne dis pas qu’ON sera l’aile jeunesse de la coalition souverainiste si jamais celle-ci parvient à renaître : ce serait réduire sa contribution inutilement, et cela consisterait aussi à réduire la jeune génération à un seul modèle car une bonne partie de la jeunesse est bien plus prosaïque que la joyeuse bande d'ON. Mais sachant qu’en politique, il n’y a pas que des idées, mais aussi des sensibilités, celle d’ON est apparemment capable d’interpeller les jeunes Québécois qui entrent en politique et qui se cherchent un véhicule spécifique. Un véhicule qui ne les enferme pas, par ailleurs, dans une logique du grand refus, ou de la contestation stérile mais qui les intègre, d’une manière nouvelle, quelquefois agaçante, il faut en convenir, mais néanmoins légitime, il faut aussi le reconnaître, à la grande lutte pour l’émancipation nationale.




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