Quebecor présentera ses excuses à Jean Charest

résidences de Jean Charest

par Boivin, Simon
Après le renvoi de deux de ses journalistes, Quebecor démentira publiquement des informations publiées dans trois de ses journaux sur la capacité financière de Jean Charest à s'offrir deux résidences.
"Une honte à la profession." Telle est l'appréciation de Luc Lavoie, vice-président de Quebecor, du travail effectué par le Journal de Sherbrooke dans sa livraison de vendredi dernier.
"On prend quelque chose dans une publication marginale, on ne fait pas la plus élémentaire des vérifications, on publie ça à la une et on illustre avec une photo qui n'est pas la bonne", résume M. Lavoie. Selon lui, il s'agit "d'une des fautes professionnelles journalistiques les plus majeures qu'il nous a été donné de voir ici".
Le Journal de Sherbrooke a fait écho à la thèse du journal souverainiste Le Québécois à l'effet que le chalet de North Hatley de M. Charest lui a été offert par "d'obscurs décideurs fédéralistes". Au-dessus d'une photo qui n'est pas celle du chalet en question, l'article était coiffé du titre Un pont d'or pour Charest ?.
Mardi soir, le journaliste Alain Bérubé et le chef de pupitre Pascal Morin, tous deux non syndiqués, ont été congédiés par téléphone. Une journée après que le Journal de Sherbrooke, comme le Journal de Québec et le Journal de Montréal - qui ont référé au texte controversé - eurent reçu chacun une mise en demeure du premier ministre Charest.
"Ça n'a rien à voir avec le fait que la victime est le premier ministre du Québec, assure M. Lavoie, de Quebecor. Ce qui a été fait est contraire à toutes les règles de déontologie." M. Lavoie n'a pas voulu dire s'il y aurait des conséquences au Journal de Québec et au Journal de Montréal. "Vous verrez les rétractations qui seront publiées", dit-il.
Jean Charest demande non seulement une rétractation publique, mais aussi des excuses, explique l'attaché de presse du premier ministre. "On n'a pas demandé le congédiement des employés, souligne Hugo D'Amours. C'est une décision d'entreprise et ça leur appartient. On n'a pas de commentaire à faire là-dessus."
L'avocat Guy Bertrand, qui représente les intérêts de Patrick Bourgeois, du journal Le Québécois, voit dans les licenciements une forme de censure et d'intimidation. L'attaché de presse de M. Charest réplique qu'il y a une différence entre la critique et la diffamation.
La Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) ne compte pas prendre position dans le dossier. "Ça ne m'apparaît pas être un cas de censure, mais un litige sur la qualité professionnelle de l'article, note Alain Gravel, président de la FPJQ. Je ne veux pas juger du travail de mes collègues, mais quand on lit l'article, c'est beaucoup basé sur des rumeurs et sur une source engagée." Il trouve néanmoins la sanction "un peu grosse" pour les deux journalistes.
sboivin@lesoleil.com


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