Les entreprises manufacturières québécoises doivent réussir le virage 4.0 pour devenir plus compétitives et le gouvernement doit les aider plus adéquatement pour y parvenir, suggère une étude du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal publiée mardi.
Les auteurs de l’étude disent avoir constaté que les manufacturiers ont une dépendance à la demande américaine, une vulnérabilité aux fluctuations du taux de change et un important problème de productivité, alors qu’ils éludent l’enjeu de la compétitivité - qu’ils pourraient atteindre en réussissant l’automatisation intelligente de leurs opérations et l’intégration de nouvelles technologies.
«Le secteur manufacturier a bénéficié d’un contexte particulièrement favorable durant la majeure partie des années 90, peut-on lire dans l’étude. Profitant d’exportations dopées par un taux de change avantageux, les entreprises manufacturières n’ont pas cru bon de se prémunir contre un éventuel choc de taux de change en procédant aux investissements nécessaires pour accroître leur compétitivité.»
Le document souligne que, «selon toute vraisemblance», ces entreprises n’ont pas appris des erreurs du passé étant «encore aujourd’hui tributaires de la valeur du dollar canadien» et, ce, malgré les milliards de dollars investis par Québec ces dix dernières années dans des mesures visant à accélérer la transition numérique.
L’analyse proposée recommande que le gouvernement fasse sa part pour redresser la situation.
«Notre analyse ne révèle pas seulement que les mesures proposées – majoritairement sous forme de crédits d’impôt – n’atteignent pas leurs cibles; elle démontre aussi que le système d’aide au développement économique mis en place par l’État québécois n’est plus en adéquation avec les besoins des entreprises», peut-on lire dans le communiqué accompagnant le rapport du Centre.
Les chercheurs recommandent notamment au gouvernement d’«accorder aux petites entreprises manufacturières une exemption totale de la cotisation au Fonds des services de santé – communément désignée comme la taxe sur la masse salariale». «Plutôt que de chercher à réduire le fardeau fiscal des entreprises qui souscrivent aux conditions des mesures d’aide fiscale qu’il propose, le gouvernement parviendrait ainsi à fournir des liquidités à l’ensemble des petites entreprises de la province pour qu’elles investissent, innovent et se modernisent.»
Une autre recommandation serait que le gouvernement réforme le crédit à l’investissement relatif au matériel de fabrication et de transformation «en ciblant spécifiquement les entreprises manufacturières et les investissements en technologies de pointe, en éliminant le caractère géographique du crédit et en rehaussant les taux».
«Le gouvernement fournirait ainsi un véritable incitatif aux entreprises en éliminant un des principaux obstacles à l’intégration des technologies de pointe: le coût», peut-on dans cette recherche.
Mais la partie ne semble pas gagnée d’avance, soutient le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal, disant avoir constaté, en recoupant les réponses de deux enquêtes de Statistique Canada, «qu’au Québec, les petites entreprises investissent non seulement peu dans les technologies de pointe en raison de leur coût, mais qu’elles ne les jugent pas nécessaires à la poursuite de leurs activités».